Djibril Seck-Coordonnateur du MSU : « Nous poursuivons la voie tracée par le Président Mamadou Dia »
Coordonnateur du Mouvement pour le Socialisme et l’Unité, Djibril Seck, en digne héritier du président, Mamadou Dia a démissionné de ses fonctions dans la haute administration Canadienne pour rentrer au bercail et servir sa patrie. Dans cet entretien, il apprécie la situation politique et se prononce sur des questions d’actualité.
Le Msu est de l’opposition, notamment du F24. Où en êtes-vous avec cette plateforme ?
Nous avons intégré la plate-forme du F24 au nom de la démocratie et des libertés individuelles. Nous avons participé à des réunions de la plateforme tenues au siège de la grande coalition Guem Sa Bop. F24 est composé d’organisations de la société civile qui le dirigent et de partis politiques. Du fait que la plate-forme est dirigée par la société civile pour éviter certaines influences, il arrive que les politiques éprouvent des difficultés pour faire passer certaines stratégies. Mais l’essentiel est que nous y restons pour engager avec les membres, des combats citoyens. Pour nos activités au niveau du Mouvement pour le Socialisme et l’Unité ( Msu), nous sommes sur la voie tracée par son fondateur, Mamadou Dia. Nos actions s’inscrivent en droite ligne du socialisme et de l’unité. Le maodo avait même mis en place un socialisme autogestionnaire basé sur le système coopératif. Nous poursuivons nos actions de massification du parti. Mais puisque nous nous acheminons vers la présidentielle de 2024, nous allons intégrer la bonne coalition pour ne pas dire le bon pôle qui prend en compte les aspirations du parti que sont la lutte contre les inégalités sociales et pour l’instauration d’une justice sociale.
La situation politique actuelle est tendue. Que faut-il faire pour l’apaiser ?
Il faut tout simplement respecter les règles de la démocratie et de l’Etat de droit. C’est se soucier du développement du pays à travers une approche inclusive qui respecte les droits et idées de tout un chacun. Tout citoyen à droit à participer à la gestion du pays. Si les règles qui fondent la démocratie sont respectées, la situation s’apaisera d’elle-même pour le grand bonheur de tous les Sénégalais
Le régime du Président Sall vante ses avancées démocratiques face à une opposition qui le taxe de dictatorial. Qu’est ce que la dictature ?
En droit, un régime politique dictatorial est caractérisé par la concentration des pouvoirs ( législatif, exécutif et judiciaire) dans les mains d’un acteur politique dominant, qu’il s’agisse d’un individu, d’un parti, de l’armée, etc. Ce mode de gouvernement très autoritaire est généralement issu de (et basé sur) la violence, la répression de l’exercice des droits individuels et des libertés publiques et l’intolérance face à toute forme d’opposition.
Le dialogue politique a accouché d’un code électoral modifié qui remet en selle Khalifa Sall et Karim Wade. Est-il juste de les réhabiliter ?
Je l’ai dit et répété. Ces personnalités politiques qui ont été condamnées sur la base de procédures initiées par l’Etat contre eux pour détournement de deniers publics n’ont aucune légitimité pour être candidat à la présidentielle. Cette réhabilitation est contraires aux idéaux de la bonne gouvernance. Une sorte de porte ouverte à la mal gestion. Comment peut –on condamner des personnes pour détournement de deniers publics et favoriser leur retour aux affaires. Le pays a besoin de nouvelles têtes pour sa gestion. On ne peut pas changer le système avec des produits du système et pour cela, il nous faut des dirigeants qui n’ont jamais été aux affaires.
La crainte d’une élection présidentielle sélective est agitée quelque part…Est vous du même avis ?
Le parrainage est déjà un filtre qui a eu à retenir des candidats représentatifs et très crédibles pour solliciter le suffrage de leurs concitoyens. Le parrainage des députés étant bien sûr une chance pour l’opposition de contourner la sélection, le pouvoir a voulu le faire disparaître par la dissolution de l’Assemblée. Il ya également aussi la publication de la liste des candidats qui est faite par le conseil constitutionnel sans possibilité de recours. Si pour les autres matières, le législateur Sénégalais a institutionnalisé la règle du double voir du triple degré de juridiction, pour la publication de la liste des candidats, aucun recours n’est possible contre la décision du conseil constitutionnel dont les membres sont choisis par le Président de la République. La loi électorale Sénégalaise doit évoluer pour donner la chance à ceux qui sont recalés au niveau du conseil constitutionnel, de pouvoir faire appel. Pour cela, il faut l’instauration d’une structure qui publie en premier la liste et au conseil constitutionnel de statuer en dernier recours. Tant que cette imperfection du droit électoral Sénégalais ne sera pas corrigé, des candidats continuerons à crier à une élection sélective. Il ya actuellement une cinquantaine de candidats déclarés mais l’idéal est que des discussions doivent être engagées au sein de l’opposition pour trois ou quatre candidats au plus de maximiser nos chances de remporter cette présidentielle qui ne gagnera pas au premier tour.
L’actualité c’est aussi le dra me des pirogues des migrants et les coups d’Etat. Quelle est votre opinion sur ces questions
Pour les jeunes qui empruntent les pirogues pour rallier l’Occident, je leur conseille de garder l’espoir et rester au pays. Ce phénomène des boat people est la résultante de l’échec des politiques publiques de jeunesse. Voyager est un droit mais pas dans ces conditions. Les candidats à ces voyages sont dans une extrême pauvreté qui les pousse à défier les vagues pour aller en Europe. Une bonne distribution des ressources de nos pays pourrait encourager ces jeunes à rester au bercail. Il faut également que l’emploi soit revalorisé à travers des salaires raisonnables. Sur le cas des coups d’Etat qui se multiplient en Afrique et dans la sous région, je ne saurais les cautionner. Les militaires n’ont pas vocation à diriger et le risque est grand que ceux qui font un coup aujourd’hui soient victimes quelques temps après d’un autre coup. Les coups d’Etat sont déplorables mais il faut également que la classe dirigeante en Afrique revoie sa façon de gérer les biens publics. Dans les pays où la démocratie et la bonne gestion sont respectées, il ya pas de place pour un coup d’Etat.
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