Francophonie
L’élection à la tète de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le vendredi 12 octobre, de Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires Etrangères du président Kagame, doit beaucoup au soutien d’Emmanuel Macron.
L’heure est désormais à une « francophonie ouverte », pour reprendre l’heureuse expression d’Emmanuel Macron, qui aura mis tout son poids en faveur de l’élection à la tète de l’OIF de la ministre rwandaise des Affaires Etrangères, Louise Mushikiwabo. Place donc à une secrétaire générale dont le gouvernement a mis fin à l’enseignement du français dans les écoles, décrété l’anglais comme langue nationale et affiché sa volonté de se tourner d’abord vers une Afrique de l’est … anglophone.
Et tant pis si le régime rwandais dont la nouvelle secrétaire générale est une des figures emblématiques, piétine allègrement les droits de l’homme et les principes démocratiques, qui sont pourtant inscrits dans les gènes fondateurs de la francophonie. Madame Mushikiwabo, dont le sourire enjôleur masque une poigne de fer, a remis à leur place dans un entretien rendu publlic « les donneurs de leçon » et autres chantres des droits humains qui prétendraient écorner le leadership grandissant du président rwandais, Paul Kagame.
Des querelles historiques enterrées
La francophonie « ouverte » vantée par les deux présidents français et rwandais aura comme épicentre la Silicon Valley et en guise de formateurs, les réseaux sociaux dominés par les GAFA apatrides. Cette nouvelle vision anglo saxonne de l’espace francophone est encouragée par les conseillers diplomatiques du président Macron qui rêvent de lâcher le pré carré sahélien et dont on dit ironiquement qu’ils connaissent surtout de l’Afrique, les capitales que sont Washington et Bruxelles.
Si le choix d’une anglophone, fut-elle pour la première fois une femme africaine, parait assez incongru, il faut se réjouir en revanche du rapprochement voulu par Emmanuel Macron avec le Rwanda. Ce pays est devenu incontournable par ses réussites économiques, sa paix civile retrouvée après des années d’horreurs et son rôle désormais décisif dans les équilibres régionaux africains. Il était temps que le passé soit soldé où l’on vit la France mitterandienne jouer un rôle ambigu, voire désastreux, dans le déclenchement du génocide commis contre les Tutsis par une minorité de fanatiques issus de la communauté Hutu.
Que les remugles du passé soient enterrés, soit, mais il n’aurait pas fallu, pour autant, instrumentaliser la cause de la francophonie, qui reste un atout formidable de la présence française en Afrique.
Medianet.sn
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