BRÉSIL
Le président Temer
ACCUSÉ DE CORRUPTION ON LE NOMME À LA COUR SUPREME
Le président Temer a nommé Alexandre de Moraes, un de ses fidèles, à la Cour suprême pour freiner l’enquête sur le scandale de pots-de-vin qui éclabousse tout le monde politique brésilien. Ni «savoir juridique notable», ni «réputation irréprochable». Pour ses détracteurs, Alexandre de Moraes ne réunit pas les critères principaux, exigés par la Constitution du Brésil, pour siéger à la Cour suprême du pays, où le Sénat devait malgré tout entériner sa nomination mardi. Et la liste de leurs accusations contre le candidat du président Michel Temer, dont il est le ministre sortant de la Justice et de la Sécurité publique, est longue : plagiat, corruption, violation des droits de l’homme du temps où ce juriste, auteur d’ouvrages de droit, occupait de hautes fonctions à São Paulo.
Michel Temer peut espérer imposer son candidat grâce à une solide majorité parlementaire, soudée autour d’un seul objectif : entraver la tentaculaire enquête dite Lava Jato («lavage express»), sur les détournements de fonds au sein du groupe pétrolier Petrobras. Le secteur du BTP est accusé d’avoir surfacturé ses contrats avec Petrobras pour remplir les caisses des principaux partis. D’abord centrée sur le Parti des travailleurs (PT), l’affaire a provoqué la destitution, fin août, de la présidente Dilma Rousseff, mettant fin à treize ans de pouvoir du PT. Or, Lava Jato a rattrapé le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) de Michel Temer, ainsi que son principal allié, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), formation… de Moraes lui-même, qu’il vient de quitter pour assumer ses nouvelles fonctions. La panique s’est donc emparée de Brasília, alors que le leader du BTP, le groupe Odebrecht, a décidé de collaborer avec la justice. Plus d’une centaine de politiques de tous bords, dont Temer lui-même, seraient en cause, et la Cour suprême est la juridiction compétente pour les juger.
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