Esclave en Arabie saoudite…

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Séquestrée pendant des mois, battue, violée, Ramatadou, 33 ans, a réussi à échapper à ses maîtres saoudiens. Elle fait partie de ces centaines de jeunes-femmes mauritaniennes envoyées comme esclaves en Arabie saoudite. La Mauritanie est le pays qui compte la plus grande proportion d’esclaves au monde, bien que la traite d’êtres humains soit officiellement interdite. Via Skype, elle témoigne de son calvaire depuis Nouakchott. Je suis partie en Arabie saoudite en mai 2015 – officiellement pour devenir femme de ménage. Je devais gagner 400 dollars par mois, avec une prime de départ de 200 dollars. C’est Shihab X., un employé du Consulat d’Arabie saoudite à Nouakchott qui, à la fin de sa mission, m’a embauchée avec mon amie Mariam. Nous n’avions pas de passeports, mais l’employé du Consulat et sa fille nous ont fait voyager sur les leurs. Nous avons travaillé 24 heures d’affilée. Une fois à Djeddah, en Arabie saoudite, nous faisions le ménage de cinq grands appartements dans une résidence. Nous nous levions à 6 heures du matin, et nous couchions à 3 heures. Nous n’avions pas le temps de nous reposer, pas même ne nous assoir. Les sévices ont commencé lorsque je me suis plainte de la fatigue. Fatima, la femme de Shihab, elle aussi saoudienne, s’est mise à me battre avec un fouet ou un gourdin. Pour le ramadan, nous avons travaillé 24 heures d’affilée. Pour manger, nous avions les restes. L’été, la famille a décidé d’aller en vacances en Égypte. Ils nous ont emmenées avec eux.

Ils nous avaient “achetés”
Là-bas, un jour, Shihab X. est venu en slip dans notre appartement. Il m’a demandée de lui repasser son pantalon, puis de le lui enfiler. Il a recommencé, à trois reprise. Puis il m’a violée. Par la suite, sa femme a débarqué avec un pistolet, en me demandant pourquoi son mari était venu me voir. Elle m’a dit que, si je franchissais la porte de mon appartement, elle n’hésiterait pas à tirer. Nous avons été séquestrées. Un jour, nous avons pris notre courage à deux mains : nous nous sommes plaintes de leurs mauvais traitements et leur avons demandé de nous laisser partir.

Je n’ai pas touché le moindre dollar
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Shihab X. s’est mis à nous insulter, en scandant toutes sortes d’injures racistes. Il nous a dit qu’il nous avait achetées, qu’on ne le quitterait plus et qu’on mourrait avec lui. Il nous a menacées de nous conduire à la police et de nous accuser de vol. Un matin, il a encore essayé de me violer, mais mon amie Mariam a réussi à l’en empêcher. C’est là que nous avons décidé de nous enfuir, et nous avons rassemblé nos affaires. Quand sa femme est venue nous ordonner de nous mettre au travail, nous avons refusé et demandé à partir. Elle a appelé son mari. Une bagarre a éclaté, et le gardien de l’immeuble est intervenu.
Shihab X. a appelé la police en nous accusant de vol, et nous avons été embarquées. Nous sommes restées détenues 28 jours, avant de passer devant un juge égyptien, qui s’est rendu compte de la supercherie et nous a libérées. L’Office des migrations internationales (OIM) a organisé notre rapatriement en Mauritanie. Bien entendu, je n’ai jamais touché le moindre dollar de ce qui m’avait été promis.

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