La CIA met en garde Donald Trump «Pas touche aux Frères musulmans !»
John Brennan, directeur de la CIA Dans un rapport élaboré fin janvier dernier et révélé par le journal Politico, la principale agence de renseignement américaine a mis en garde le nouveau président des Etats-Unis contre un éventuel classement de la confrérie des Frères musulmans comme organisation terroriste, tel que suggéré par Donald Trump et son entourage au lendemain de son élection. La direction de la CIA justifie cette réaction par sa crainte qu’une telle décision «attiserait l’extrémisme» et surtout «nuirait aux relations entre Washington et ses alliés». Prenant ardemment la défense des Frères musulmans, les experts de la CIA expliquent que cette organisation, «qui a des millions de partisans à travers le monde», rejetterait la violence dans le cadre de sa politique officielle et s’opposerait à Al-Qaïda et Daech. Et d’arguer que «seule une petite minorité» des adhérents à cette organisation ont versé dans la violence, et que cela se produit souvent «en réaction aux exactions cruelles du régime (dans les pays où active cette organisation) ou dans des cas d’occupation étrangère ou de guerre civile». Ce rapport révèle l’existence de représentations dans plusieurs pays arabes, citant la Jordanie, le Koweït, le Maroc et la Tunisie.
Les experts de la CIA préviennent alors qu’une éventuelle stigmatisation des Frères musulmans risque de «déstabiliser ces pays et (de) nourrir l’extrémisme et la colère des musulmans dans le monde entier». Les rédacteurs estiment que les Frères musulmans «jouissent d’un large appui dans les régions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord» et que les Arabes et musulmans du monde entier jugeraient un éventuel classement de la confrérie comme organisation terroriste «comme une atteinte à leurs valeurs religieuses et sociales vitales». Pour eux, l’inscription des Frères musulmans sur une liste noire «fragiliserait à coup sûr l’engagement des leaders de la confrérie contre l’usage de la violence et aiderait davantage Daech et Al-Qaïda à recruter de nouveaux éléments et à bénéficier de plus de soutien, notamment dans d’éventuelles attaques contre les intérêts américains», préviennent les experts de la CIA dans leur rapport. Il faut rappeler que Washington, sous le règne de Barack Obama, s’est déjà opposé à la dissolution de la secte des Frères musulmans en Egypte, décidée par le président Abdelfattah Al-Sissi, suite aux événements tragiques qui ont suivi la chute du président Mohamed Morsi, en juillet 2013. Les Etats-Unis avaient été les premiers à applaudir l’avènement d’un président islamiste à la tête de l’Etat qu’ils présentaient comme un modèle d’émancipation démocratique dans la région du Moyen-Orient. Or, durant le procès des principaux dirigeants de cette confrérie, conduite par Mohamed Badie, ces derniers étaient accusés d’entretenir des relations avec des services secrets étrangers.
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