Ghana
Au lendemain d’élections présidentielles contestées, le climat des affaires au Ghana ne cesse de se dégrader. Une tendance en hausse ces dernières années, portée par l’absence de progrès et l’insuffisance de résultats dans la lutte contre la corruption, le cheval de bataille de Nana Akufo-Addo. Le secteur extractif est le plus touché par les scandales à répétition, dissuadant de plus en plus les investisseurs et leurs capitaux.
Autrefois érigé au rang de modèle de stabilité et de gouvernance, le Ghana peine à séduire les investisseurs étrangers. Une réalité illustrée par sa chute brutale dans les classements internationaux. En 2015, le Ghana occupait la 70e place du World Bank Doing Business Index, en 2020, le pays plonge au 118e rang. Même tendance dans le classement annuel de Transparency International sur la perception de la corruption, où le Ghana passe de la 56e à la 80e place sur la même période.
Considérée comme très dynamique, l’économie Ghanéenne demeure néanmoins peu diversifiée. Les secteurs clés sont les mines et les hydrocarbures, qui représentent respectivement 30 % et 40 % des exportations du pays. Ces secteurs sont particulièrement décisifs dans la préservation du flux de devises de l’État ghanéen, lesquels viennent alimenter le financement de la politique de diversification économique du pays.
En 2019, l’hebdomadaire français Le Point, mettait en avant l’étendue de la corruption au Ghana et les failles profondes de gouvernance du pays. Une tendance en hausse selon 71 % des personnes vivant au Ghana, d’après un sondage de Transparency International sur la période fin 2018-début 2019. Deux ans plus tard, le phénomène continue de croître. Pis, il menace désormais des pans stratégiques de l’économie du pays, comme le secteur minier et le secteur des hydrocarbures, affectés par la lassitude croissante de nombreux acteurs internationaux. A mesure que les scandales s’enchaînent, les investisseurs internationaux perdent peu à peu confiance. La faible appétence au risque de certains les conduit même à quitter le pays pour s’installer dans des marchés perçus comme plus stables.
Scandales à répétition
Si le secteur minier tire largement les exportations du Ghana, c’est la branche aurifère qui en est le fer de lance. Premier producteur d’or d’Afrique, la réussite de l’exploitation aurifère au Ghana est un levier stratégique pour accroitre la compétitivité du pays dans l’exploitation de minéraux pour lesquels le Ghana occupe encore une place relativement discrète tels que la bauxite, le manganèse et le diamant.
Néanmoins, les affaires de corruption à répétition freinent les ambitions du gouvernement. Affectant les plus hautes sphères de l’État, ces scandales très médiatisés génèrent une méfiance croissante des investisseurs privés et conduisent à des litiges couteux avec les opérateurs miniers, aussi bien du point de vue réputationnel que financier. Le dernier exemple en date est le cas du junior Cassius Mining, sur le point d’entamer une procédure d’arbitrage internationale, suite au refus du gouvernement de renouveler son permis de recherche pour la mine de Gbane. Une décision soutenue par la Minerals Commission dirigée par le duo Addae Antwi Boasiako et Martin Ayisi, proches de l’ex-ministre des ressources naturelles Kwaku Asomah-Cheremeh.
Sous le feu des critiques provenant à la fois des opérateurs miniers et des organisations de la société civile, le ministre Kwaku Asomah-Cheremeh n’a d’ailleurs pas survécu au récent remaniement ministériel. Malgré le soutien du ministère des terres et des ressources naturelles la Minerals Commission fait également face aux critiques. En cause, des accusations d’attribution illégale et frauduleuse de concessions aurifères sur des propriétés privées ou la conduite d’audits diffamatoires pour faire pression sur les opérateurs miniers.
Le secteur pétrolier n’est pas en reste, malgré un essor considérable suite à la découverte de gisements pétroliers off-shore en 2019. Ici aussi les opérateurs privés subissent de plein fouet les pratiques de corruption jusqu’au sommet du gouvernement. Ainsi en mai 2020, l’Open Source Investigation publiait un rapport selon lequel le ministre des finances Ken Ofori-Atta était au cœur d’une affaire de conflit d’intérêts flagrants. Le ministre aurait poussé à la conclusion d’un investissement d’Exxon Mobile dans GOIL, au détriment, de Griffon Energy, société détenue par l’Etat et certaines sociétés dont deux fondées par Ken Ofori-Atta. Dans le contexte de la crise prolongée de la Covid-19, d’un chômage des jeunes croissants et d’inégalités profondes, le recul du Ghana en termes de gouvernance est inquiétant.
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