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La Guinée va-t-elle quitter la CEDEA0 ? L’épouvantail est agité à Conakry
Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire, porte-parole du gouvernement, s’est exprimé ce lundi matin pour clouer au pilori l’attitude de la CEDEAO qui, pour lui, «agite des menaces de sanctions contre la Guinée ». Remonté, le ministre Gaoual dit à qui veut l’entendre que la Guinée ne cédera pas à la pression de la CEDEAO.
Interrogé sur l’ambiance qui prévaut au niveau du gouvernement à la veille de la prise de décision de l’organisation sous régionale, le ministre porte-parole du gouvernement a appris que jusqu’ici le gouvernement guinéen n’a soumis aucun document à la CEDEAO. Comme quoi que « le gouvernement guinéen n’agit pas sous le coup de la contrainte» et que la Guinée en tant que membre fondateur de la CEDEAO, n’a jamais mis en cause sa volonté de siéger… Pour lui donc, chacun doit jouer son rôle. « La CEDEAO, depuis un certain temps s’est détournée de son objectif. C’est une institution au service des populations, mais qui de plus en plus apparait aux yeux de l’opinion publique ouest-africaine comme une organisation au service de quelques chefs d’Etat… Et cela ne marchera pas ! La Guinée prendra les décisions lorsque le moment viendra pour assumer aussi bien son indépendance et la volonté de renforcer la coopération dans le respect… »
Et pourtant la CEDEAO a été très claire sur ce qu’elle demande sur la conduite de la transition, et si elle n’a pas ces éléments de réponses, au plus tard le 25 de ce mois, c’est-à-dire aujourd’hui, les sanctions contre la Guinée entreront en vigueur !
A cette inquiétude, le porte-parole du gouvernement répond que cette menace ne fait peur à personne. « Non, non, écoutez ! Cela ne fait peur à personne. Un Etat ne fonctionne pas sur le coup de la peur. Nous avons dit clairement que nous avons la volonté d’aller dans la collaboration, dans la coopération avec la CEDEAO. A la CEDEAO d’accepter la volonté de la population, le contexte… Cette institution doit aussi faire son autocritique. C’est clair! Elle était ici ! Elle connait la genèse de la crise guinéenne… Elle était là, il faut le souligner, distante par rapport aux cris des populations guinéennes »
Pour autant elle est disqualifiée pour faire valoir ses principes ?
Le ministre porte-parole dénonce l’attitude de la CEDEAO vis-à-vis de la Guinée. « Non! Elle n’est pas disqualifiée pour faire valoir ses principes. Seulement, elle ne peut pas faire valoir ses principes sans tenir compte de la situation spécifique de notre pays… La Mauritanie est sortie de la CEDEAO !….Quel que soit ce qui va advenir, c’est la réalité guinéenne qui va prévaloir. La CEDEAO a aujourd’hui intérêt plus que jamais, si elle veut continuer à servir les peuples, elle a intérêt, je le précise, à regarder la gestion des pays au cas par cas et apporter des solutions adaptées au lieu de brandir des sanctions par-ci et par-là. Alors, est-ce que ça fait évoluer la situation de ces pays-là ? Au regard de ce qui est recherché, qui est le retour à l’ordre constitutionnel et l’amélioration des conditions de vie des populations… Si les sanctions n’ont pour objectif que l’affaiblissement des pays et pour la destruction… Le rôle de la CEDEAO devrait être de renforcer la démocratie, l’Etat de droit dans un pays, renforcer le bien-être des populations. Ce n’est pas pour anéantir les uns après les autres avec les sanctions qui ne tiennent pas compte des réalités des pays. Ça ne se passera pas comme ça », dit-il avec un ton dur.
« Si la CEDEAO veut brandir des sanctions et les mettre en exécution pour affaiblir la Guinée, nous tirerons les conséquences… Elle ne regarde même pas les problèmes guinéens…Le cadre de concertation qui est installé, les assises, le dialogue… Ce qui est clair, c’est que nous disons à la CEDEAO, que le gouvernement guinéen évolue sereinement en tenant compte des réalités du pays, du contexte, pour un retour à l’ordre constitutionnel en suivant le rythme… Et rien ne pourra lui détourner de cet objectif », tranche-t-il.
Le discours caustique que tient le ministre porte-parole est-il en harmonie avec celui de l’organe central, l’organe de décision qu’est le CNRD ?
Le ministre n’a pas jugé utile de répondre, mais il a plutôt soutenu que l’institution sous-régionale et la Guinée sont inter indépendantes. « Nous ne sommes pas en guerre avec la CEDEAO. Si c’était le cas, la Guinée prendra la décision de se retirer de la CEDEAO ! Mais ce n’est pas le cas. Il faut le comprendre. Les nations adhèrent librement à des organisations. Elles peuvent se retirer tout librement… Rien n’est exclu ! La Mauritanie s’est retirée de la CEDEAO, elle continue sa vie ! Il faut que les uns et autres comprennent que la Guinée a tout aussi besoin de la CEDEAO, tout comme la CEDEAO a aussi besoin de la Guinée. C’est un rapport d’interdépendance. Nous ne sommes pas favorables aux sanctions… Il faut que tout le monde sache aussi la limite des sanctions qu’on impose à un pays. Le cas de la Russie actuellement en est une illustration. Si on veut durcir les rapports entre la Guinée et la CEDEAO, il n’y a pas une meilleure manière que de se mettre dans la chambre et prendre des sanctions. Si on veut aider les Guinéens à sortir de la crise dans laquelle le pays est englué pendant une dizaine d’années, pour un meilleur cadre démocratique institutionnel, il faut tenir compte de ses réalités et l’accompagner… »
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