Transition en Guinée
Le président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou vient de jeter un pavé dans la marre du Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD), en rejetant d’emblée le chronogramme de 36 mois, adopté par le CNT, sur proposition de la junte. C’est le contraire qui aurait surpris, dans un contexte marqué par la résurgence des coups d’Etat dans la région, de quoi faire dresser les cheveux sur la tête des chefs d’Etat, qui voient dans cet effet domino, une menace digne d’un tsunami. En attendant le sommet d’Accra, devant statuer sur le cas guinéen, prévu ultérieurement, on peut considérer que la parole de Jean-Claude Kassi Brou fait loi, au niveau de la Cédéao.
La réaction de l’organisation régionale était très attendue, sur la durée du chronogramme de 36 mois adopté par le CNT, sur proposition du CNRD. La voilà enfin avec cette sortie contre ce chronogramme de Jean-Claude Kassi Brou sur le plateau de nos confrères de Africa24, qui depuis, continue de tourner en boucle sur les réseaux sociaux. A la satisfaction des opposants à la junte qui avaient eu la même sensation de rejet de 36 mois, qu’ils trouvent assez long, pour transition.
Le président de la Commission de la Cédéao n’aura fait qu’emboucher la même trompette que les frondeurs.
En martelant qu’une transition n’a pas pour vocation d’entreprendre des réformes institutionnelles. Et que de facto, elle doit être la plus courte possible.
Des propos qui font l’effet d’une douche froide pour la junte. Sans pour autant la désarçonner, quand on sait qu’elle s’y attendait sans doute. Vu que la Cédéao n’a jamais vu en peinture les autorités de la transition, cela dès le départ. En témoigne le concert de réprobation qui a suivi la chute d’Alpha Condé.
C’est finalement à son corps défendant que le sommet des chefs d’État de la Cédéao s’est résolu à rétablir le pont avec le CNRD. Avec en creux, l’épouvantail des sanctions qui plane sur la tête des responsables de la junte. Des sanctions qui constituent l’ultime recours de l’organisation régionale, dont le prochain sommet des chefs d’Etat sera édifiant sur le sort de la Guinée.
Il conviendrait de noter que cette grand-messe initialement prévue pour le 21 mai à Accra au Ghana, a été de nouveau repoussée sine die. De quoi donner un moment de répit aux autorités guinéennes, de bien mâtiner leur réplique à cette réaction de Kassi Brou.
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