Papa Mademba Bitèye, Directeur général : « La Senelec est prête à la production de l’électricité à partir du gaz »

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Le gouvernement se fixe comme ambition de réaliser l’accès universel à l’électricité à l’horizon 2025. Une ambition réalisable selon le directeur général de Senelec, Papa Mademba Bitèye. M. Bitèye revient sur les performances réalisées par cette société nationale depuis 2012 à l’avènement du président Macky Sall. Un triplement des capacités de production de Senelec et la résolution de la disponibilité de l’énergie électrique ont été obtenus durant cette période, sans oublier le désenclavement électrique du pays. Le patron de la Senelec est revenu aussi sur le plan stratégique de Senelec avec « Dolli Sénégal ».

Monsieur le Directeur Général, la vision de Senelec déclinée dans le plan stratégique 2021 – 2025 « Dolli Sénégal » vise à renforcer son cadre d’intervention dans l’économie et pour le développement des systèmes énergétiques. Pouvez-vous revenir sur les performances sociales, financières et économiques réalisées par Senelec sous votre magistère ?

Senelec est une entreprise nationale majeure, dont la mission est le service public de fourniture d’électricité. Ce qui l’engage à se mettre à la hauteur des enjeux de développement économique et social du Sénégal. C’est ce qui donne l’exacte mesure de toute la pertinence de la mise en œuvre du Plan de développement stratégique 2021-2025 baptisé « Dolli Sénégal », dans le but d’accélérer la dynamique d’émergence du Sénégal, qui faut-il le rappeler, repose sur un système électrique fort et robuste. La vision déclinée dans le Plan « Dolli Sénégal », c’est de faire de la Senelec une entreprise performante et innovante, orientée vers des énergies plus propres.

Depuis longtemps, la Senelec est confrontée au double problème de la disponibilité et de la cherté de l’énergie électrique. Avec l’arrivée de son Excellence le Président de la République Macky Sall à la Magistrature suprême, nous avons triplé nos capacités de production et résolu ainsi l’épineuse question de la disponibilité de l’énergie électrique. Ainsi, de 500 MW de capacité installée en 2012, nous en sommes aujourd’hui à 1 689 MW de capacité de production au niveau de nos centrales.

Au niveau du réseau de transport de l’électricité ou « autoroutes de l’électricité », nous sommes passés de 500 km à 2 052 km, consacrant ainsi le désenclavement électrique total du pays, avec un poste haut au niveau de chaque capitale régionale.

Sur le plan financier, la tendance des résultats positifs se maintient avec un résultat net de 39 milliards F CFA en 2021.

Ces performances de Senelec permettent aux autres secteurs de se déployer et  d’engendrer des effets positifs  sur l’environnement socio-économique. J’en veux pour preuves la réalisation des grands projets de l’Etat tels que le Train Express Régional (Ter), la réalisation d’infrastructures modernes qui nécessitent une très bonne qualité de service du réseau électrique, la réduction drastique des incidents du réseau électrique. L’émergence ne saurait donc être envisagée sans au préalable bâtir les fondements d’un secteur électrique fort et résilient.

Mais il faut noter que ces performances de Senelec ont été réalisées grâce à l’appui de l’Etat du Sénégal, mais aussi grâce au soutien des travailleurs, dans un climat social apaisé au sein de l’entreprise.

Le Sénégal s’est fixé pour ambition d’atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici à 2025, quelle est la stratégie déployée par Senelec pour atteindre cet ambitieux objectif ?

L’accès universel à l’électricité à l’horizon 2025 est une ambition réaliste et réalisable de l’Etat du Sénégal, qui se matérialise de façon progressive à travers différentes structures.

Pour la Senelec, la stratégie déployée repose sur la mise en œuvre de plusieurs projets de densification et d’extension des réseaux électriques du Sénégal.

C’est d’abord, le Projet d’appui au secteur de l’électricité (Pase) qui a fait d’énormes réalisations pour le développement des infrastructures de transport et de distribution. Ensuite, il ya  le Projet d’amélioration de l’accès à l’énergie au Sénégal (Padaes) pour 1 010 localités, et le Best qui est un projet régional d’accès à l’électricité de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeo) dont l’objectif est d’électrifier 1000 localités et d’éclairer 97.000 ménages dans les régions de Kaolack, Tamba, Kédougou, Kolda, Sédhiou, Ziguinchor.

Sans oublier le Programme d’appui au développement des énergies renouvelables pour l’accès universel (Padernau) qui concerne   700 localités dans les régions de Matam et Ziguinchor, et enfin   le Pamacel qui entre dans le cadre du Programme de promotion de l’efficacité énergétique et de l’accès à l’énergie pour 424 localités, et les projets d’électrification de Weldy Lamont pour 747 localités.

Il faut noter que le second Compact du Millenium Challenge Account (Mca) prévoit également dans son volet accès, l’électrification de 350 localités dans les zones centre et sud du pays.

Soit un total de 4 231 localités en cours d’électrification par Senelec comparé au 1 658 localités électrifiées en 2012.

Il faut dire que la stratégie a consisté à développer les réseaux de transport et de distribution de sorte à réussir le pari du maillage territorial avec les réseaux de la haute tension, qui couvrent l’intégralité du territoire national. Toutes les régions qui jadis étaient alimentées grâce à des centrales secondaires, bénéficient d’une meilleure qualité de service et d’une bonne disponibilité de l’électricité, grâce à leur intégration dans le périmètre interconnecté de Senelec. Cela facilite l’accès à l’électricité des zones les plus reculées du Sénégal, grâce aux différents projets énoncés en amont.

Dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (Pse), l’Etat du Sénégal a consacré des investissements soutenus dans le sous-secteur de l’électricité. D’énormes progrès ont été d’ailleurs réalisés c’est vrai, avec la mise en œuvre de la politique du mix-énergétique. A ce titre, vous avez inauguré récemment la centrale énergétique de Malicounda. Quels sont les résultats et effets socio-économiques attendus de ce projet d’envergure ?

Le mix énergétique est une initiative pertinente de son Excellence le Président de la République Macky Sall  qui a conduit à des résultats probants. Nous pouvons noter aujourd’hui, la réalisation de plus d’une dizaine de centrales solaires à travers le pays, la construction de la centrale éolienne de Taïba Ndiaye d’une capacité de 158 MW. Je note également la réalisation de réseaux de transport qui permettent de bénéficier de notre quote-part dans les centrales hydro-électriques de l’Omvs et de l’Omvg.

Aujourd’hui le mix énergétique est constitué de 30% d’énergies renouvelables.

Inaugurée par le Président de la République Macky Sall, la centrale électrique de Malicounda, d’une capacité de 120 MW, découle d’une option stratégique permettant d’assurer une production forte et durable d’énergie, indispensable à l’émergence du Sénégal.

Cette centrale est le résultat d’un partenariat public-privé avec une importante nouveauté : l’intégration de Senelec comme actionnaire. D’un coût de 101 milliards, cet ouvrage électrique permet de renforcer la souveraineté énergétique du Sénégal. Au cours de sa réalisation, près de 523 personnes ont été employées sur le site dans sa phase de construction. C’est dire que ce projet a un impact social, aussi bien au niveau de la main-d’œuvre locale, qu’au niveau du développement d’infrastructures sociales de base au titre de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (Rse). Il faut juste rappeler, et c’est important, que la commune de Malicounda a atteint l’accès universel à l’électricité.

Les Sénégalais s’attendent à une baisse du coût de l’électricité grâce notamment à la stratégie Gas two power prônée par les autorités. Senelec est-elle prête pour la conversion de ses centrales thermiques pour leur permettre de pouvoir fonctionner au gaz ?

Senelec est prête à la production de l’électricité à partir du gaz. Un travail d’anticipation a été fait avec la conversion totale et complète de la centrale de Bel Air de 90 MW, la construction en cours de la centrale du Cap des Biches de 350 MW par West African Energy (Wae) qui sera disponible en 2023. Ainsi, toutes les nouvelles centrales de Wae, de Ndar Energy, Mboro, etc. seront à cycle combiné fonctionnant au gaz.

Les coûts de l’électricité sont élevés parce que rien n’est produit localement. Il n’y a que la sueur des travailleurs qui est la contribution locale.  Ainsi, si le gaz et le pétrole domestiques nous permettent de bénéficier encore d’un tarif spécifique, pour le service public de l’électricité, cela va avoir des impacts directs sur la baisse des coûts de production et par conséquent les tarifs de l’électricité.

Toutefois, il faut savoir que le coût de production c’est l’ensemble des investissements en amont qui sont intégrés pour sortir le coût du kilowatt heure. Cela veut dire que si on considère les capacités de production de Senelec, la qualité des équipements de production d’électricité à partir du gaz, si on a les meilleurs prix pour le combustible, le consommateur final   en serait le principal bénéficiaire.

Vous assurez actuellement la présidence de l’Association des Sociétés électricité d’Afrique (Asea). Pouvez-vous revenir sur les missions de cette association ? Quels sont les défis à relever ? Quelle est votre feuille de route ?

Le défi principal que je ne cesse de rappeler en tant que président en exercice de l’Association des Sociétés d’Electricité d’Afrique (Asea), c’est de permettre aux 600 millions d’Africains qui n’ont pas encore accès à l’électricité, de bénéficier de l’énergie de qualité à un coût accessible et abordable. L’Asea doit être le vecteur de la réalisation de l’accès à l’électricité pour tous les peuples d’Afrique.

Nous devons ainsi rassembler les sociétés africaines d’électricité et les différentes parties prenantes autour de l’essentiel, afin de promouvoir le développement et l’intégration du secteur électrique africain par l’interconnexion des réseaux électriques. Il est important de favoriser l’échange d’expériences et de savoir-faire, ainsi que l’exploitation en commun des ressources énergétiques sur la base d’une approche gagnant-gagnant pour tous les membres.

Pour cela, nous devons travailler en étroite collaboration avec l’Union Africaine et les autres institutions spécialisées sur les projets électriques. C’est ainsi qu’on pourra asseoir un réseau électrique africain interconnecté pouvant permettre la circulation de l’électricité du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest et au Centre.

Pour terminer, quels sont les grands chantiers et projets futurs de la Senelec?

Senelec est à la croisée des chemins avec l’exploitation imminente du pétrole et du gaz, qui devrait impacter le coût de production de l’électricité et même les tarifs de l’électricité au consommateur final. Nous avons à cœur de réussir le pari de la transition énergétique pour davantage renforcer le mix énergétique.

Aujourd’hui, on est à 30% de production d’électricité par les sources renouvelables, avec 9% d’hydro-électricité et 21% de solaire et d’éolien.

Nous sommes en train de négocier la biomasse pour compléter notre bouquet énergétique. La structure du parc de production de Senelec est de 1689 MW de capacité installée et elle devrait se renforcer davantage avec l’achèvement des travaux de construction de centrales à gaz en cours.

A la suite de l’achèvement du maillage territorial des réseaux de la haute tension et le renforcement du mix énergétique, nous sommes bien embarqués pour parvenir à l’accès universel à l’électricité à l’horizon 2025. C’est un pari que nous devons réussir pour réduire les disparités sociales, favoriser l’équité territoriale et le développement des pôles régionaux tel que prôné par la plus haute autorité son Excellence le président Macky Sall.

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