Port de Libreville
Les clients des groupes Bolloré et Olam, tous deux actifs dans la rade d’Owendo, en banlieue de Libreville, ont reçu mi-juin un courrier sibyllin de l’administration gabonaise.
L’Office des ports et rades du Gabon (Oprag), dirigé par Sayid Abeloko et Landry Régis Laccruche Lelabou, le frère du directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga, a demandé à ces sociétés de lui reverser directement les sommes et taxes perçues dans le cadre de l’exploitation du port. Les deux groupes ont aussitôt dépêché, le 14 juin, leurs responsables locaux au siège de l’office afin d’obtenir de plus amples explications.
Avocats. Au siège de l’Oprag, les émissaires d’Olam et de Bolloré ont eu la surprise d’être reçus en présence des avocats Jean-Paul Poulain et Olivier Cren, qui conseillent déjà l’Etat du Gabon dans ses lourds contentieux avec les groupes français Veolia et Eramet. Selon nos sources, les deux juristes ont expliqué que si l’Oprag avait décidé de ponctionner « à la source » le chiffre d’affaires de Bolloré et d’Olam, c’est en raison du régime trop favorable que le contrat de concession du port a accordé au groupe Bolloré. L’Oprag n’avait donc d’autre choix que de « récupérer » ce manque à gagner auprès des usagers du port.
Exonérations. L’objet du mécontentement de l’Oprag et de ses conseils juridiques réside dans l’existence de plusieurs clauses exonérant le groupe Bolloré de diverses taxes. Problème : les termes du contrat de gestion du port d’Owendo ont été négociés par Olam avec l’Etat gabonais, puis celui-ci a été revendu pour 146 millions € à Bolloré, titulaire des droits de gestion du terminal à conteneurs depuis 2007. La cession du contrat, fin 2017, a mis fin au conflit entre le Gabon et Bolloré, qui menaçait de lancer un arbitrage contre le pays.
Depuis une semaine, le cabinet Linklaters, conseiller d’Olam, ainsi que la direction juridique de Bolloré travaillent d’arrache-pied pour répondre à l’Oprag. Les conséquences des demandes de la société nationale portuaire sont potentiellement dévastatrices. A supposer que Bolloré ne puisse plus opérer à Owendo selon les termes du contrat qu’il a obtenu, il devrait réclamer le remboursement des sommes versées à Olam.
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