Formation d’un nouveau gouvernement au Liban

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Le Liban reste plongé dans l’incertitude, plusieurs jours après l’expiration du délai fixé pour former un nouveau gouvernement. Malgré les efforts déployés par la France, le blocage politique persiste autour de l’attribution du portefeuille des Finances, que le tandem chiite composé du Hezbollah et du mouvement Amal refuse de céder.

Les négociations pour former un nouveau gouvernement se poursuivent au Liban malgré l’expiration du délai de 15 jours, promis par les différent camps politiques et annoncé par le président français Emmanuel Macron, le 1er septembre lors de sa visite à Beyrouth.

“Je suis pleinement conscient que nous n’avons pas le luxe du temps”, a concédé le Premier ministre désigné Moustapha Adib, jeudi 17 septembre, lors d’un point presse, alors que les tractations en cours butent toujours sur l’attribution du portefeuille des Finances.

“Nous nous sommes mis d’accord pour donner plus de temps aux consultations” en vue de former un gouvernement, a-t-il déclaré après un entretien avec le président Michel Aoun. Plusieurs sources libanaises ont indiqué que le nouveau délai pour mettre sur pied une équipe ministérielle a été fixé au dimanche 20 septembre,.

Le Premier ministre, qui a laissé entendre qu’il pourrait se récuser en cas d’échec, a dit espérer pouvoir compter sur la coopération de toutes les parties. Selon le quotidien francophone L’Orient-Le Jour, “la cellule de crise française chargée du dossier libanais aurait poussé Moustapha Adib à patienter, dans la mesure où son retrait à ce stade serait un véritable saut dans l’inconnu”.

Paris tente de lever l’obstacle autour du ministère des Finances

La France, qui a appelé mercredi l’ensemble des partis à prendre leurs responsabilités et à “agir enfin dans le seul intérêt du Liban”, multiplie les contacts pour débloquer la question de l’attribution du ministère des Finances.

Le blocage autour de ce portefeuille résulte de l’exigence du tandem chiite composé du Hezbollah et de son allié, le parti Amal, de le voir attribué à une “personnalité chiite”, comme c’est le cas depuis 2014.

Un entretien sur cette question a eu lieu, au cours de la semaine, entre l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, et le responsable des relations extérieures du Hezbollah, Ammar Moussaoui. Plusieurs médias libanais ont indiqué que Bernard Emié, ancien ambassadeur de France à Beyrouth et actuel directeur de la DGSE, avait également participé à la réunion par visioconférence.

Une source proche du parti chiite a même indiqué à L’Orient-Le Jour qu’à l’issue de la réunion, “les Français avaient accepté le principe de l’attribution des Finances à la communauté chiite”.

“Il s’agit d’une condition essentielle aux yeux du tandem chiite, car au Liban, les décrets sont généralement cosignés par le président de la République qui est maronite, par le Premier ministre qui est issu de la communauté sunnite, ainsi que par le ministre des Finances. Ni le Hezbollah, ni le mouvement Amal ne veulent renoncer au contreseing chiite”.

Jusqu’ici, Moustapha Adib s’est toujours dit déterminé à remettre en cause l’attribution des postes ministériels selon une base confessionnelle fixe, afin de mettre une rotation entre les communautés et les portefeuilles.

Un avis qui semble partagé par les ténors de la scène politique sunnite. L’ancien Premier ministre Saad Hariri a estimé, mercredi via son compte Twitter, que le ministère des Finances n’était pas “le droit exclusif” d’une communauté spécifique et que le refus de la rotation des portefeuilles en fonction des communautés a pour objectif de “faire échouer la dernière chance possible de sauver le Liban et les Libanais”.

Le pays du Cèdre dans l’impasse

L’impasse reste donc totale. Dans un communiqué publié, jeudi, le groupe parlementaire du Hezbollah a réaffirmé les exigences du tandem chiite tout en vilipendant “ceux qui forment le gouvernement dans l’ombre”, dans une référence implicite au camp sunnite. “Nous refusons que l’on nomme nos ministres à notre place. Et nous refusons que l’on s’oppose à ce que la composante que nous représentons ne dispose pas du ministère des Finances”, a lancé le parti de Hassan Nasrallah.La marge de manœuvre de la France, très investie au Liban depuis la double explosion du 4 août survenue au port de Beyrouth, semble atteindre ses limites face à un système politique basé sur le confessionnalisme et les marchandages politiciens. Une certaine pratique du pouvoir abhorrée par une grande partie de la population et qui a provoqué, à l’automne dernier, un mouvement de protestation contre l’ensemble de la classe politique, jugée incompétente et corrompue.

Pourtant il y a urgence, puisqu’une aide internationale de plusieurs milliards de dollars a été promise au Liban en 2018, avant même la double explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et plusieurs quartiers de la capitale. Mais ces fonds restent bloqués dans l’attente d’un plan gouvernemental de réformes structurelles et crédibles.

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