Paralysie de la Justice et de la santé
A moins que le gouvernement trouve définitivement une solution. Ce, par un dialogue sincère et franc. Sinon, les grèves qui perdurent dans les secteurs de la Santé et de la Justice demeurent un contre poids à la réélection de Macky Sall. Les mouvements d’humeur dans le secteur de l’eau et de l’électricité en 2011- 2012, ont joué un rôle particulier dans la chute du régime de Wade en 2012. Aujourd’hui, ce syndrome guette le pouvoir de Macky Sall. Les électeurs en pâtissent largement des grèves sans cesse dans la Santé et la Justice. Il s’agit des grèves les plus longues dans ces deux secteurs.
Les grèves dans la Santé et la Justice sur toute l’étendue du territoire avec abandon du service minimum, décrétés par les syndicat des deux secteurs stratégiques, a fini de faire des mécontents. Les populations en ont ras-le-bol.
Mballo Dia Thiam n y va pas par quatre chemins : « le service minimum, on l’a abandonné et continue l’abandon de tous les services de santé y compris le PEV. Toutes les régions sont concernées par cette activité de grève ».
Il met en garde le gouvernement en ces termes : « si le gouvernement ne nous appelle pas à la table des négociations, inéluctablement notre plan d’action aura au menu un durcissement de l’activité jusqu’au 150ème plan nous sommes prêts».
La Justice aussi paralysée…
Les travailleurs de la justice sont en grève depuis le 1er octobre 2018, le mouvement paralyse la justice du pays. Greffiers, personnel administratif chargé de délivrer les documents officiels dénoncent le non respect de l’augmentation de leurs salaires promis par l’Etat en avril dernier qui tarde à se concrétiser.
Greffiers et personnels administratifs dénonçent les promesses non tenues par le gouvernement sénégalais notamment sur la hausse des salaires. Dans tout le pays, ils sont près de 1300 travailleurs de la justice. Aucune réunion n’est à l’ordre du jour avec l’exécutif.
« Nous nous attendions à la fin du mois passé qu’il y ait une augmentation des indemnités mais à notre grande surprise rien n’a été fait. Ils ne vont pas nous donner exactement ce qu’ils nous avaient promis, au contraire, ils voudraient revenir à des sommes très en deçà de ce que nous escomptons et cela est très décevant ». greffier, El Hadji Ayé Boun Malick Diop.
Ismaïla Madior Fall, le ministre sénégalais de la Justice s’est dit ouvert au dialogue tout en précisant qu’il y aura des ponctions sur les salaires des grévistes. Cette déclaration est accueillie sans enthousiasme, les travailleurs maintiennent leur débrayage.
Les conséquences tragiques sur les malades du cancer
La grève de l’Alliance des Syndicats Autonomes de la Santé (ASAS) SUTSAS-SUDTUM-SAT Santé/And Gueusseum n’est pas sans impacts. C’est ce que le directeur de l’institut du cancer, Pr Mamadou Diop qui dit être inquiet pour les malades.
Oui, des conséquences tragiques sur les malades du cancer qui font la chimiothérapie.
«On ne peut pas faire la grève avec des yeux fermés et surtout des grèves aussi longues », déclare le directeur de l’institut du cancer sur la Rfm. Prenant l’exemple de l’oncologie, Pr Mamadou Diop d’expliquer qu’«un malade qui a déjà fait sa chimiothérapie, qui a fini et qui doit être opéré au coup de 6 semaines, vous-vous imaginez que ce malade, vue le nombre de patients qui est à l’hôpital, arrive à l’hôpital après avoir été programmé après un délai très long de près d’un (1) mois, il arrive à l’hôpital et on lui dit que le bloc ne fonctionne pas, on est en grève et qu’il doit être reprogrammé encore au bout d’un mois, c’est pas acceptable », peste-t-il.
Selon lui, «on ne peut pas avoir un malade qui a une chirurgie, chez qui il faut faire une radiothérapie à un moment donné pour éviter qu’il y ait une récidive et qu’on dit qu’on fait la grève, ce n’est pas acceptable».
Il est d’avis que ces grèves répétées font perdre aux malades du cancer «le bénéfice de cette chimiothérapie c’est-à-dire les millions qu’il a investi pour se faire traiter, ce malade-là va récidiver, il va faire une chute de sa maladie peut être à un moment donné on ne va plus pouvoir l’opéré». Face à ces conséquences néfastes, le Pr Mamadou Diop invite les syndicats de la Santé à revoir leur mot d’ordre de grève.
Idem dans le secteur de la Justice. Il en a résulté que tout le service public de la Justice a été bloqué. Les audiences ont été renvoyées et la délivrance d’actes administratifs et judiciaires n’a pas été possible. Pendant des heures il n’y a pas eu de justice au Sénégal. L’exercice du pouvoir judiciaire a été sévèrement entravé.
Ainsi, selon le SYTJUST, «l’impact de cette grève est inestimable tant au plan économique qu’au plan social».
Au regard de toutes ces conséquences, nombreux sont les Sénégalais qui ne comprennent l’attitude du pouvoir en place qui a laissé la situation empurée dans les deux secteurs. Et ils n’ont leurs cartes d’électeurs pour exprimer leurs mécontentements. Comme ce fut le cas en 2012. Les conséquences du mécontement populaire suite à la non-fourniture satisfaisante de l’électricité par le régime de Wade.
Macky Sall pourra-t-il échapper à cette colère? Seules les urnes franchiront le 24 février 2019.
Medianet.sn
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