“Détournement de deniers “
Au Sénégal, si des cas de détournement de deniers publics sont portés à la connaissance de la justice et instruits suivant une procédure judiciaire qui mène leurs auteurs en prison, beaucoup d’autres restent sans suite, permettant à leurs auteurs d’émerger avec l’argent du contribuable.
Au moment où des gorgorlous trinquent, des types de Sénégalais investis de missions publics ou parapublics émergent. Ce sont tous gens qui profitent de leur fonction pour détourner l’argent du contribuable. Si certains n’échappent pas aux filets de dame justice, beaucoup d’autres passent entre les mailles. Ils passent parce que leurs dossiers ne sont pas transmis ou s’ils sont transmis, ne sont pas diligentés. De Abdou Diouf à Macky Sall en passant par Me Wade, il est difficile de citer les nombreux cas de détournements qui sont restés sans suite. Dans le domaine spécifique du blanchiment d’argent par exemple, de 0 dossier communiqué à la justice à sa création en 2005, la CENTIF a transmis à ce jour pas moins de 300 dossiers.
Dossiers non diligentés
En 2016 déjà, le nombre de dossiers transmis étaient de 212. Mais au grand dam de la lutte contre le blanchiment d’argent, en suivant l’état des actes de procédures judiciaires des dossiers transmis, peu ont été jugés.
S’il est avéré que les mesures prises pour obtenir l’exécution des décisions de justice prises sur la base des rapports de la CENTIF ont permis le recouvrement effectif de patrimoines issus du crime de blanchiment de capitaux, les lenteurs notées dans le traitement des dossiers sont la preuve que le Sénégal traine les pieds dans la lutte contre la criminalité financière. Pour deux dossiers parmi ceux qui ont été transmis en 2016, la CENTIF a eu à récupérer pour le compte du trésor, plus d’un demi- milliard. Si la CENTIF a pu récupérer une telle somme pour seulement 2 dossiers, combien de milliards mettrait –elle dans les caisses de l’Etat pour tous les dossiers transmis. En tout cas, c’est en diligentant les dossiers à scandale financier que le Sénégal parviendra à empêcher les criminels financiers de jouir du produit de leurs agissements. Des détourneurs de deniers publics qui émergent et narguent les populations.
Des scandales en cascade
Pour rappel, dans son rapport 2014, la CENTIF avait fait état de plusieurs cas de blanchiments d’argents tels que celui qui concerne deux français désignés sous les initiales de PR.PC et JP.MB qui sont co-propriétaire à a Somone, de terrains d’une superficie de 4 172 m2 et d’autres terrains.
La main dans le sac
Une autre fortune dans la petite côte qui avait intrigue la CENTIF appartient à un dénommé L.N qui détient à Mbour , un immeuble d’une valeur de 720 millions dont les traces n’ont pas été détectée au niveau de la conservation foncière sans compter une dizaines d’autres terrains dans la même localité et environs. L’expert enquêteur, Alioune Ndiaye qui avait fait les découvertes pour le compte de la CENTIF avait également signalé le cas d’une société au nom de B. Investment Sa qui a reçu de l’Etat des immeubles cités en référence dans le rapport de la CENTIF et des terrains valant des centaines de millions en échange d’ actions sur la base d’un contrat qui ne sent pas la transparence. Les lenteurs dans le traitement des dossiers a fait dire à la CENTIF dans un de ses rapports que « Le Sénégal souffre de l’absence d’un dispositif opérationnel de récupération et de gestion des produits du crime organisé, tel que recommandé par le Groupe d’Action financière (GAFI) ».
Pour rappel, la CENTIF est une cellule de renseignement financier de type administratif, placée sous la tutelle du ministère des finances. Elle a été créée par la loi uniforme n°2004-09 du 06 février 2004 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. La CENTIF dont les compétences ont été élargies, joue un rôle central dans le dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ses rapports sont également transmis au siège de la BCEAO aux fins d’information du Conseil des Ministres de l’UEMOA.
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