Colère des émigrés

Read Time:6 Minute, 5 Second

“C’est inacceptable d’occuper une ambassade et d’empêcher les gens de travailler sur la base d’éléments trop légers”

Ancien Directeur des bourses et actuel secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires Etrangères, Moise Sarr se prononce sur la situation des étudiants vivants au Caire. Depuis lundi dernier, ces derniers ont assiégé l’ambassade du Sénégal pour réclamer de meilleures conditions d’existence. Entretien.

Les étudiants établis au Caire ont, depuis lundi 5 Août 2019, envahi les locaux de l’ambassade du Sénégal pour réclamer entre autres, l’équivalence du bac arabe. Qu’en est-il de la situation ?

C’est une situation que nous déplorons dans la mesure où je pense qu’il y a des moyens d’expression dans la vie, voire même une plateforme revendicative sans pour autant être obligés d’occuper les locaux de l’Ambassade au Caire. Sur le point dont vous avez parlé, je veux juste remettre les choses au clair pour rappeler qu’on n’a pas attendu les étudiants sur la question de l’équivalence des diplômes. C’est le gouvernement du Sénégal qui, en 2013-2014, a engagé une grande réforme conduite par l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur Mary Teuw Niane. En 2013, le président de la République avait pris un décret pour instituer le bac national arabe parce que, jusqu’ici, c’était des bacs des associations. Et le constat était que certains jeunes partaient en Egypte et, une fois arrivés, on leur faisait faire des tests. En fonction des résultats, on pouvait même les rétrograder et les inscrire en sixième, cinquième, quatrième ou seconde et rarement en première année d’université.

Qu’est ce qui a changé avec les grandes réformes dont vous parlez ?

Avec la réforme et avec l’institution du bac arabe, nous sommes rendus au Caire et nous avons été reçus par un des responsables de l’institut Al Azhar. Je précise qu’à l’époque, le responsable de l’association des étudiants était parmi nous. Nous avons posé le problème et expliqué cette grande réforme que les autorités avaient appréciée. En février 2018, le ministre Mary Teuw Niane était également au Caire. Il a été reçu par l’imam d’Al Azhar et cette question a été posée.

A la suite de cette rencontre entre l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et l’imam, d’autres rencontres ont été tenues à date régulière et périodique visant à voir comment on pouvait arriver à cette équivalence des diplômes. Donc, c’est un long processus et les autorités n’ont jamais arrêté de traiter cette question. Donc, aujourd’hui qu’on nous dise qu’on va jusqu’à occuper une ambassade après la fermeture des classes pour exiger une équivalence qui est déjà dans le circuit et qui attend une validation administrative me semble un peu superflu.

“toutes les bourses des étudiants sénégalais au Caire ont été payées et entièrement depuis le mois d’avril”

Qu’en est-il du cas Moustapha Niang qui, selon les étudiants, ne perçoit pas sa bourse ?

Je tiens à préciser que toutes les bourses des étudiants sénégalais au Caire ont été payées et entièrement depuis le mois d’avril pour tous les ayants droits qui sont en conformité avec nos textes. Il n’y a qu’un seul, dont le dossier n’est pas conforme, qui n’a pas été payé.

Revenant sur le cas de Moustapha Niang pour ne pas le citer, c’est un élève et non un étudiant. La direction des bourses encore moins le ministère de l’Enseignement supérieur ne peut donner une bourse à un élève. Ce n’est pas un étudiant. Il était en classe de seconde. On m’a même dit que ses résultats sont positifs et il va s’inscrire en classe de première. Imaginez-vous, ici au Sénégal, que la direction des bourses paye à des élèves qui sont inscrits dans des lycées ou dans des collèges. C’est aberrant, ce n’est pas possible. Donc pour moi, ce n’est pas une revendication et, malheureusement, il y a une confusion qui est en train d’être entretenue en disant qu’il y a deux étudiants qui n’ont pas été payés. La bourse est donnée aux étudiants qui sont inscrits dans une institution d’enseignement supérieur. Ce n’est pas le cas pour ce dernier. Donc, j’appelle les uns et les autres à la raison.

Les étudiants parlent aussi de l’augmentation du quota d’étudiants sénégalais de 5 à 25 comme ce fut le cas dans le passé

Nous sommes en coopération avec l’Egypte qui met chaque, année, un certain nombre de bourses à la disposition du gouvernement du Sénégal. Avec la réforme, on avait négocié pour dire que nous avons une orientation stratégique. Laquelle vise à envoyer nos jeunes poursuivre leurs études dans les filières scientifiques à savoir la science, la technologie, l’ingénierie, les mathématiques, l’agriculture. Mais, on a dit en même temps que nous voulons que ce quota soit réservé aux meilleurs. Egalement que ceux qui sont envoyés puissent respecter, au moins, un certain nombre de critères, parmi lesquels il y a l’obtention du bac arabe de manière à pouvoir intégrer l’université et ne plus accepter d’envoyer des jeunes qu’on va rétrograder. Donc, on ne va plus maintenant prendre tout ce qu’on nous donne. On choisit nos places, on choisit nos filières et on envoie des jeunes qui répondent aux critères établis. Par conséquent, il ne s’agit pas de réduire le nombre d’étudiants de 25 à 5 mais plutôt de dire ce que nous voulons par rapport à notre orientation stratégique. Car, nous voulons, après les études, inciter ces jeunes à revenir pour participer activement au développement du pays.

Ils ont également demandé la présence de la commission pour le renouvellement de leur passeport. Est-ce que sur cet aspect il y a des mesures qui ont été prises pour décanter la situation.

Le ministre de l’Intérieur est très attentif à toutes ces questions. Il y a des missions itinérantes qui partent à l’étranger, de manière périodique, pour procéder au renouvellement des passeports de nos compatriotes, si dans ce pays il n’y a pas un bureau de passeport dédié. Nous sommes très sensibles à cette situation. Ils ont été informés et j’ose espérer que, très prochainement, il y aura une décision qui sera prise pour qu’au moins ces passeports puissent être renouvelés.

Les étudiants assiègent depuis lundi l’ambassade du Sénégal. Est-ce que des négociations ont été entamées avec les étudiants pour décanter la situation ?

Je pense que c’est regrettable et c’est inacceptable. On peut revendiquer autrement. On ne peut pas aller occuper une ambassade, empêcher les gens de travailler sur la base d’éléments trop légers. Il n’y pas vraiment matière à discussion. Je demande à ces jeunes de savoir raison gardée, de se retirer de l’ambassade, de laisser l’ambassadeur et les services continuer le travail parce que les autorités sont sensibilisées sur les questions. Et nous travaillons à envoyer une mission qui pourra procéder au renouvellement des passeports de ces derniers. Mais, cela doit se faire dans le calme, la discipline et le respect des institutions.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Previous post Libération de Khalifa
Next post Mort de Binta Sagna
Close