Tentative de coup d’Etat au Soudan
En mars 2020, le Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok avait déjà été la cible d’une tentative d’assassinat. Avec un nouveau putsch avorté mardi, la transition semble plus que jamais fragile, dans un contexte marqué par des difficultés sociales, malgré les avancées économiques.
Au Soudan, le gouvernement de transition vient d’être visé par une tentative de coup d’Etat. L’information a été rapportée par les médias d’Etat, citant des sources officielles.
« Une source fiable au Conseil des ministres a souligné que les autorités de sécurité militaire ont déjoué mardi, à l’aube, une tentative de coup d’Etat », a indiqué l’agence de presse officielle soudanaise SUNA. Et d’ajouter : « le général de brigade Al-Taher Abu Haja, conseiller médiatique du commandant en chef des forces armées, a déclaré dans un communiqué à la SUNA qu’une tentative de coup d’Etat a été déjouée et que la situation est sous contrôle total ».
Selon les premières informations disponibles, les auteurs de cette tentative de putsch seraient des officiers militaires fidèles à l’ancien président Omar el-Béchir. Ils auraient tenté de prendre le contrôle de plusieurs points stratégiques, dont la radio publique à Omdurman, ville située en face de la capitale Khartoum. Leur identité n’a pas été révélée, mais les autorités indiquent qu’ils ont été « immédiatement suspendus » et « font l’objet d’une enquête ».
Il faut souligner que ce n’est pas la première fois que le gouvernement soudanais de transition est visé par une attaque. En mars 2020, le Premier ministre Abdalla Hamdok (photo) avait déjà échappé à une tentative d’assassinat à la bombe. Il avait alors affirmé que « ce qui s’est passé n’arrêtera pas la marche du changement et ne sera qu’une éclaboussure supplémentaire dans la grande vague de la révolution ».
Difficultés sociales
Cette nouvelle tentative intervient plus de deux ans après la chute d’el-Béchir, et en plein milieu d’une transition censée renforcer les acquis démocratiques du pays, et réparer son économie affectée par des années de mauvaise gouvernance. Pour y arriver, les autorités ont dû mettre en place de nombreuses réformes qui ont notamment pesé sur le panier de la ménagère, menaçant d’alimenter une crise sociale exacerbée par la pandémie de covid-19. Depuis le début de la transition, le taux d’inflation du pays a connu des augmentations importantes atteignant 422,78% en juillet dernier, tandis que l’unification des taux de change de la livre soudanaise cette année a notamment entraîné une dévaluation de la devise nationale.
Cependant, de nombreux observateurs estiment que ces difficultés sociales ne devraient pas occulter les nombreux résultats obtenus par le gouvernement de transition, depuis son arrivée au pouvoir. Le pays a obtenu l’annulation de sa dette extérieure alors que la levée de son inscription sur la liste noire américaine des sponsors du terrorisme lui ouvre déjà les portes de nouveaux financements internationaux. Pour soutenir les plus vulnérables à la crise sociale, les autorités ont annoncé la mise en place du programme « Thamarat ». Soutenu par la Banque mondiale, il permettra de fournir des allocations mensuelles en espèces à 15 millions de personnes pour les aider à faire face aux difficultés économiques.
Néanmoins, malgré ces avancées, les nouvelles autorités semblent avoir du mal à se débarrasser du fantôme de l’ancien régime dirigé par Omar el-Béchir. Son transfert à la Cour pénale internationale (CPI), actuellement en cours de discussion, devrait être l’occasion pour le Soudan de définitivement tourner une page sombre de son histoire, alors qu’il se prépare pour ses premières élections libres et démocratiques depuis des décennies.
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