Visite de Florence Parly au Mali
Pour la Minusma, il ne fait aucun doute: la frappe conduite par Barkhane le 3 janvier à Bounti a bien fait des victimes civiles. Une version réfutée par l’Armée française dont la ministre était en visite à Bamako, dans ce contexte délicat.
La ministre française des Armées à entamé, mercredi 31 mars, une visite de deux jours en compagnie de ses homologues estonien et tchèque, dont les pays participent également à la force Takuba composée de forces spéciales européennes de combat déployées au Mali.
Florence Parly Kalle Laanet et Lubomir Metnar ont rencontré le président de la transition malienne Bah Ndaw, son vice-président Assimi Goïta et le ministre de la Défense Sadio Camara.
« Ce déplacement dans un format rare, car regroupant plusieurs ministres européens, témoigne de l’implication grandissante des Européens pour la stabilité du Sahel, ainsi que leur détermination à poursuivre le combat face aux groupes armés terroristes aux côtés du Mali », a déclaré le ministère français des Armées.
Bien que le thème principal de la visite planifiée de longue date soit l’opérationnalisation de la force Takuba, elle ne pourra occulter la guerre informationnelle qui a suivi la publication du rapport de la Minusma sur la frappe aérienne conduite par Barkhane le 3 janvier, dans le village de Bounti, et ses conséquences éventuelles sur les rapports entre les forces françaises et le peuple malien. Le document établit formellement que 19 civils réunis pour célébrer un mariage ont été tués au cours de l’opération, et pas seulement des djihadistes.
Les conclusions du rapport sont rejetées par le ministère français des Armées qui a émis « de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue ». L’institution refuse de « considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve contredisant les faits tels que décrits par les forces armées françaises ».
La publication de ce rapport tombe d’autant plus mal que Barkhane doit faire face à une autre accusation de bavure. Jeudi 25 mars, six jeunes de la localité de Talataye ont péri au cours d’une autre frappe menée par un drone. Des djihadistes selon les forces françaises, mais pour les notables locaux ce seraient de jeunes chasseurs.
Si les manifestations anti-françaises ont disparu des rues, ces frappes meurtrières peuvent potentiellement ranimer les braises de ces mouvements qui avait créé des tensions entre Paris et les dirigeants du G5 Sahel.
Pour l’instant, Bamako et Paris font front commun : la frappe du 3 janvier a bien visé des djihadistes et non des civils. Pour combien de temps encore ?
Dans l’ombre de ces bavures se profilent de nouvelles manifestations de la rue malienne qui a déjà publié plusieurs fois son allégeance à des autorités morales comme Mahmoud Dicko, favorable à une discussion avec les groupes armés. Après un retrait temporaire de la scène publique, l’imam salafiste au discours anti-impérialiste s’est affiché en février dernier par un «Manifeste pour la refondation du Mali». Il y affirme notamment: «Sans réaction collective maintenant, l’État qui nous gouverne n’a plus de sens».
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