Empêtré dans de la drogue
Un tribunal spécial a condamné le président d’un parti politique d’opposition et riche homme d’affaires, Sébastien Ajavon, actuellement en France, à 20 ans de prison et a lancé un mandat d’arrêt international contre sa personne, dans une affaire de trafic de cocaïne.
“Aujourd’hui nous pouvons dire qu’il n’y a plus d’Etat de droit au Bénin” a déclaré l’un de ses dix avocats, Me Julien Bensimhon, qui dénonce de graves irrégularités dans le système judiciaire, dont l’impossibilité d’avoir accès au dossier de son client ou d’avoir pu prendre la parole pour le défendre lors de ce procès qui a duré moins d’une heure.
Lors de l’audience à Porto-Novo, à la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), un tribunal spécial créé fin août, les avocats de la partie civile ont requis la peine maximale, soit 20 ans d’emprisonnement.
Le jugement devrait être rendu à 16h TU dans une atmosphère très tendue: un important dispositif policier a été déployé avec de nombreux véhicules anti-émeutes et barrières entourant la Criet, empêchant les manifestants d’y accéder.
Les dix avocats de la défense, qui n’ont toujours pas eu accès au dossier de leur client et qui ne savaient pas de quoi M. Ajavon était accusé jusqu’à la première convocation le 4 octobre, n’ont pas eu le droit à la parole, le juge ayant imposé la présence physique du prévenu comme condition pour sa défense.
“Tous les avocats sont muselés, sauf les avocats de la partie civile”, s’est indigné Me Bensimhon, la voix enrouée par la colère. “Ce qu’il s’est passé (pendant l’audience) est inadmissible. Cela fait 34 ans que je suis avocat, et je n’ai jamais eu à vivre une telle situation”, a-t-il indiqué à la presse.
Dans une conversation téléphonique, Me Bensimhon a confié craindre que la peine maximale soit prononcée, prenant l’exemple d’une affaire similaire qui s’est soldée le matin même par 20 ans d’emprisonnement.
M. Ajavon, qui se rend en Europe régulièrement pour les affaires était en France depuis trois jours lorsqu’il a reçu la convocation de la Criet.
Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, était arrivé troisième, et s’était rallié à l’actuel président Patrice Talon.
Mais les relations entre les deux hommes, deux milliardaires qui sont opposants en politique et dans les affaires, se sont vite dégradées, Sébastien Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.
Fin mars 2018, il a relancé sa carrière politique, en fondant son propre parti en vue de la présidentielle de 2020, l’Union sociale libérale (USL).
Medianet.sn
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