Groupe bancaire africain Diamond
Les investisseurs ont accepté de céder leurs parts au capital de Union Bank of Nigéria. La décision marque le début de la fin pour l’aventure africaine du banquier britannique Bob Diamond qui avait espéré une issue plus glorieuse.
L’accord donné par des actionnaires du groupe financier nigérian Union Bank of Nigeria (UBN), parmi lesquels la holding financière britannique Atlas Mara, met probablement un terme aux ambitions de Bob Diamond de créer une holding financière de poids en Afrique. La finalisation de cette transaction est lourde de symbole pour l’ex-DG du groupe Barclays Bank.
En 2014, Bob Diamond qui possédait déjà sa propre firme d’investissement, Atlas Merchant Capital, convainc tout d’abord Ashish Thakkar, le fondateur de Mara Group, de partager son projet dans le secteur bancaire africain. L’ambition est d’opérer dans une quinzaine de pays avec, comme point de départ idéal, le Nigéria. Arnold Ekpe, ex-DG d’Ecobank Transnational Incorporated, fraichement libéré, se voit confié la présidence d’Atlas Mara.
Fin 2014, la nouvelle holding lève 825 millions $ via une introduction sur le London Stock Exchange, des ouvertures de capital et des emprunts. En ce moment-là, le Nigéria attire de nombreux investisseurs en raison d’un prix du baril de pétrole à 100 $, et un PIB qui enregistre des records de progression.
C’est donc avec une certaine confiance qu’Atlas Mara s’offre, en septembre 2014, 30% de participation au sein de UBN, pour un chèque de 270 millions $. A ce moment-là, la banque nigériane affiche des actifs d’une valeur de 6,3 milliards $, un portefeuille de crédits de 1,75 milliard $, des dépôts de 3,5 milliards $ et des fonds propres de 1,3 milliard $.
Quelques années plus tard, Atlas Mara renforcera sa position au capital de UBN, en injectant 55 millions $ supplémentaires, sur des fonds mobilisés en partie par de la dette convertible en actions et une augmentation de capital. Sept années après, la valeur des actifs de la banque a légèrement baissé. Elle était de 6,2 milliards $ au 30 septembre 2021. Les fonds propres des actionnaires ont aussi baissé, pour se situer à seulement 645,7 millions $, dont un peu plus de 316,4 millions $ pour Atlas Mara, au prorata de sa participation. La capitalisation boursière est 433 millions $.
UBN était un des actifs les plus importants qui restaient dans le portefeuille d’Atlas Mara. Au moment de sa radiation sur la Bourse de Londres, le 24 novembre 2021, la valeur de son action était à son plus bas depuis sa création. Elle avait perdu jusqu’à 80% en seule une journée.
Début décembre, le groupe Kenya Commercial Bank a annulé un des engagements en vue d’acquérir une des filiales, tout comme l’avait fait sa concurrente Equity Group sur des actifs bancaires au Rwanda.
L’aventure africaine de Bob Diamond, témoigne du caractère spécial d’un marché bancaire en Afrique, où la demande est élevée, mais la concurrence rude. A son apogée, Atlas Mara était cité parmi les acquéreurs potentiels des activités africaines du groupe Barclays.
Il est difficile de ne blâmer que les conditions du marché pour justifier cet échec, car d’autres groupes bancaires, notamment marocains, connaissent un relatif succès dans leur expansion panafricaine. Même Ecobank qui a connu des défis à un certain moment, a su se redresser grâce à l’UEMOA et au Ghana.
La cession des parts d’Atlas Mara et des autres actionnaires sortants du capital de UBN est en attente de l’approbation du régulateur nigérian. L’acquéreur est une nouvelle banque fondée en 2019 et dont ignore la stratégie effective. La valeur de son offre n’a pas été communiquée, mais elle a dû être suffisamment intéressante pour que l’action de Union Bank grimpe de 31%.
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