Départ de Barkhane du Mali
Malgré les sanctions édictées par la CEDEAO, le gouvernement malien persiste dans sa volonté de diversifier ses partenaires dans la lutte contre le Terrorisme et la défense de l’intégrité territoriale. Ce que Paris voit d’un mauvais œil et, dans l’impossibilité de faire plier les dirigeants de Bamako surtout après l’expulsion de l’ambassadeur français Joël Meyer, Emmanuel Macron semble opter pour un retrait de la Force Barkhane pour éviter un autre camouflet diplomatique de l’ex colonie. Une décision que n’approuve pas le président ivoirien qui, dont une conversation fuité sur le Mali, a ému beaucoup, les larmes de crocodile, aux yeux, a presque supplié la France de rester.
Alors que la fin de l’opération devrait être actée dans les heures qui viennent, présidence et armée française semblent incapables de dresser un bilan sincère de leurs échecs politiques et militaires dans la région. Ils sont pourtant nombreux. Le sort de Barkhane va donc être scellé entre fromage et dessert. La fin de l’opération militaire française la plus longue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, déjà largement actée, a été officialisée lors d’un dîner à l’Élysée, mercredi 16 février.
Invité par le président français Emmanuel Macron qui a réuni huit chefs d’Etat africains – mais pas celui du Mali – pour un dîner à l’Elysée, à la veille d’un sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine, hier jeudi et ce vendredi à Bruxelles, Alassane Ouattara a estimé mercredi que le retrait attendu des troupes françaises et européennes du Mali « crée un vide » qui obligera les armées ouest-africaines à être en première ligne dans la lutte contre le jihadisme au Sahel.
« Le départ de Barkhane et Takuba crée un vide. Nous serons obligés d’acheter des armes, d’avoir une plus grande professionnalisation mais c’est notre devoir aussi. Les armées nationales doivent régler les problèmes sur nos territoires nationaux et c’est cela notre philosophie », a affirmé Alassane Ouattara dans un entretien à RFI et France 24.
Pourtant, dès le début de son mandat, Emmanuel Macron disait, « Je ne veux pas me faire piéger au Mali », rapporte le diplomate Xavier Driencourt dans L’Enigme algérienne (L’Observatoire, à paraître en mars). Trop tard, le piège s’est refermé. La France n’a d’autre solution que de quitter le pays, avec un sentiment d’échec que les éléments de langage ne parviendront pas à masquer. Cinquante-trois militaires français sont morts au combat, un nombre inconnu gardera des séquelles de blessures physiques ou psychologiques. La facture avoisine les 8 milliards.
Un ministre l’avoue : « Le Mali aura plus d’impact dans l’opinion publique que l’Ukraine. Il y a une dimension de déclassement, ça résonne plus parce que ce sont nos hommes, notre armée. » Il ne reste qu’à éviter le pire : un départ comparable à celui des Américains de Kaboul, l’été dernier.
Les annonces interviendront sans doute très rapidement, sauf coup de théâtre ou complications de dernière minute. La France prend grand soin à ce que la décision de retrait n’apparaisse pas comme une affaire entre son ancienne colonie et elle. D’où l’insistance à impliquer les Africains de la région.
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