Lancement de l’ECO
Avec le prochain retrait du franc CFA au profit de la nouvelle monnaie communautaire, la Banque de France manœuvre avec certains états francophones de la CEDEAO pour continuer d’imprimer la nouvelle monnaie. L’imprimerie de la Banque de France, située à Chamalières, s’inquiète de perdre le marché de la fabrication des billets du FCFA si jamais la nouvelle monnaie africaine, ECO, venait à voir le jour. Interrogé par France 3, Vincent Bonnier, directeur général de la fabrique des billets au niveau de la Banque de France tend la main aux Etats africains pour que l’imprimerie de Chamalières ne soit pas fermée.
Apparemment, la disparition de la monnaie FCFA, utilisée par 14 pays d’Afrique, risque d’avoir des conséquences extrêmement sévères pour la Banque de France contrairement à ce que disent les autorités françaises. En effet, au-delà du fait que le France n’aura plus de représentant au sein du Conseil d’administration de l’UEMOA (Union Economique Monétaire Ouest Africaine) et que les pays qui utilisent la nouvelle monnaie, ECO, ne seront plus obligés de déposer leurs réserves de change en France, le passage du FCFA à l’ECO risque aussi d’avoir un impact très sérieux sur l’activité d’une entreprise française basée à Chamalières, non loin de Clermont-Ferrand.
Il s’agit de l’imprimerie de la Banque de France dont l’une des principales activités est d’imprimer les billets franc CFA. Depuis les rumeurs sur la naissance d’une nouvelle monnaie africaine qui sera baptisée ECO, l’entreprise ne dort plus. C’est son existence qui est désormais en jeu.
« Avec la fin du CFA, la Banque de France perd son meilleur client et fait du lobbying auprès de certains chefs d’état africains pour garder encore les bijoux de la famille »
Pour Vincent Bonnier, le directeur général de la fabrique de billets, « Si jamais on se trouve dans un scénario où l’impression des billets de la nouvelle monnaie est confiée à une autre organisation, cela aura évidemment un impact sur notre activité ».
Interrogé sur France 3, par, Bonnier supplie les autorités africaines à confier la fabrication de la nouvelle monnaie à la Banque de France. « Nous leur avons indiqué que nous étions disponibles pour travailler sur une nouvelle gamme de billets. Pour l’instant, le projet est encore au stade des réflexions menées par les autorités politiques et monétaires africaines », confie-t-il. Il a aussi précisé que les premiers billets de la commande 2021 de la BCEAO commenceront à être imprimés à l’imprimerie de Chamalières septembre-octobre. Le FCFA, une monnaie de plus en plus contestée par la jeunesse africaine mais, qui continue d’avoir le soutien de chefs d’état comme Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire ou Macky Sall du Sénégal.
Rappelons que la décision de changer de monnaie a été annoncée en décembre 2019 par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire, lors d’une rencontre qui s’est déroulée dans ce pays. Lors de cette rencontre, le président Ouattara avait annoncé des réformes en profondeur dans les relations économiques entre l’Afrique francophone et la France : le changement du nom du CFA qui s’appellera en 2020, ECO ; l’arrêt de la centralisation de 50% des réserves de change des pays de la zone CFA au trésor français, la fermeture du compte d’opération et enfin le retrait des représentants de la France de tous les organes de décisions et de gestion de l’UEMOA.
Le président ivoirien justifiait ces réformes par la nécessité de « construire le futur de l’Afrique de manière responsable afin d’attirer les investissements privés, de créer des emplois et de poursuivre le développement économique de nos pays ». Mais, plus loin, Ouattara s’était tiré une balle dans le pied en annonçant que les présidents des pays de l’UEMOA étaient tombés d’accord pour maintenir la parité fixe de la nouvelle monnaie, ECO, avec l’euro.
Depuis, aucune nouvelle n’a été donnée sur l’avenir du FCFA, une monnaie de plus en plus rejetée par la jeunesse africaine qui assimile son existence à une servitude économique voulue par la France pour maintenir les pays africains qui l’utilisent dans l’esclavage perpétuel.
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