Détention d’Ould Ghadda
Alors que doit s’ouvrir à Nouakchott le 31e sommet de l’Union africaine, le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire vient de désavouer l’incarcération de Mohamed Ould Ghadda. Incarcéré depuis près d’un an, cet ancien sénateur a adressé une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron, dans laquelle il taxe le régime de « dictature brutale et impitoyable ».
C’est un camouflet pour le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz : le groupe de travail sur la détention arbitraire du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a rendu public, le 20 juin, un avis appelant à la libération immédiate de l’ex-sénateur Mohamed Ould Ghadda, incarcéré en Mauritanie depuis le 10 août 2017 et inculpé trois semaines plus tard pour des faits de « corruption ».
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L’affaire est partie d’un accident de la route mortel provoqué par M. Ghadda près de Rosso, dans le Sud du pays. Les gendarmes chargés de l’enquête saisissent alors les téléphones portables de celui-ci. Durant les semaines suivantes, ils les feront « parler ».
Accusation de corruption
Sous couvert d’anonymat, des officiels mauritaniens affirment sous le manteau que leur contenu révélerait un vaste système de corruption financé depuis l’étranger par le milliardaire Mohamed Ould Bouamatou. Selon cette version, des proches de celui-ci – dont Mohamed Ould Ghadda – auraient été chargés de verser de l’argent à tous les responsables susceptibles d’entraver la politique du chef de l’État, quelque soit le moyen utilisé : l’information (journalistes), les manifestations (syndicalistes) et le vote (hommes politiques).
Selon ces mêmes sources officieuses, M. Ghadda aurait versé de l’argent à certains de ses collègues sénateurs pour qu’ils refusent de soutenir, le 17 mars 2017, la réforme constitutionnelle supprimant le Sénat. Celle-ci sera finalement adoptée par référendum le 5 août.
Devant le groupe de travail, les défenseurs de l’ex-sénateur avaient fait valoir que son incarcération est arbitraire : selon eux, en effet, sa détention provisoire n’a pas été sérieusement motivée, les raisons invoquées variant à plusieurs reprises (crimes transfrontaliers, diffusion de fausses nouvelles, diffamation). Elle a par ailleurs été décidée en violation de l’immunité parlementaire de l’intéressé. Enfin, son incarcération a été prolongée au-delà des délais légaux.
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