L’OMS emet des reserves non justifiees

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Le président Andry Rajoelina s’était invité le 19 avril à la télévision malgache pour annoncer le lancement officiel du médicament préventif et curatif contre le Covid-19, “découvert par les chercheurs malgaches” et devant bousculer l’ordre économique mondial. Une semaine plus tard, le remède baptisé “Covid Organics”, produit par l’Institut malgache des recherches appliquées (IMRA), fondé par le professeur Albert Rakoto Ratsimamanga, fait son bonhomme de chemin en dépit des réprobations de l’Organisation Mondiale de la Santé, des mises en garde de l’Académie française de médecine et des silences prudents de nombre de pays d’Afrique.

Le président malgache continue pour sa part à vanter ce remède préventif qui viendrait renforcer les défenses immunitaires. «On a fait des tests, des personnes sont maintenant guéries par ce traitement», a affirmé en début de semaine M. Rajoelina, sans tirer l’Union Africaine et les médecins africains de cette réserve diplomatique pour les uns et médicale pour les autres. L’homme fort d’Antananarivo ne désespère pas. «Cette tisane donne des résultats en sept jours (…). On peut changer l’histoire du monde entier», a-t-il lancé, faisant fi des placebo et des études randomisées en double aveugle, ces bons vieux protocoles dont la non observation vaut au docteur Didier Raoult de sévères mises en garde de l’Ordre français des médecins.

Pour une fois, certains dirigeants africains semblent opter pour la carte de la solidarité, celle de la diplomatie bienveillante par visio-conférence, en attendant une caution scientifique incertaine. Le président Macky Sall du Sénégal a félicité son homologue dans une démarche diplomatique pour le moins courageuse, commandant, , un lot de la potion magique. Plus explicite encore, le congolais Felix Tshisekedi, recommanderait l’usage de la tisane anti-paludéenne déjà largement pratiquée au Congo et à l’origine du Prix Nobel de Médecine 2015 en Chine. Le médicament à base d’une plante, l’Artemisia, a été administré gratuitement et “volontairement”, tiennent à préciser les responsables gouvernementaux, aux écoliers malgache qui ont repris le chemin de l’école depuis mercredi. Fort de son remède, la grande île a même pris des mesures de déconfinement graduels.

Avec des cas annoncés et aucun décès, Madagascar ne présente pas une situation alarmante mais se voit, à travers ce médicament, sous forte pression médiatique et scientifique internationale. ” Très controversée, l’utilisation de ce végétal se fait contre l’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)”qui peine à justifier cette position. En fait l’OMS semble elle même jouer la prudence, sans doute affaiblie par les critiques à son encontre concernant ses rapports avec la Chine. “Il n’existe pour l’heure «aucune preuve que des médicaments actuels puissent prévenir ou guérir la maladie», juge sans convaincre, l’Organisation reconnaissant cependant que des «remèdes traditionnels (…) peuvent soulager des symptômes du COVID-19».

Sur le terrain, à Madagascar, l’Académie de Médecine semble enfin avoir levé ses réserves sur le “Covid Organics” après un grand moment d’hésitation. «L’Académie Nationale de Médecine soutient la volonté de l’Etat Malagasy dans la recherche de toute solution dans la lutte contre la Pandémie liée au Covid-19 ainsi que les efforts des Scientifiques et Chercheurs malgaches », déclare l’instance précisant que l’administration du médicament contre le coronavirus devrait se faire sous réserve de respecter “les doses indiquées”. Une formule diplomatico-médicale ou une attestation en bonne et due forme ? C’est selon.

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