Reprise de la Ligue des champions
Deux mois à peine après le sacre du Bayern Munich face au PSG (1-0), la Ligue des champions reprend ses droits avec le début de la phase de groupes cette semaine. Du tenant du titre aux potentielles révélations, on fait le tour des questions tactiques de cette nouvelle édition.
Le Bayern sera-t-il encore capable d’étouffer tous ses adversaires ?
Rouleau compresseur absolu depuis l’arrivée de Hansi Flick aux commandes, le Bayern Munich va devoir confirmer son emprise sur ses adversaires tout en apportant quelques retouches nécessaires. En perdant Thiago au milieu, le club bavarois a perdu de facto une partie de son contrôle du tempo, mais l’arrivée de Leroy Sané lui a permis d’augmenter un peu plus encore son potentiel offensif. Thomas Müller et ses partenaires parviendront-ils à maintenir leur pressing haut si exigeant physiquement et mentalement ? Le calendrier surchargé ne favorisera certainement pas la régularité, mais les Bavarois devront être en mesure de maintenir cette emprise pour ne pas devoir compter trop souvent sur les exploits de Manuel Neuer.
S’il y a bien un entraîneur qui n’aime pas bousculer trop vigoureusement la hiérarchie dans son onze de départ, c’est Zinédine Zidane. Mais le coach merengue devrait néanmoins profiter de cette nouvelle saison pour restructurer son milieu de terrain. Déjà en partie installé en 2019-20, Federico Valverde est appelé à confirmer sur la durée, alors que Martin Ödegaard est attendu après sa saison flamboyante à la Real Sociedad. L’inamovible entrejeu incarné par le trio Modric-Casemiro-Kroos doit se réinventer, même si la fin de saison dernière a démontré qu’il n’était pas encore tout à fait dépassé. Zidane devra donc encore faire jouer sa science du management et de l’équilibre collectif pour que la transition soit la plus efficace possible.
Le style restrictif de l’OM peut-il lui permettre de se qualifier ?
Dans un groupe plutôt relevé (Man City, Porto, Olympiakos) mais à la portée d’une équipe organisée, l’Olympique de Marseille ne devrait pas se transformer en un claquement de doigt en une équipe résolument débridée. La force de l’équipe d’André Villas-Boas depuis un an est sa solidarité, sa solidité et les étincelles de certaines individualités pour forcer un résultat. Et elle aurait peut-être tort de se renier. Sauf que le début d’exercice 2020-21 a montré quelques dysfonctionnements, et le technicien portugais a rappelé que sa formation avait «perdu plusieurs choses de la saison dernière, alors qu’elle aurait dû en gagner avec le retour de Thauvin». Retrouver une force collective derrière et compter sur quelques inspirations devant : les clés de la possible qualification marseillaise sont là.
Manchester City se débarrassera-t-il enfin de ses problèmes défensifs ?
Que serait un été à Manchester City sans une ou plusieurs recrues onéreuses en défense ? Cette fois, ce sont Nathan Aké (Bournemouth, 45M€) et Ruben Dias (Benfica, 68M€) qui sont venus renforcer un secteur qui a encore coûté cher à Pep Guardiola et son équipe l’an dernier. Mais à vrai dire, c’est l’ensemble de la structure sans ballon des Citizens qui s’est affaiblie ces derniers mois, de l’intensité du pressing à la perte aux performances insuffisantes d’un Rodri devant la défense. En ce début de saison, Guardiola, en perpétuelle recherche de l’équilibre, a d’ailleurs associé plusieurs fois Rodri et Fernandinho dans l’entrejeu pour sécuriser son arrière-garde. Mais c’est avec un système (a priori) plus aventureux, et sans Aymeric Laporte, que City a signé son premier clean sheet de la saison face à Arsenal (1-0). Pour espérer atteindre enfin le Graal européen, le coach catalan et ses protégés devront prouver leur imperméabilité sur la durée.
Comment Klopp va-t-il compenser l’absence de Van Dijk ?
Sérieusement touché aux ligaments du genou droit ce week-end, Virgil van Dijk manquera une bonne partie de la saison, et donc de la campagne européenne de Liverpool. Et l’importance du colosse néerlandais est telle dans le système de jeu des Reds que le défi est immense pour Jürgen Klopp. Car en plus d’avoir apporté une stabilité exceptionnelle à sa défense, VVD était également partie prenante de la construction du jeu de son équipe, capable en une passe de trouver un latéral ou un attaquant pour accélérer le rythme. Le champion d’Angleterre va-t-il miser sur une charnière Matip-Gomez qui apporte beaucoup moins de garanties, ou décidera-t-il par exemple de redescendre Fabinho d’un cran, comme il l’a déjà fait ponctuellement ? Les choix dépendront sans doute en partie des adversaires des Reds, mais Klopp a devant lui un sacré chantier à gérer.
Julien Stéphan sera-t-il un des successeurs de Julian Nagelsmann et Gian Piero Gasperini ?
Rennes est-il suffisamment armé pour ce niveau ?
Depuis sa prise de fonction il y a bientôt deux ans, Julien Stéphan a accompli quelques miracles. Le technicien français a fait de son équipe une sorte de caméléon, capable de s’adapter à l’adversaire, aux circonstances ou aux individualités, pour former un collectif pragmatique et séduisant. Mais le club breton s’attaque désormais au must, au plus haut niveau de compétition possible, et la perspective d’affronter notamment Chelsea et le FC Séville ne devrait pas lui laisser beaucoup de temps pour apprendre. Certains de ses meilleurs éléments sont partis (Mendy, Raphinha), et Stéphan devra être capable de maintenir un équilibre général remarquable jusqu’ici, tout en y ajoutant le zeste de talent et d’efficacité qui compte double à cette altitude. À Rennes, les questions se mêlent à l’excitation. En espérant que l’aventure ne s’achève pas dans la frustration, à l’image de l’expérience de Lille en 2019-20.
Lampard va-t-il réussir à associer tous ses talents à Chelsea ?
Désignés grands vainqueurs du mercato estival 2020, les Blues doivent désormais assumer sur le terrain. Si sa naïveté défensive n’a pas disparu, comme l’a encore prouvé le nul offert à Southampton samedi (3-3), le potentiel offensif de Chelsea a été décuplé par les arrivées de Timo Werner, Kai Havertz et Hakim Ziyech. Le grand défi de Frank Lampard sera donc d’associer ces immenses talents à ceux déjà présents (Christian Pulisic, Mason Mount, Tammy Abraham, Callum Hudson-Odoi…) pour former un collectif efficace. Pour dire vrai, le coach anglais a une multitudes d’options à sa disposition, tant les profils sont différents, polyvalents, intelligents. Et complémentaires ? Imaginer Ziyech renverser le jeu pour Pulisic, qui élimine son adversaire d’un dribble pour centrer vers Havertz, dont la remise en une touche démarque parfaitement Werner, a en tout cas de quoi faire saliver…
Messi et Ronaldo vont-ils suivre une cure de jouvence avec leur nouveau coach ?
Impossible d’imaginer le sommet du foot européen sans eux. Et pourtant, cet été, le dernier carré de la Ligue des champions se jouait sans Lionel Messi ni Cristiano Ronaldo, pour la première fois depuis 2005 ! Si leur efficacité dans la zone de vérité est toujours létale, le FC Barcelone comme la Juventus ont péché dans la construction collective, avant de changer d’entraîneur à l’intersaison. Voilà donc Ronald Koeman et Andrea Pirlo à l’aube d’un challenge colossal : choyer leur superstar et la mettre dans les meilleures dispositions pour performer, tout en (re)posant les bases d’un jeu qui doit moins dépendre d’eux. Respectivement âgés de 35 et 33 ans, Ronaldo et Messi ne sont pas encore sur le déclin, mais leurs efforts doivent être gérés de manière intelligente pour tirer le meilleur de leur instinct de tueur. Ces deux-là ne sont jamais rassasiés. Et on aimerait en profiter encore un peu.
Comment Leipzig et l’Atalanta peuvent-ils continuer de surprendre ?
Surprenants demi-finaliste et quart-finaliste en août dernier à Lisbonne, le club allemand et son homologue italien ont ébloui l’Europe par la qualité de leur jeu, leur esprit collectif et la philosophie de leur entraîneur. Pour espérer confirmer, Gian Piero Gasperini et Julian Nagelsmann vont devoir apporter un second souffle à leur effectif. Si l’approche et le système de l’Atalanta devraient peu évoluer, le mercato a contraint Leipzig à vivre sans Timo Werner, pièce centrale de son jeu offensif. Toujours aussi flexible tactiquement, Nagelsmann a incorporé ses recrues (Alexander Sorloth, Hwang Hee-chan, Justin Kluivert) avec parcimonie, évoluant parfois avec un faux 9. De son côté, Gasperini pourrait apporter une touche de nouveauté en associant Luis Muriel et Duvan Zapata, comme lors de deux des quatre matches de Serie A disputés depuis la reprise. Pour Leipzig comme pour l’Atalanta, la recette générale ne changera pas, et elle reste efficace : le RBL est leader de Bundesliga, alors que les Bergamasques avaient survolé leurs trois premières sorties (4-2, 4-1, 5-2) avant de sécrouler à Naples (1-4).
Quel entraîneur viendra bouleverser la hiérarchie européenne ?
En attendant de voir si les révélations de l’an dernier confirment, frottons-nous les mains à l’idée de découvrir de nouvelles têtes, de nouvelles idées, de nouvelles références. Qui seront les Gasperini et Nagelsmann 2020-21 ? Après avoir fait progresser leur équipe mois après mois en Championnat, Simone Inzaghi (Lazio) ou Julien Stéphan (Rennes) vont se frotter à la réalité du très haut niveau européen, alors que Jesse Marsch (Salzbourg) ou Luis Castro (Chakhtior Donetsk) tenteront de confirmer les promesses affichées en Europe la saison dernière. Mais celui qu’on attend avec le plus d’impatience, on ne va pas le cacher, s’appelle Marco Rose. L’entraîneur du Borussia Mönchengladbach, assisté de René Maric, a apporté sa patte dès son arrivée en Allemagne après avoir dirigé Salzbourg. Son jeu fait de pressing intense, de vitesse et de circuits de jeu très précis sera à surveiller de très près à l’échelle de la C1, a fortiori dans un groupe aussi relevé (Real Madrid, Inter Milan, Chakhtior Donetsk). On en salive d’avance.
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