Ligue des champions
Champion d’Afrique en 2019 avec l’Algérie, double champion d’Angleterre avec Leicester et Manchester City, Riyad Mahrez a largement gagné sa place sur la planète foot. Pourtant, tout n’a pas été simple pour ce pur produit de Sarcelles, dans la banlieue parisienne. Une ville qui lui a tout donné, et qu’il honore toujours avec discrétion. Le Mancunien affronte les PSG ce mercredi 28 avril en demi-finale aller de la C1 au Parc des Princes.« C’est ici que le pied gauche de Riyad s’est façonné ! », lance avec fierté Souleymane. Le trentenaire, qui en impose, joue avec son fils. Lui a bien connu le jeune Mahrez. Nous sommes dans le quartier des Sablons, ancien bastion familial de Mahrez. Ici, dans cet endroit de Sarcelles, le jeune Riyad a laissé un souvenir indélébile. Celui d’un gamin qui ne vivait que pour le football.
Un cure-dent devenu monstrueux
À l’époque, il avait un point fort : une technique de balle largement au-dessus de la moyenne. Riyad Mahrez était bon, mais physiquement assez limité. « Faut se parler français clairement, moi le premier, personne ne croyait en Riyad. Il ressemblait à un cure-dent, il n’avait pas de muscles. Il était frêle, tu soufflais et il tombait par terre le type (sic). » La description de l’ancien joueur du Havre fait même sourire Souleymane.
La métamorphose physique de Mahrez sera tardive. L’international algérien travaillait donc sa technique. Et certains croyait en lui. Comme Youssef Ghanmi, ami le plus proche de Riyad Mahrez, qui partage sa vie entre Manchester et Sarcelles, et qui fait le lien entre le footballeur et sa ville natale. « Un jour on est dans le bus, on a 13 ans à cette époque. On commence à entrer dans un débat genre qui est le plus fort ? Il m’a dit de descendre à cet arrêt-là. On arrive ici, on fait un duel en cinq buts. Il m’a mis 5-0 en même pas 40 secondes. Il m’a tué, il m’a exterminé », raconte hilare Youssef Ghanmi qui avoue que le talent de Mahrez était inné.
Pourtant, hors des sentiers battus, Riyad Mahrez n’intègrera jamais un centre de formation traditionnel. Tout s’est passé ici à Sarcelles, une ville où le sport reste une priorité dans l’insertion des jeunes. Car plusieurs joueurs nés à Sarcelles sont devenus professionnels comme l’attaquant auxerrois Kevin Fortuné ou le latéral de Wolfsburg Jérôme Roussillon. Pour Souleymane, l’excellence de la formation sarcelloise s’explique par la diversité des dispositifs proposés par la ville. « Riyad Mahrez a fait CHH Chanteraine (Section sportive au collège, NDLR), c’est un sport-étude, horaires aménagés, il a pratiqué l’école municipale de foot (Dispositif proposé par la mairie, NDLR), il a pratiqué les différents terrains : gymnases, City, five, et le club. Tout ça cumulé ça a donné le joueur qu’il est », détaille Souleymane. « C’est mieux que l’Argentine ici, c’est mieux que le Brésil, c’est mieux que São Paulo ! », sourit Souleymane.
Souleymane (g) et Ate Nzate, connaissances de Riyad Mahrez.
Sarcelles est une ville de football, qui s’articule autour du club de l’AAS. En pleine période de vacances scolaires, Médoune Diop, manteau du club sur le dos, vérifie l’état des vestiaires. « C’est le premier vestiaire de Riyad Mahrez », se souvient avec émotion l’éducateur qui a pu observer l’international algérien dès ses débuts. « Riyad, c’est la fierté du club, de toute la ville ! »
Au bord de la pelouse du stade Philippe Christanval, Médoune Diop explique : « En fait Sarcelles c’est une ville qui ressemble à un pays. Le Sarcellois se sent presque “nationaliste” donc lorsqu’on voit un joueur qui arrive à toucher le haut niveau et à être reconnu aussi bien sur la scène européenne que sur la scène africaine puisqu’il est champion d’Afrique, franchement ça fait super plaisir. »
Une réussite que l’éducateur résume en trois mots inscrits près de l’entrée du stade : travail, respect et humilité. Des qualités qui font la force de Mahrez. « C’est resté la même personne, il n’a absolument pas changé, il est toujours accessible », avance Médoune Diop. Autour de nous, on s’agite.
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