Violences post-électorales
Les commerçants guinéens ont perdu au moins 300 milliards de francs guinéens dans les violences politiques de la période post-électorale de l’année dernière.
L’information émane de Chérif Abdallah Aïdara, le président du Groupe Organisé des Hommes d’Affaires guinéens (GOHA), une structure qui regroupe des opérateurs économiques de ce pays voisin. Il était, à Ziguinchor pour rencontrer les acteurs économiques originaires de son pays dans le cadre d’une campagne de sensibilisation qu’il mène pour les amener à investir massivement au Sénégal. Ce, en soin, bien sûr, de se conformer aux lois du pays.
« Nous avons enregistré 2 000 opérateurs économiques victimes de la destruction de leurs biens à l’intérieur de la Guinée. Il y a eu plus de 300 milliards de pertes et il y a eu zéro arrestation »,s’est-il désolé. Selon lui, au lieu de brandir le « faux prétexte » de l’insécurité pour justifier la fermeture des frontières de la Guinée avec certains pays voisins, et notamment le Sénégal, les dirigeants guinéens devraient plutôt penser à sécuriser l’intérieur de leur pays parce que c’est à ce niveau qu’il y a une insécurité notoire.
Le président des hommes d’affaires guinéens estime que l’actuelle fermeture de la frontière entre le Sénégal et la Guinée résulte plutôt de considérations politiques en ce sens que le président Alpha Condé pense que tous les commerçants peuls sont des supporters de son principal adversaire Cellou Dalein Diallo. « Et même si tel était le cas, il ne devrait pas y avoir de problème dans la mesure où on est en démocratie », confie Chérif Abdallah Aïdara tout en indiquant que la dictature de Alpha Condé ne peut pas continuer.
Évoquant les conséquences économiques de la fermeture de la frontière, le président du GOHA révèle qu’à ce niveau aussi, de nombreux commerçants, qui faisaient la navette entre le Sénégal et dont plus de 85 % sont des guinéens, sont en faillite car ils sont restés presque un an sans travailler et ils doivent honorer les besoins vitaux de leurs familles.
A l’en croire, lui et ses amis n’arrêtent pas de déposer des plaintes au niveau des organisations appropriées pour trouver une solution à cette situation. Le président du Goha s’en est aussi pris à la CEDEAO et notamment aux chefs d’Etat des pays membres de cette organisation qui, selon lui, gardent un silence coupable face aux souffrances des hommes d’affaires guinéens.
« Pourquoi la CEDEAO croise-t-elle les bras ? Pourquoi tous ces chefs d’Etat laissent-ils faire, alors que les citoyens guinéens et tous les autres habitants de la CEDEAO souffrent ? Moi, je suis au Sénégal pour des raisons de sécurité. Nous sommes des opérateurs économiques, nous ne sommes pas des malfaiteurs. Mais puisque nous ne sommes pas en sécurité chez nous, nous sommes obligés de quitter provisoirement notre pays en attendant que les choses rentrent dans l’ordre », confie notre interlocuteur.
Il souligne qu’aucun opérateur, qu’il soit guinéen ou étranger, n’acceptera d’investir en Guinée actuellement à cause des raisons qu’il a évoquées. Aussi, invite-t-il ses compatriotes à investir au Sénégal. Ce, dès lors qu’il y a la paix dans ce pays voisin de la Guinée. Ou alors, à défaut du Sénégal, dans tout autre pays où ils se sentent en sécurité, assurant qu’ils vont faire venir leurs partenaires dans ces pays-là parce que les hommes d’affaires guinéens membres du Goha sont très écoutés dans le monde
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