Surpeuplement des prisons : La grande part des longues détentions
Lors de la traditionnelle conférence des chefs de parquets du Sénégal tenue hier à l’hôtel Radisson Blu, les longues détentions, les mandats de dépôt, le terrorisme, la cybercriminalité et les trafics de migrants ont été à l’ordre du jour.
Les chefs de parquets ( Général et de la République) ont tenu leur traditionnelle conférence annuelle hier. Le Garde des Sceaux, Ismaîla Madior Fall de qui a présidé la rencontre, a évoqué la « recrudescence de nouvelles formes de criminalité » face à des attentes de plus en plus nombreuses des populations et pour le respect des engagements internationaux. Pour le ministre de la justice, une politique pénale dépend de «la capacité d’adaptation et de résilience des acteurs qui l’animent». Ici , les acteurs concernés sont les chefs de parquet qui sont au cœur de la politique pénale à travers leur prérogative de mise en mouvement de l’action publique. Selon le Garde des Sceaux, le surpeuplement des prisons est une problématique. Inutile de dire comme l’a reconnu le ministre, qu’il est la résultante des longues détentions et des mandats de dépôts systématiques.
Les détenus s’entassent comme dans les cellules
Les longues détentions au Sénégal qui sont décriées par tous, sont la principale cause de la situation explosive de surpeuplement des prisons du pays. De Diouma Ngom à Ousseynou Diop en passant par Imam Ndao, nombreux sont les individus qui ont été détenus pendant des années pour être ensuite, déclarés innocents au terme de leur procès.
Les longues détentions rentrent dans le cadre du fonctionnement défectueux du service public de la justice. Ils sont nombreux des individus à être détenus pendant des années dans les prisons du pays puis libérés sans aucune forme de procès. Ces personnes qui sont victimes de longues détentions, rentrent chez elles au terme de leur jugement sans savoir pour quel crime ou délit, ils ont été retenus pendant tout ce temps en milieu carcéral. Outre le tort qui leur est causé, ces longues détentions sont la principale cause du surpeuplement des prisons du Sénégal. Pour rappel, après avoir purgé 7 ans de prison, Diouma Ngom qui a été arrêté lors du démantèlement de la bande à Alex, a été purement et simplement acquitté.
7 ans de prison pour une relaxe
Avec ce jugement, il aura passé 7 ans de sa vie en prison pour rien. Ailleurs dans certains pays, un préjudice est attaché à cette détention et réparé sous forme de dommage et intérêt. Autre exemple est le cas de l’imam Alioune Ndao qui a été aussi laissé libre de rentrer chez lui après deux ans passé en prison. Le cas le plus récent est celui de l’étudiant Ousseynou Diop. Arrêté pour apologie du terrorisme, il a fait 4 ans en prison avant d’être relaxé. Au Sénégal, les longues détentions sont un fardeau pour la justice et contribuent à la surcharge des prisons dans un pays où le gouvernement peine à construire assez de prisons pour désengorger celles existantes. Surpeuplement et longues détention vont donc de pair.
On aura beau réformer les codes, changer les procédures et le mode de fonctionnement des juridictions mais ça n’endiguera pas pour autant les longues détentions qui causent du tort aux détenus qui sont obligés de s’entasser dans les cellules et de vivre des conditions qui violent la dignité de la personne humaine. La preuve, à des reprises, des individus victimes de longues détentions se sont signalés par des grève de la faim pour se faire entendre.
A propos de conditions de détentions, l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme prohibe les traitements inhumains et dégradants. La prison centrale de Dakar qui date de l’époque coloniale a été construite pour accueillir pas plus de 500 détenus. Mais de nos jours, avec les détentions longues Rebeuss dépasse le millier de pensionnaires. A la conférence des parquetiers, le ministre a admis que « e surpeuplement des prison est le corollaire des longues détentions et du recours fréquent au mandat dépôt ». Outre ces maux, il a été question lors de la conférence des chefs de parquet du terrorisme, du blanchiment de capitaux, de la cybercriminalité, des trafics de migrants entre autre sujets débattus par les procureurs.
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