Gavage en Mauritanie
L’horreur des femmes
On nous vend du régime à toutes les sauces pour rendre nos corps minces et musclés. En Mauritanie, la réalité est cependant toute autre : l’obésité est traditionnellement un des critères de beauté par excellence et les hommes aiment se perdre dans les replis du corps de leur femme.
Contraintes et forcées
Ces jeunes femmes mauritaniennes contraintes d’absorber de grandes quantités de nourriture pour prendre du poids en un temps record. Elles ont entre 12 et 14 ans, parfois même 7, et ont un régime calorique quatre fois supérieur à celui d’un bodybuilder. Ces jeunes filles sont parfois contraintes de manger 16 000 calories par jour pour correspondre aux critères de beauté des hommes du pays. Cette pratique est surtout répandue dans les campagnes où les parents envoient leurs enfants en « vacances » pour les préparer au mariage. Ces « séjours » se déroulent sous les regards vigilants de gaveuses qui en font un véritable commerce : « Le but est de les nourrir jusqu’à ce que leurs corps gonflent comme des ballons. » raconte Aminetou Mint Elhacen, une des gaveuses attitrées. Et ce, au détriment de la santé de ces femmes qui, devenues adultes, souffrent – entre autres – de diabète et de maladies cardio-vasculaires. Cette pratique se résume à faire manger (très souvent sous la menace) de grandes quantités de nourriture riche en calories prises par doses régulières aux filles et jeunes femmes. Le but est qu’elles deviennent très grosses afin qu’elles correspondent aux « normes de beauté » traditionnelles de la société mauritanienne.
L’explication reste toutefois factice et injustifiable
Les hommes mauritaniens généralement très minces, considèrent les grosses femmes comme étant les plus belles. Les femmes maigres ayant du mal à trouver des maris, elles sont soumises à une forte «pression sociale». Pratique liée à une tradition qui marie les filles dès le jeune âge (12-14 ans), elles ont besoin d’être grosses d’ici l’évènement. D’où le gavage. Dans les zones rurales de la Mauritanie, la plupart des femmes sont très grosses. Mais dans la capitale, Nouakchott, et à Nouadhibou, une ville plus au nord, c’est un peu moins commun.
Dans une petite ville nichée dans le désert du Sahara…
Une femme locale reçoit de l’argent des familles qui y envoient leurs filles pour un «jour férié». Si elles ne mangent pas tout ce qu’on leur donne, elles sont physiquement punies. Comme je disais, la pression sociale est si élevée qu’elles ne peuvent pas vraiment refuser.
Une timide résistance
On trouve maintenant des personnes qui luttent contre. Aminettou Mint El Moctar par exemple, de l’Association de Femmes Chefs de Famille (AFCF). En fait, avant le coup d’Etat du 6 août 2008, il y avait une loi qui interdisait cette pratique. Mais après 2008, ce fut un retour à la case départ et elle s’est de nouveau retrouvée en augmentation. Les jeunes femmes urbaines ont le choix de grossir ou de rester mince, mais elles sont finalement une minorité. Et en raison du poids des coutumes, un changement allant vers un assouplissement de la pratique dans un avenir prévisible semble compromis. Au contraire, il semble qu’il y ait eu une fatwa (avis juridique et religieux d’un spécialiste de loi islamique sur une question donnée ndlr.) prononcée contre Aminettou Mint El Moctar. Cela est révélateur de la manière dont au moins une partie de la population considère ceux (et spécialement si c’est une femme) qui essaient de changer le statu quo.
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