2021
Au terme d’une année 2020 éprouvante, l’Afrique affiche sa première récession depuis 25 ans. Mais, au delà du choc économique et social, le continent incarne plutôt la résilience face aux pessimismes des vieilles écoles de pensée, aux froides prévisions de l’OMS et au diagnostic précoce de ceux qui estimaient encore, au début de la pandémie, que le nombre de morts était inversement proportionnel au nombre de lits équipés d’un respirateur artificiel. L’année 2020 nous renvoie donc à l’humilité et à….l’humanité dans ce qu’elle a de plus fragile et de plus précieux : la santé.
Les politiques économiques de relance post-pandémie semblent en tout cas s’orienter vers plus d’équité sociale et plus de respect de l’environnement. Le relèvement du plateau sanitaire a intégré le discours des décideurs. Reste à traduire ces nobles Intentions en actes concrets. C’est plutôt compliqué dans un monde où la mesure de la performance (taux de croissance du PIB pour les États, croissance du chiffre d’affaires pour l’entreprise, TRI pour les fonds d’investissement) est calculée sur une base exponentielle.
Par delà ses paradoxes d’une terre au sous-sol riche et à la population pauvre, l’Afrique continue donc d’avancer, à travers des hommes et femmes qui ont résisté à l’appel du large et qui investissent et créent de l’emploi. Le continent se construit de l’intérieur, sans fard, en trainant, à l’extérieur, l’image d’une zone à risques où rien ne se passe. Le préjugé extérieur est tenace. Seul un processus de développement endogène est à même d’imposer une nouvelle vision du continent. Plus que les historiens et les politiques, ce sont les entrepreneurs qui ont la capacité de changer le narratif du continent, en créant des emplois pour les 15 millions de jeunes qui franchissent chaque année le seuil du marché du travail. L’Afrique des entreprises espère beaucoup de 2021.
Les créateurs de richesse et d’emplois attendent de l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continental la concrétisation d’une intégration qui repose, plus que jamais, sur la mobilité des coûts de facteurs, des capitaux, des sûretés et, entre autres, des garanties. A l’heure du Big Data et de l’intelligence artificielle, l’Afrique est à même d’assainir son climat des affaires par des systèmes d’identification unique et fiables, indispensables pour le développement du marché de crédit. L’intégration passe par la protection des investisseurs et la mise en place des tribunaux de commerce suffisamment dotés pour rendre le droit et garantir la transparence. Le renouveau de l’Afrique repose sur l’amélioration de la qualité de service des administrations publiques. Pourvu seulement que ce marché commun africain ne soit pas, de nouveau, le miroir aux alouettes.
La ZLECA qui va réunir 54 États doit se doter d’un horizon clair sur les règles d’origine. A partir de quel taux d’intégration peut-on dire qu’une voiture montée en Afrique est Africaine ? Pour l’avoir mal fixé, les pays arabes membres de l’accord d’Agadir se sont retrouvés avec un concurrent bon marché : du vrai lait néo-zélandais dans un emballage Emirati, mais vendu comme un produit local. Plutôt que d’occulter cette question fondamentale de la règle d’origine, il importe de la traiter, le plutôt étant le mieux. Si la ZLECA est une opportunité, la non ZLECA, elle, montre qu’elle est source de pauvreté et de sous développement. Aucun pays africain n’est arrivé à se développer en 60 ans d’indépendance. Revenus des illusoires croissances économiques créées par les booms de matières premières, nous devons en être convaincus, le processus de l’émergence est horizontal. La richesse n’est pas le sous sol mais, par devers le malthusianisme, le marché intérieur de 1,2 milliard de personnes. Les banques, les fonds d’investissement, les fonds de pension et, entre autres, les industriels rêvent d’un marché commun avec un démantèlement des barrières tarifaires et non tarifaires.
Il sera donc question de l’intégration en 2021 pour que l’Afrique soit la nouvelle Chine du 21 ème siècle… L’Empire du Milieu a construit son essor en s’appuyant sur le puissant levier de sa démographie. Nous devons nous en inspirer et prendre l’exemple sur les USA, modeste exportateur de tabac et du coton au 19 ème siècle, devenu première puissance mondiale grâce à son génie et à son marché.
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