Tout devient plus cher
Au Sénégal, les consommateurs sont surpris de constater depuis fin juillet, marquant l’entrée en vigueur du décret-2021-928 du 8 juillet 2021 sur le prélèvement pour la modernisation de l’administration douanière, une poussée inflationniste généralisée qui aggravé l’insécurité alimentaire. Les prix du riz, de l’huile, du sucre, des produits laitiers, du transport inter-urbain et même des bouillons ont connu une explosion, boostant du coup, le nombre de pauvres dans le pays.
La hausse des prix des denrées alimentaires aggrave la pauvreté et la sous- alimentation. Au Sénégal, les droits fiscaux et taxes applicables lors de l’importation des produits sont le Droit de Douane (DD), la Redevance Statistique (RS), et le Prélèvement Communautaire de Solidarité (PCS) qui est une ressource affectée à l’union pour servir de budget d’alimentation à la commission de la CEDEAO. Il y a aussi le Prélèvement Communautaire de la CEDEAO (PCC) qui avec le PCS forme le Prélèvement Communautaire d’Intégration (PCI). Mais depuis le 8 juillet 2021, au nom de la modernisation de l’administration douanière, le président Sall a autorisé à travers le décret précité, un prélèvement douanier de 3% sur certains produits importés. La mise en application de ce décret commencée le 23 juillet dernier, est automatiquement suivie de la hausse des prix. En tout cas, des commerçants qui sont accusés de faire de la spéculation sur les denrées, accusent à leur tour les taxes et ce prélèvement, d’être la cause des augmentations de prix. Même si le prélèvement en question ne concerne pas certains produits et que les facteurs à l’origine de la hausse du prix des aliments font encore l’objet de vifs débats, force est de constater que les taxes y sont pour grand-chose.
Les denrées dont le prix a le plus augmenté sont le sucre, l’huile, le riz, les produits laitiers. Elles constituent l’alimentation de base de millions de Sénégalais. La hausse a aussi touché les bouillons qui sont soumis à de nouvelles taxes, les aliments pour le bétail, la volaille ainsi que d’ autres animaux dont la viande est consommée. En effet, entre fin juillet et maintenant, le prix de la plupart des produits a connu une hausse considérable, touchant durement les habitants les plus pauvres qui consacrent une grande partie de leurs revenus aux denrées de première nécessité.
Les plus durement touchés, sont les habitants pauvres des villes. A faible revenu et à déficit vivrier, ils souffraient déjà de la faim et de la malnutrition. En tout cas, à voir l’inertie des services du ministère du commerce face à la flambée des prix, on peut dire que le gouvernement n’a que peu de moyens pour protéger la population du choc de la hausse des prix. Cela est d’autant plus vrai que le coût des aliments absorbe l’essentiel des revenus des familles, les plus démunies qui n’ont pas d’autre choix que de consommer des aliments moins chers et moins nourrissants, ou même de sauter des repas. Dans des localités, à l’intérieur du pays, afin de juguler la hausse généralisée des prix, des consommateurs ont commencé à se tourner vers les produits alimentaires locaux. Mais le hic est que même ces productions locales sont devenues plus chères, en partie en raison de la hausse du prix des transports et de la transformation.
A cause de la flambée de prix, des milliers de personnes risquent de s’ajouter aux millions qui sont déjà chroniquement sous-alimentées. Faut-il lever les droits de douane sur les importations de produits alimentaires et de carburant. Ne faut-il pas annuler certaines taxations et en subventionnant d’autres… Si cela n’est pas la meilleure, il est une solution face à la hausse des prix qui engendre la pauvreté et la faim.
Cela pourra aussi empêcher les indigents et les exclus de la table des riches d’exprimer leur mécontentement et leur courroux. Le problème de la sécurité alimentaire étant un problème politique, le temps des palabres doit être dépassé.
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