En Europe et dans le monde
Déjà à l’œuvre ou encore à l’étude, le déconfinement se profile petit à petit, dans l’attente de la découverte d’un vaccin ou d’un remède pour juguler l’épidémie due au coronavirus.
Un à un, les pays européens peaufinent leur plan de sortie du confinement, qui reste un casse-tête planétaire dans l’attente de la découverte d’un vaccin ou d’un remède pour juguler l’épidémie de Covid-19.
La pandémie, qui a fait plus de 200 000 morts sur près de trois millions de contaminés dans le monde, marque enfin le pas dans les quatre pays européens les plus touchés. Ils affichaient, en effet, dimanche des bilans quotidiens de morts en nette baisse : 288 morts en Espagne, 260 en Italie, 242 en France et 413 morts à l’hôpital au Royaume-Uni, le nombre le plus bas depuis la fin du mois de mars.
Ailleurs dans le monde, la Chine poursuit le déconfinement, tandis que les Etats-Unis, pays le plus touché, l’envisagent pour la mi-mai. Le monde musulman doit, pour sa part, concilier jeûne du ramadan et interdiction de rassemblement.
Le déconfinement déjà amorcé par certains pays européens
Dès le 14 avril, l’Autriche a été le premier pays de l’Union européenne à atténuer le confinement qu’elle avait décrété le 16 mars. Les commerces non essentiels de moins de 400 mètres carrés, ainsi que les enseignes de bricolage et jardinage, ont pu rouvrir. Les autres boutiques suivront le 1er mai, à l’exception du secteur de l’hôtellerie-restauration, dont la reprise d’activité se fera « par étapes », à partir du 15 mai. En outre, le port du masque est désormais obligatoire, notamment dans les transports.
Le ministère de la santé jugeant la crise sanitaire « sous contrôle », l’Allemagne a également entamé, le 20 avril, son déconfinement. Mais, fédéralisme oblige, celui-ci sera mis en place de façon sensiblement différente dans les seize Länder du pays. Tous les commerces d’une surface inférieure à 800 mètres carrés ont pu rouvrir leurs portes. L’autorisation vaut aussi pour les concessionnaires automobiles, les magasins de vélos et les librairies, et ce, quelle que soit leur taille.
Considérés comme des « établissements de service où une proximité corporelle est inévitable », les salons de coiffure ne rouvriront qu’à compter du 4 mai. Les lieux culturels, les bars, les restaurants – sauf pour les livraisons –, les aires de jeu et les terrains de sport demeurent aussi fermés. Les grands rassemblements, tels que les concerts ou les compétitions sportives, resteront interdits au moins jusqu’au 31 août.
Le 4 mai est également le jour fixé pour la réouverture des établissements scolaires. Dans un premier temps, elle ne concernera que les élèves en fin de cycle – primaire ou secondaire –, afin que ceux qui préparent des examens puissent les passer comme prévu. En revanche, les crèches gardent portes closes jusqu’à nouvel ordre. Sans l’imposer, la chancelière allemande a recommandé le port de masque de protection dans les transports en commun et dans les magasins.
La stratégie est sensiblement différente au Danemark où, après un mois de confinement, les crèches mais aussi les écoles maternelles et primaires ont pu rouvrir le 15 avril. Les collégiens et lycéens patienteront, eux, jusqu’au 10 mai pour reprendre les cours. Depuis le 20 avril, les salons de coiffure, les instituts de beauté, les tatoueurs et les auto-écoles ont aussi pu reprendre leur activité. Mais les bars, restaurants et centres commerciaux restent clos et les rassemblements de plus de dix personnes sont interdits.
En Suisse, certains commerces rouvrent lundi 27 avril. Sous réserve de respecter les mesures barrières, ce sont d’abord les coiffeurs, physiothérapeutes, médecins, salons de massage, fleuristes, jardineries, ainsi que les crèches qui doivent reprendre leurs activités.
Le confinement y était moins dur qu’en Espagne. Après six semaines cloîtrés chez eux, les petits Espagnols peuvent depuis dimanche recommencer à jouer dans la rue, avec un certain nombre de restrictions, comme l’absence de contacts. Le confinement a été prolongé dans le pays jusqu’au 9 mai inclus, et le gouvernement présentera mardi son plan d’assouplissement. Quelques activités qualifiées de « non essentielles », comme l’industrie ou la construction, avaient déjà pu reprendre il y a deux semaines, après quinze jours d’un arrêt forcé de l’économie.
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L’Italie aussi doit détailler en début de semaine les mesures qu’elle envisage de mettre en place à compter du 4 mai. Dans une allocution, dimanche, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a dessiné les contours de la « phase 2 » de la lutte contre l’épidémie. La clé de tout sera le respect des gestes barrières édictés par les autorités sanitaires et l’usage du masque. Les écoles resteront fermées jusqu’en septembre.
Toutefois, depuis une semaine, peu à peu, les entreprises rouvrent, de façon partielle et avec beaucoup de précautions, comme les librairies, papeteries et magasins de vêtements pour enfants. Et, lundi, les entreprises stratégiques italiennes ont progressivement repris, notamment « les activités productives et industrielles plus tournées vers l’exportation », comme l’automobile ou la mode.
De son côté, la Norvège a fait le choix de rouvrir lundi les écoles pour les plus petits. Une semaine après l’ouverture des barnehager, qui font office de crèches et de maternelles, c’est au tour des enfants âgés de 6 à 10 ans de retrouver les bancs de l’école, dans des classes réduites à quinze élèves.Quand d’autres flanchent encore sur leur stratégie
En France, c’est mardi que le premier ministre, Edouard Philippe, dévoilera sa « stratégie nationale du plan de déconfinement », qui doit débuter le 11 mai, avec notamment une réouverture progressive mais controversée des écoles. Samedi, le conseil scientifique a transmis à l’exécutif son avis sur la sortie progressive du confinement.
Au Royaume-Uni, le premier ministre, Boris Johnson, lui-même frappé par le Covid-19, est de retour au 10 Downing Street. Il a appelé les Britanniques à continuer à respecter le confinement au moins jusqu’au 7 mai, bien que la courbe de la pandémie « commence à s’inverser » au Royaume-Uni. Face à la pression qui monte pour esquisser une stratégie de déconfinement, il a dit comprendre « l’impatience » de la population, appelée à rester chez elle depuis le 23 mars et a promis des décisions « dans les jours à venir ».
Après presque quatre mois de grandes vacances pour cause d’épidémie, en Chine, où est apparu le Covid-19 à la fin de l’année dernière, collégiens et lycéens ont fait lundi une rentrée ultrasécurisée – avec masques et prises de température – dans les métropoles de Pékin et Shanghaï.
A Pékin, seuls les lycéens de dernière année ont été autorisés lundi à revenir en classe pour préparer le gaokao, l’examen d’entrée à l’université. A Shanghaï, ce sont les élèves de dernière année de collège qui ont repris la classe.Toutes les écoles chinoises étaient fermées depuis la fin janvier. Le pays a depuis lors jugulé l’épidémie, avec un bilan officiel de 4 633 morts, mais les autorités redoutent à présent une seconde vague de contaminations avec des cas dits « importés », en majorité des Chinois de retour au pays.
Aux Etats-Unis, pays le plus touché, la reprise prévue mi-mai
Aux Etats-Unis, de loin le pays le plus touché par la pandémie, aussi bien en nombre de contaminations que de décès, la reprise se prépare, comme dans l’Etat de New York, où certaines activités manufacturières et des chantiers pourraient reprendre après le 15 mai. Pour survivre, les food-trucks vont d’ores et déjà chercher les clients là où ils sont confinés en télétravail.
Les habitants de l’Etat de Géorgie ont ouvert la voie du déconfinement vendredi, avec l’ouverture de commerces non essentiels encouragée par le gouverneur, Brian Kemp. Une décision vivement critiquée, y compris par Donald Trump, pourtant partisan de « redémarrer » rapidement l’économie américaine ravagée par la pandémie. Le gouverneur républicain, fervent partisan du président, a autorisé les salles de sport, les bowlings, les ateliers de tatouage, les salons de coiffure et de soins esthétiques ou de manucure à rouvrir. Ils doivent toutefois respecter des « règles de base », comme la distance sanitaire et la limitation du nombre de clients.
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