Projet pétrolier en Ouganda
Des ONG attaquent en justice le géant français Total, dont les projets d’exploitation pétrolière en Ouganda ne respecteraient pas une nouvelle loi qui impose aux entreprises françaises un « devoir de vigilance » même à l’étranger. Ces ONG, tant françaises qu’ougandaises, pourraient assigner en justice Total pour violations des droits humains et risques de graves atteintes à l’environnement, notamment.
Six ONG françaises et ougandaises annoncent avoir attaqué en justice le géant pétrolier français Total pour non-respect d’une nouvelle loi qui impose aux multinationales françaises un devoir de vigilance, y compris à l’étranger. Cette action en justice, un précédent sur le plan juridique, concerne la filiale ougandaise de Total et deux de ses sous-traitants. Survie, les Amis de la Terre et quatre associations ougandaises dénoncent le manque de transparence de Total dans un projet à proximité du lac Albert.
Le mégaprojet pétrolier dénommé Tilenga, qui vise à exploiter 419 puits dans six champs pétroliers, pourrait conduire au déplacement de 50 000 personnes et avoir des conséquences graves pour l’environnement, selon les six ONG. Il pourrait affecter, notamment, une zone naturelle protégée dans le parc des chutes Murchison, sur le Nil. Le projet suppose la construction d’une usine de traitement du pétrole et d’un oléoduc pour transporter le brut (200 000 barils par jour) à une raffinerie à Kabaale, ville du district de Hoima, et de là, en Tanzanie.
Dans une mise en demeure envoyée lundi, les ONG demandent à Total de combler ce qu’elles considèrent comme des défaillances. Le groupe français participe à hauteur de 54,9% au projet Tilenga, près du Lac Albert, aux côtés du groupe chinois CNOOC (33,33%) et du britannique Tullow (11,76%).
L’ONG ougandaise Afiego, associée à Survie et aux Amis de la Terre dans cette affaire, dit espérer beaucoup de la justice française. Son directeur exécutif, Dickens Kamugisha, assure que les militants associatifs qui ont tenté de sensibiliser les populations locales aux enjeux environnementaux ont été menacés et leurs locaux, cambriolés. « Nous avons déjà essayé de porter l’affaire devant les tribunaux en Ouganda, assure Dickens Kamugisha. Mais nous sommes maintenant convaincus que c’est impossible que justice soit faite en Ouganda, ce qui explique pourquoi nous avons fait équipe avec des ONG françaises dans l’espoir de mettre un terme aux atteintes aux droits humains en Ouganda. »
Contacté par , le groupe Total assure qu’il commentera la mise en demeure après avoir pris connaissance de l’intégralité du dossier.
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