Genève
Six membres du service de sécurité du président camerounais, impliqués dans l’agression d’un journaliste de la RTS (reuters), ont été interpellés et finalement sanctionnés par ordonnance pénale du procureur général Olivier Jornot
L’agression d’un journaliste de la RTS n’est pas restée sans suite. Le Ministère public genevois a annoncé l’arrestation de six membres du service de sécurité du président camerounais, Paul Biya. Une femme et cinq hommes qui ont tous été entendus et confrontés ce mercredi par le procureur général Olivier Jornot. Selon nos informations, les six protagonistes ont été condamnés en fin de journée pour contrainte et appropriation illégitime. Certains l’ont été aussi pour dommages à la propriété. Quatre d’entre eux ont écopé de 4 mois de prison avec sursis et les deux autres d’une peine de 3 mois avec sursis. Ils ont été libérés dans la foulée.
Scène filmée
Grâce aux caméras de surveillance, la police judiciaire a pu identifier les six personnes suspectées d’avoir molesté le journaliste. Adrien Krause, qui filmait une manifestation d’opposants devant l’entrée de l’hôtel Intercontinental le 26 juin 2019, a été légèrement blessé lors de cette intervention musclée et rapide. Certains gardes l’ont immobilisé alors que d’autres s’emparaient de son téléphone, de son porte-monnaie et de son sac.
Ses effets personnels et son matériel professionnel ont été emportés par les sbires du chef d’Etat africain avant d’être restitués dans leur intégralité sur intervention d’un négociateur de la police. Des objets ont été endommagés, précise le parquet.
Passeport diplomatique mais pas d’immunité
Le journaliste en question a déposé plainte pénale immédiatement. Les six personnes ont été interpellées le 2 juillet 2019. Porteuse d’un passeport diplomatique en sa qualité de secrétaire de l’ambassade du Cameroun en Allemagne, la femme a été rapidement libérée mais aucune immunité ne lui a été reconnue pour son séjour genevois comme attachée à la sécurité du président. Les cinq hommes, arrêtés provisoirement, ont passé une nuit au poste après leur première audition par la police.
Le procureur général, chargé de cette procédure délicate, a ensuite confronté les parties en présence du journaliste. Mercredi, en toute fin de journée, les ordonnances pénales ont été notifiées aux six prévenus, pour la plupart assistés d’un avocat. Elles peuvent faire l’objet d’une opposition devant le Tribunal de police.
Protestations officielles
Cette affaire a déjà suscité des protestations de la part de la Confédération, qui a rappelé le respect de la liberté de la presse à l’ambassadeur du Cameroun à Berne. Sur les ondes de la RTS, Antonio Hodgers, président du gouvernement genevois, a également estimé que l’événement était «totalement inacceptable».
Le 29 juin, une nouvelle manifestation, organisée par l’opposition pour protester contre la présence de Paul Biya à Genève, a conduit à l’utilisation de gaz lacrymogène par la police afin de disperser la foule qui menaçait de pénétrer dans l’hôtel. Cette année, la venue du président n’est décidément pas passée inaperçue.
Medianet.sn
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