Adama Gaye

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La fête dite du mouton, en référence aux moutons qui sont sacrifiés au nom d’un précepte de la religion musulmane, est l’occasion de faire la bombance dans le pays. Il ne faut pas faire la fine bouche: Fêtons donc! Oublions un moment les soucis de la vie et ceux de la ville, et éclatons-nous. La vie doit être belle, cette fête nous vient du…ciel.

Fêter ne doit cependant pas signifier oublier que c’est sur fond d’hypocrisie et de haine généralisées que celles et ceux qui forment la société sénégalaise, ici les musulmans pour l’essentiel, se rendront aux mosquées pour prier.

Comment ignorer la gravité de la crise sociale, sociétale, qui traverse le pays, au point d’avoir changé profondément les mentalités? Même sur les questions de principes, c’est la logique de la vampirisation pour s’en sortir qui prévaut. Voyez comment tous ou presque se terrent pendant que les biens matériels et immatériels du pays sont volés. Observez la tendance des élites, si on ose les appeler ainsi, à se faire porter pâle, à s’effacer alors que montent les périls. Constatez leur ingéniosité à s’exciter pour les débats inutiles mais surtout à redoubler d’énergie pour tenir en place le couvercle du chaudron social qui bouillonne….

C’est le temps du faux, du factice et de la fatuité…De la fracture sociale.

La politique, disons la démocratie comme nous la vivons, fondée sur les prédations, a rendu méchante la société sénégalaise. La générosité et les moments de sociabilité d’antan ne se donnent plus à voir qu’en superficialité…Le fond est une incroyable dégringolade de cet humanisme Senegalensis que nous avons tant d’enthousiasme à revendiquer. Sous le vernis, c’est plutôt l’horreur d’une désagréable comédie humaine…

Si bien que, pour ma part, je ne doute pas que si Dieu avait autorisé l’immolation d’êtres humains à la place des moutons, certains, pour ne pas dire beaucoup, aurait allègrement sauté sur ces potentielles victimes humaines qui se comptent par milliers, voire millions, tant à écouter les palpitations de cette société on entend que jalousie, méchanceté, haine, aigreur, colère, inhumanité….Familles éclatées, amitiés détruites, corporatisme sanglant, religion vandalisée, sociétés politiques criminalisée… Qui ose le nier?

C’est dire que c’est une société malade qui fête, dans l’hypocrisie, un rendez-vous avec son Seigneur. C’est au nombre des arabesqueries du genre: Jummah Mubarak, Eid Mubarak et autres fumisteries de la novlangue sénégalaise que les plus vigilants relèveront le climat ambiant de la fausseté… Que Dieu soit indulgent. Sinon, là-haut beaucoup seront rôtis au four de la géhenne.

Bonne fête….à toutes et tous !

Jumah Mubarak ! Aïd al-Adha Mubarak ! », a écrit le journaliste Adama Gaye.

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