Gouvernement d’union
Le Président Macky Sall qui devrait prononcer son Acte 3 de sortie de crise se voit obligé de remettre sine die son adresse à la nation,. Le Chef de file de la coalition BBY dévoilera à la mi-juillet ses nouvelles orientations politiques, selon l’un de ses proches de même que les « décisions de rupture » promises lors de la crise sanitaire. Mais les cartes ne sont pas nombreuses dans la main du chef de l’Etat. En attendant, Macky étoffe sa garde pour la conquête de Dakar en promouvant d’anciennes reliques de la coalition ADK de l’ex maire de Dakar.
Quel changement de cap politique ? Macky Sall avait promis des « décisions de rupture » pour « l’après Coronavirus » mais tout porte à croire que le génie politique du palais continue de fourbir ses armes pour surprendre son monde comme avec la refonte du fichier électoral et la loi sur le parrainage. D’après ses proches, il doit dévoiler les nouvelles orientations retenues au cours de la première quinzaine de juillet après l’échec de la réouverture des classes et la répétition des manifestations de plus en plus violentes sur l’ensemble du territoire national.
Avec les couacs constatés depuis les premiers jours de la pandémie au Sénégal sans oublier les scandales et la reculade de l’état à l’approche de la fin du Ramadan, le chef de l’État va se heurter à deux difficultés majeures pour dérouler « sa feuille de route » : l’une de fond, l’autre de méthode.
Dans le fond, le Président Macky Sall fait tout pour rester ce chef de guerre qui en 2012 s’était rendu chez feu Mamadou Diop mort lors d’un rassemblement à la Place de la Nation mais, les casseroles de son régime ne cessent de faire du tintamarre.
La subite frénésie de manifestations qui s’est emparée du Sénégal a fini par mettre du sable dans les prévisions du pouvoir. En effet, s’il y’a un sujet sur lesquels les Sénégalais sont unanimes, c’est que le Président n’a pas oublié son stylo par lequel il nomme. L’autre fait qui est proche de l’unanimité c’est que le chef de file de BBY semble plus préoccupé par son agenda politique. Les dernières nominations alors que les sénégalais l’attendaient sur d’autres registres , illustrent sa volonté de gagner Dakar et, ce team qui est promu constituera le fer de lance.
Macky Sall va tenter d’évoluer sans paraître se renier. Pas simple, pour le candidat de « l’ouverture » lors de la dernière présidentielle. Réélu presque à contre-cycle, au moment où les nations se referment, les échanges se tarissent, les flux se réduisent. Le souverainisme économique qui affleure déjà dans les discours de l’exécutif n’a pas grand-chose à voir avec le programme de 2019.
A l’époque, le candidat Macky vantait « l’esprit de conquête », l’attractivité sénégalaise dans un monde ouvert, « bradant« au passage les licences d’exploration et d’exploitation de nos richesses naturelles, dépensant sans compter en espérant une rapide plus value des ristournes des multinationales.
C’est donc presque un dernier mandat qui commence, à contre-courant de la libération des forces économiques et du retrait de l’État. Ses réactions à l’encontre des sociétés comme Eiffage démontrent que l’état a besoin d’argent. Et rapidement pour ne pas être dans une posture de cessation de paiement.
Abdou Diouf avait opéré en 1993 le tournant de la rigueur ; Macky Sall doit lui conduire le tournant de la vigueur. La vigueur retrouvée d’un pouvoir politique qui ne répugne pas à intervenir dans le champ économique. Pas seulement comme régulateur mais comme acteur.
Un président obnubilé par l’existence de son parti faisant face à des ambitions souterraines ou visibles pour sa succession, cherche éperdument la méthode.
C’est justement ce qui fait le plus défaut à l’attelage gouvernemental et la pandémie du Coronavirus a fini de mettre à nu ce que bon nombres d’acteurs sociaux et politiques dénoncent comme étant de l’amateurisme, du pilotage à vue. Comment s’en sortir avec cette attente grandissante des Sénégalais et surtout comment éviter le piège d’une autre crise dans la pandémie?
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