Macoumba Diouf-Dg Horticulture sur le prix de l’oignon : « Le Sénégal produit assez d’’oignons pour sa population »

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Directeur général de l’Horticulture du Sénégal, Macoumba Diouf qui trouve injustifiée  la flambée du prix de l’oignon,  déclare qu’il s’agit d’une spéculation inacceptable organisée sur le dos  du contribuable et du consommateur.

Le prix de l’oignon a atteint un prix jamais égalé au moment où l’on parle d’autosuffisance du pays en cette denrée. N’est-ce pas paradoxal ?

L’oignon est avec la pomme de terre et la carotte une légume de grande consommation. C’est une denrée qui fait l’objet d’une grande attention de la part de l’Etat.  C’est pourquoi, à son arrivée au pouvoir en 2012, le président Sall qui a décliné sa vision  pour l’agriculture, a indiqué la voie à suivre pour une autosuffisance en ces légumes. Il  a injecté des moyens pour  l’accompagnement.  Ainsi, à partir de 2014, avec le programme de yonou yokouté  du Pse qui met au devant les jeunes et les femmes et avec l’ application des orientations contenues dans le Programme d’accélération de la cadence agricole du Sénégal ( Pracas) pour la période 2014-2018, il ya eu des effets. L’agriculture étant ciblée pour être le moteur de l’économie Sénégalaise avec la fixation d’objectifs pour 4 filières.  Pour l’oignon qui en  fait partie, il a été fixé un objectif de 350 000 tonnes en fin 2016 et un accroissement des exportations des légumes pour un objectif de 157  000 tonnes.

En fin  2015, le Sénégal a produit 365.500 tonnes soit 17500 de plus  avant échéance. Cela veut dire que depuis 2015 , le Sénégal est autosuffisant en oignon. A l’époque les besoins étaient de 250 000 tonnes. Avec l’augmentation de la population, les besoins ont augmenté et la production aussi.

Y-a-t-il entre temps une baisse de la production pouvant justifier cette inflation sur le prix de l’oignon ?

Entre 2015 à maintenant, la tendance à la hausse de la production a été maintenue. A 367500 tonnes en 2015, on est passé à 420 000 tonnes l’année dernière et à 398 000 tonnes cette année. La moyenne des 5 dernières années étan t donc de 400.000 tonnes par an pour des besoins actuels de 320000 tonnes au plus.  Même avec les pertes on se retrouve avec une marge de 20000 tonnes par an. Si le Sénégal continue d’importer de l’oignon à partir du mois d’octobre  jusqu’en décembre, c’est parce qu’on a un déficit en infrastructures d’stockage.  L’année dernière, l’enfouissement de production  d’oignons par des producteurs  qui ne pouvait pas la garder est en une preuve.  Pendant 9 mois le marché est approvisionné avec la production locale. Mais si on ne règle pas la question du stockage ont continuera à importer de l’oignon pendant 3 mois.

Qu’est ce qui s’est passé pour le prix flambe alors qu’on n’est pas en octobre ?

C’est une curiosité car le prix n’a pas attendu cette période pour grimper. L’inflation  a commencé avec la Tabaski pour un prix qui est allé jusqu’à 900 frs le Kg.  Cela veut dire que cette hausse est  programmée par les commerçants.  Lors de la Tabaski où une hausse  a été constatée, il y’avait assez d’oignon pour un prix raisonnable.  Avec le ministre de l’agriculture, Aly Ngouye Ndiaye, nous avons visité à Kirène une société qui s’appelle QVS qui disposait dans ses entrepôts de 5000 tonnes. La principale  conclusion est que cette hausse du prix jusqu’à 1200 frs n’est rien d’autre que de la spéculation. Il ya aussi le fait que cette année, les producteurs qui évitent que leurs stocks d’invendus pourrissent entre leurs mains, ont exporté de l’oignon.   La spéculation est organisée en violation de la fourchette de prix qui a été retenue lors du conseil présidentiel sur la vie chère. Cette fourchette qui a été acceptée par tous les acteurs du producteur au transporteur en passant par le grossiste  et le détaillant,  fixait le prix de l’oignon local entre  un prix plancher de 300 frs et un prix plafond de 500 frs. Pour celui de l’oignon importé, c’est entre 400 frs et 600 frs.  Cette fourchette gérait les intérêts de tout le monde mais malheureusement une spéculation a été organisée sur le dos du contribuable et du consommateur.

Y’a-t-il moyens d’éviter cette  inflation ? 

Cela pose la question des solutions pour cette filière. Il nous faut d’avantage d’infrastructures de stockage de l’ordre de 150 000 tonnes par an. Ça permet de garder pendant la courte période de 3 mois , de l’oignon.  Mais il faut pour cela, l’implication du secteur privé. Les infrastructures étant commerciales, l’Etat peut accompagner comme il le fait en consentant 85 milliards pour des infrastructures de conservation mais il faut plus.  Du grossiste au détaillant, ils ne stockent pas pour longtemps. Le stockage est un métier et permet à des pays comme la Hollande et le Maroc qui nous vendent de l’oignon qu’ils conservent. L’ Etat a amorcé le travail mais il faut un partenariat public privé pour régler la situation. L’autre solution capitale est le contrôle et la sanction pour éviter la spéculation. Il faut contrôler pour savoir qui spécule avant de sanctionner. Les mêmes dispositions qui ont été prises sur le prix du sucre doivent être appliquées à l’oignon. Il faut enfin, encourager la recherche scientifique pour des variétés qui  permettent sa disponibilité pendant toute l’année.

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