Mimi Touré : « Pourquoi je suis contre une loi d’amnistie »

Dans l’entretien exclusif qu’elle a accordé à Sen TV, Mimi Touré est revenue sur son clash avec le président Sall, son opposition à une troisième candidature, sa proposition de loi  limitant l’exercice de fonctions et responsabilités dans les Institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le Président de la République, la loi d’amnistie de Karim et Khalifa etc. Selon elle, son combat n’a rien de personnel mais elle se bat pour des convictions. Morceaux choisis de l’entretien.

Expliquant les raisons de son clash avec le président Macky Sall Mimi Touré de rappeler  qu’elle a bénéficié de la confiance du président de la coalition qui l’avait fait tête de liste de  Benno Bokk Yaakar.  C’est ainsi qu’elle a sillonné le Sénégal pour vanter le bilan du président Sall et décroché une majorité, même si par ailleurs elle n’est pas écrasante. La suite tout le monde la connaît a ajouté Mimi Touré. 17 minutes avant la présentation des candidats à la présidence de l’Assemblée nationale, le président a montré qu’il avait changé de décision. Ce qui aux yeux de Mimi Touré est une injustice. D’ailleurs renseigne t-elle, elle a toujours combattu l’injustice a plus forte raison si elle s’abat sur elle car aucun noble ne l’accepte. Mais précise t-elle, cela est un cas personnel et ce n’est pas ce qui importe.

La principale raison de tout cela, c’est le « ni oui ni non » du président Macky Sall  qui est devenu « oui » pense savoir Aminata Touré. Selon elle le président Sall veut avancer vers un troisième mandat et étant opposée à cela, elle risquait de lui créer des difficultés en tant que président de l’Assemblée nationale, c’est pourquoi  il a jeté son dévolu sur un proche de la belle famille présidentielle, c’est ça la question a fait savoir Mimi Touré. Mais tout cela est derrière elle aujourd’hui car elle est député non inscrit. Et comme le stipule la loi, il faut partager les mêmes affinités pour être dans un même groupe parlementaire, c’est ce que dit le règlement intérieur l’Assemblée nationale. Mais affinité politique pour elle ce n’est pas défendre le troisième mandat, car elle a  toujours dit que le 3 eme mandat est derrière nous.

D’ailleurs le président Sall l’a écrit dans son livre et déclaré sur toutes les chaînes de télévision du monde a rappelé Mimi Touré. « Donc si on doit faire des manœuvres politiques pour légitimer ce que nous avons rejeté hier, on ne peut pas être d’accord. » a t-elle laissé entendre.  Concernant sa proposition de loi   limitant l’exercice de fonctions et responsabilités dans les Institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le Président de la République, Mimi Touré de déclarer que cela entre dans le combat contre l’injustice. Et cela n’a rien de personnel car on lui a fait des propositions alléchantes en guise de compensation,   elle aurait pu accepter et être peinarde. Révèle t-elle.

Mais c’est d’après  elle une question de conviction car un noble ne peut être que noble. Et il y a des choses qu’un noble ne saurait accepter. Déclare t-elle.  « Ce qui disent que je suis une frustrée n’ont pas bien compris  car j’ai eu à gérer des postes importants, ministre de la Justice, Pm, Envoyée spéciale, présidente du Cese. Mais encore une fois ce n’est pas une affaire de cas personnel car à quelques encablures des législatives, on m’avait proposé un poste important aux Nations Unies, j’ai appelé le président de la République pour l’informer. Mais  j’ai préféré rester pour travailler pour mon pays. Aujourd’hui aucune de mes convictions ne surprend le président Sall car je lui ai toujours dit ce que je pense. Ces affaires d’implication familiale commencent à durer en Afrique.

Le président peut certes octroyer des postes à ces proches mais pas des postes aussi exposés avec des budgets pareils à celui qu’il gère. Donc la loi n’est pas discriminatoire mais c’est pour éviter les conflits d’intérêts, c’est comme cela qu’on doit le voir. Et d’ailleurs que fait -on de ceux qui ont les compétences mais qui n’ont pas la chance d’avoir un proche président ?  Je ne suis pas opposante, mais une chose est sure, je suis opposante au troisième mandat. Après tout ce que nous avons dit, après tous les vars sur nous, on ne peut pas accepter une telle chose. Le président de la République a décrété cette année, année sociale. Mais il ne faut pas qu’il en profite pour en faire une année électorale. Il doit donner l’argent aux ayants-droits et non à ceux qui pourraient voter pour lui. Année sociale, oui mais pas année électorale.

Parce que le président Sall ne peut plus participer à une élection, ni juridiquement, ni éthiquement. « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».  Donc il ne doit pas suivre ceux qui le poussent à briguer un troisième mandat, d’ailleurs c’est ce qu’il disait à Wade. Revenant sur les propos de Ismaila Madior Fall qui déclarait qu’elle a démissionné de fait, Mimi Touré soutient que c’est le politicien qui a parlé. Etant donné que c’est elle qui a présenté Ismaila Madior Fall au président et qui l’a proposé comme conseiller, elle attendait de lui  qu’il préserve les bonnes relations. Sur la question de la loi d’amnistie, Mimi Touré déclare s’y être opposée car  elle y voit des manœuvres politiques. Après avoir travaillé des mois pour ne pas dire des années avec les juges, les procureurs, écrit aux ambassades pour avoir leur soutien etc. pour ensuite se réveiller un beau jour pour dire qu’on laisse tout tomber, cela pose problème.

D’ailleurs Karim de même que le Pds ont dit qu’ils n’en veulent pas, ce qu’ils souhaitent c’est une révision de son procès. Donc pense savoir Mimi Touré, ils ne voteront pas cette loi ; à moins qu’ils ne fassent un double jeu. Soutient Mimi. Qui assume tout ce qu’elle a fait car les juges ont condamné sur la base de preuves. Mais selon elle,  ce qui se joue aujourd’hui, ce sont les 400 mille voix du Pds mais cela est un mauvais calcul dit elle car les électeurs ne sont la propriété de personne. Pour ce qui est du combat contre la cherté de la vie, Mimi Touré de dire que le président Sall doit commencer par réduire drastiquement le train de vie de l’État à commencer celui de la présidence de la République.

Quand on l’aura réduit drastiquement, on pourra avec les économies réalisées, subventionner les prix. Ce ne sera pas quelque chose de facile. Continuer à encadrer les jeunes pour atteindre l’autosuffisance alimentaire afin que cela ne soit pas que des propos en l’air. Il doit aussi réduire son cortège de 50% comme les ministres doivent louer des véhicules. Parce que charité bien ordonnée commence par soi même. Laisse entendre Mimi Touré.