Isaac Mbaye, Directeur général de Invictus Capital & Finance
« Nous offrons à notre clientèle, la possibilité de disposer de compte titres libre et de compte titres géré »
Dernière-née des Société de Gestion et d’intermédiation (SGI) au Sénégal, Invictus Capital & Finance créée en 2019, a réussi à se faire rapidement une place. En cinq ans d’existence, elle est devenue la deuxième Sgi du pays en termes de conservation et la 4ème Sgi de l’Umoa en termes de volumes de transactions au termes de l’année 2023.
L’information est donnée par M. Isaac Mbaye, Directeur général de Invictus Capital &Finance. M. Mbaye révèle que la Sgi a eu à arranger et placer, durant cette période, cinq emprunts obligataires pour un montant global de 742 milliards FCFA et un placement privé pour un champion local à hauteur 10 milliards FCfa. Les raisons de cette performance, les domaines d’intervention, l’Intelligence artificielle (IA) sont autant de points abordés.
Isaac Mbaye est titulaire d’une maîtrise en Sciences économiques, option Gestion des entreprises et s’est ensuite inscrit en Dea (Diplôme d’études approfondies) en gestion.
Il a démarré sa carrière en Cabinet d’audit et de conseil, avant d’intégrer le secteur bancaire dans lequel il a accumulé près de 15 ans d’expérience.
Pour rappel, Isaac Mbaye a rejoint Invictus Capital & Finance en août 2021 en tant que Directeur général adjoint, avant d’être promu quelques mois plus tard à la tête de la Direction générale.
Monsieur le Directeur général, quels sont les principaux domaines d’intervention et le modèle d’affaires de Invictus Capital sur le marché ?
Invictus Capital & Finance se définit comme un « one-stop-shop finance ». C’est à ce titre que nous intervenons aussi bien sur :
le trading boursier ;
la conservation de titres ;
la structuration financière ;
le conseil en investissement ;
la gestion sous mandat pour le compte de particuliers, d’entreprises de Per ;
l’optimisation de trésorerie ;
le corporate finance allant de le restructuration de dettes au M&A ;
En somme nous répondons aussi bien aux besoins des entités et/ou personnes à la recherche de financement (à des coûts efficients), qu’à celles qui ont une capacité d’investissement, afin de permettre à ces derniers de battre l’inflation dans un premier temps et de dégager des marges dans un second temps.
Notre modèle d’affaires se base sur l’écoute active, afin de cerner les besoins de nos clients pour leur apporter le cas échéant, les meilleures solutions. C’est un métier qui a priori peut paraitre capitalistique, mais qui demande surtout un engagement moral, éthique, et humain, le tout coiffé par les compétences techniques.
Après plusieurs années de présence active dans l’écosystème financier, quel bilan dressez-vous de Invictus Capital &Finance en termes des chiffres clés et de performance ?
Une grande satisfaction, si l’on en juge par le bilan, car étant la dernière Sgi à avoir vu le jour au Sénégal, plus précisément en 2019, nous sommes devenus aujourd’hui, la deuxième Sgi du pays en terme de conservation et la 4ème Sgi de l’espace Uemoa en termes de volumes de transactions au termes de l’année 2023. Cette croissance réalisée en 4 ans, nous rend très fier, mais elle nous met d’autant plus de pressions pour nous maintenir à ce niveau dans un premier temps, et d’évoluer dans un second temps.
La croissance a été très dynamique à l’image de notre équipe, et nous comptons renforcer notre position en restant fidèle à nos valeurs.
Quels sont les facteurs explicatifs de la performance de 2023
L’année 2023 a bien été préparée en termes d’origination. En effet, nous avons bien suivi l’évolution du marché et avons beaucoup travaillé en amont sur les opérations à lancer. Cependant du côté des Emetteurs, comme celui des investisseurs notamment des investisseurs de référence, les négociations ont pris tout le temps nécessaire, afin que tous les contours soient pris en compte pour un bon succès des opérations. L’objectif essentiel étant d’assurer le placement aux émetteurs et la rentabilité ainsi que la sécurité aux investisseurs.
Quelles sont les expériences de Invictus Capital& Finance en matière de mobilisation des ressources (emprunts obligataires par appel public à l’épargne (Ape), emprunts obligataires par placement privé ? Y a-t-il des défis à relever dans ce sens ?
Invictus en 5 ans a eu à arranger et placer 5 emprunts obligataires pour un montant global de 742 milliards FCFA et un placement privé pour un champion local pour 10 milliards FCFA.
Je tiens à préciser que la bonne structuration de ces opérations a été le garant du succès de leur placement dans les délais, pour toutes ces opérations et cela malgré un contexte économique marqué de plus en plus par une raréfaction de la liquidité.
Les principaux défis résident dans la cooptation des émetteurs, qui sont souvent réticents à venir sur le marché financier régional qui leur parait complexe.
Il y’a aussi celui relatif à la professionnalisation de certaines Pme/Pmi, qui peuvent venir sur le marché à travers le 3ème compartiment du marché actions, ainsi que la structuration de basket bonds, qui eux peuvent regrouper plusieurs Pme/Pmi dans une seule émission obligataire.
Ce sont des chantiers à entamer, mais surtout à bien préparer tant sur le volet juridique que financier.
Dans votre intervention, Invictus s’intéresse entre autres à la négociation sur les titres (valeurs mobilières) à la Brvm et à la gestion déléguée (gestion sous mandat avec un objectif de taux de rendement). De quoi s’agit-il exactement ? Quelles sont les conditions pour l’ouverture d’un compte titres chez Invictus Capital &Finance ?
Effectivement dans le cadre de nos activités courantes, nous offrons à notre clientèle la possibilité de disposer de compte titres libre et de compte titres géré.
Pour les comptes dits libres, la gestion est assurée par le client, qui peut utiliser notre plateforme gratuite en ligne, mais le conseil en investissement sera toujours assuré par nos équipes quoique la décision finale revienne au client.
Nous avons lancé la gestion sous mandat pour les comptes gérés avec un pool d’analystes et un responsable de la gestion en charge de ce volet. Ceci pour permettre aux clients novices ou qui n’ont pas toujours le temps de suivre le marché de prendre ce service qui assure la gestion du portefeuille du client avec un objectif de rentabilité dépendant de son profil risque, qui peut être soit Prudent (portefeuille composé majoritairement de produits de taux) soit équilibré (portefeuille équipondéré en actions et produits de taux) ou dynamique (portefeuille composé majoritairement d’actions). Ce service est destiné aux épargnants à grande capacité et des reportings réguliers leurs sont faits.
C’est un produit sur mesure pour chaque type d’investisseurs, je prends l’exemple des compagnies d’assurance pour lesquels le profil est prudent, mais qui ont des contraintes réglementaires du code Cima en son article 335-1. Pour ces dernières nous calibrons leur portefeuille dans le respect des règles de dispersion et de couverture des engagements réglementés.
Les Sgi sont appelées à jouer un rôle important dans la mobilisation de ressources longues. En tant qu’acteur clé du marché, quelles sont les stratégies déployées par Invictus pour la mobilisation optimale et efficiente de l’épargne nationale ?
Pour nous, il faut adapter les émissions à la duration adéquate au profil de chacun des investisseurs, et au regard du marché, elle peut être différente d’un investisseur à un autre. C’est la raison pour laquelle nous procédons par tranching (émissions simultanées), afin de permettre à chaque investisseur de se retrouver sur une tranche d’investissement dont la durée correspond à celle de la disponibilité de ses fonds (horizon d’investissement).
Il faut cependant trouver d’autres moyens de collecter l’épargne pour toutes les bourses et nous avons entamé des réflexions dans ce sens.
Vous mettez beaucoup l’accent sur la qualité des relations avec votre base d’investisseurs. Comment faire pour trouver des solutions adaptées pour chaque investisseur et émetteur ?
Comme indiqué précédemment, nous basons notre relation avec nos investisseurs sur l’écoute dans un premier temps, pour voir quelles sont leurs attentes afin de trouver le juste milieu, qui permette de croiser de manière optimale l’offre et la demande, aussi bien en termes de taux que de duration et de mécanismes de sureté.
Dans votre portefeuille de placement et d’investissement, quelle est la place du segment Pme? Y a-t-il des choses à améliorer pour rendre optimal ce portefeuille ?
J’avoue qu’il est quasi-inexistant, car les Pme ont plus des besoins de financement pour développer leur activité et avoir une flexibilité de remboursement. Il faut d’abord aider ces dernières à être plus structurées et formelles et par la suite les accompagner dans l’optimisation de leur trésorerie.
Quelle est votre perception globale sur l’attractivité du marché financier sous régional, compte tenu notamment du contexte actuel de l’environnement économique et financier ? Y a-t-il des contraintes ?
Vous savez, rien n’étant parfait, il y’a toujours des choses à améliorer, notamment en termes de réglementation, de structuration de nouveaux produits, de dynamisme du marché actions comme obligataire.
Avec l’Association Professionnelle des Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (APSGI) nous nous attelons à développer des réflexions allant dans le sens d’une amélioration/modernisation du marché ; et nous sommes heureux de remarquer que cet élan est partagé aussi bien par le régulateur que par les organes centraux.
L’intelligence artificielle (IA) impacte aujourd’hui l’activité financière, Comment Invictus perçoit et se prépare –t-elle pour faire face à l’IA que beaucoup d’acteurs considèrent comme une révolution historique qu’il ne faudrait pas rater ?
Nous sommes des fondamentalistes et à ce titre, nous jugeons que l’IA est prématurée pour notre marché en premier du fait de son niveau de dynamisme. L’IA a une approche plutôt stochastique, qui compare le niveau de la clôture du cours à son plus-haut et à son plus-bas enregistrés sur une période donnée. Du coup, elle reste peu adaptée à notre marché, qui est plutôt efficient et qui répond aux annonces et publications.
Aujourd’hui dans tous les investissements, il ya un volet important qui est consacré à la finance verte et cela va aller crescendo. Les investisseurs orientent leurs placements et veulent des produits financiers qui intègrent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance Esg . Y a –t-il un cadre réglementaire dans notre zone ? Invictus est-elle déjà prête à se lancer à la collecte de titres verts ?
Effectivement de plus en plus d’investisseurs sont orientés obligations vertes et l’Amf-Umoa a bien intégré ce facteur en établissant un cadre réglementaire adéquat au lancement d’obligations vertes sur notre marché. Et plusieurs agences de notations travaillent sur le sujet en leur qualité de Spo (Second Party Opinion).
Le marché sera bientôt prêt à les accueillir, et pour répondre à votre deuxième question nous espérons que nous ferons partie des précurseurs de ces émissions sur le marché financier régional.
Les Fonds communs de placement (Fcp), véhicule de placement collectif sont de plus en plus prisés par les petits porteurs. Qu’en est -il de l’offre de Invictus le cas échéant ?
Nous le comprenons très bien et avons des partenaires Sociétés de Gestion d’OPCVM avec lesquels nous travaillons, afin d’offrir à nos investisseurs la possibilité de souscrire à des Fcp.
Quels sont les projets et chantiers en cours de Invictus?
Nous en avons plusieurs, car nous sommes constamment à la recherche de nouvelles opportunités et pouvons vous assurer que vous verrez très prochainement l’aboutissement des chantiers en cours.
Monsieur le Directeur général, votre mot de la fin
Des remerciements adressés à nos clients émetteurs et investisseurs qui ont eu confiance en nous dès le début, et qui sont toujours dans cette même lancée. Une mention spéciale également à toute l’équipe d’Invictus Capital & Finance pour leur engagement sans faille ainsi que leur dynamisme.
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