Armes et munitions saisies au Port : Le dossier passe à la barre
Le dossier du navire ‘’MV Eolika’’, battant pavillon guyanais, arraisonné au port de Dakar en janvier 2022, avec des munitions et armes d’une valeur de 3 776 600 000 F CFA, a été évoqué hier, à la barre de la Chambre correctionnelle du tribunal de Dakar. Au nombre de quatre, les prévenus, de nationalité ukrainienne et grecque, ont tous contesté les faits qui leur sont reprochés.
L’instruction du dossier ‘’MV Eolika’’, bateau battant pavillon guyanais saisi au port de Dakar avec des munitions et des armes de guerre d’une valeur de 3 76 600 000 F CFA bouclée depuis le 31 janvier dernier, les quatre présumés contrebandiers ont enfin fait face, hier, aux juges de la Chambre correctionnelle du tribunal de Dakar.
V. Dovzhuk, Th. Rellos, P. Volodymyr et T. Vadym ont répondu des chefs de contrebande portant sur des armes et munitions, transport, entreposage et importation illégale d’armes et de munitions sans autorisation.
Selon l’économie des faits, le navire a accosté au Port autonome de Dakar, le 23 décembre 2021. Mais les mouvements suspects avaient poussé les douaniers à faire des vérifications. La première a permis de découvrir que le navire n’avait pas de manifeste. Le second contrôle effectué le 7 janvier 2022 a permis de découvrir 2 000 000 d’unités de balles réelles de calibres 5.56 mm, 100 000 unités de balles à blanc de calibre 5,56 mm et 1 108 000 unités de balles réelles de calibre 9 mm. Selon toujours les éléments de la procédure, les agents des douanes ont trouvé aussi 1 356 métriques tonnes de tôles et plaques laminées à chaud et à froid, et des tôles galvanisées dans les deux cales du navire ainsi que trois conteneurs numérotés Roxu 0327813, Roxu 0482759 et SGCU 2183845 placés côte à côte et dont les numéros avaient été retouchés grâce à des colles.
Interrogé, le capitaine V. Dovzhuk a laissé entendre qu’il ignorait la nature de la marchandise transportée, puisqu’elle était scellée au moment de l’embarcation en Italie. Il ajoutait que Th. Rellos avait promis de lui envoyer, par mail, les documents, une fois arrivé à Dakar. Lorsqu’il a été entendu à nouveau, le capitaine a soutenu que leur destination était la République dominicaine. Mais suite à une cessation collective de travail des membres de l’équipage, la compagnie l’avait envoyé à Dakar, afin d’en profiter pour réparer certains appareils de navigation.
Mais, Th. Rellos a pris son contrepied en déclarant que l’escale de Dakar était prévue, depuis le départ. Il a confié également avoir remis tous les documents à V. Dovzhuk. Puis, il a réfuté la violation de la réglementation maritime internationale, en alléguant être venu directement d’Athènes sans le navire.
‘’Ces munitions sont destinées à la République dominicaine’’
P. Volodymyr et T. Vadym, surpris en train de retoucher les numéros des conteneurs suspectés au cours de l’enquête, ont déclaré avoir agi sur les ordres de V. Dovzhuk. Ce dernier, devant le magistrat instructeur, a varié dans sa version. Il a déclaré que les papiers du navire sont tombés dans l’eau, lors d’une tempête, car Th. Rellos les avait posés sur une petite table lors de l’embarquement. Mais, Th. Rellos a confirmé que le capitaine savait ce qu’il transportait.
À la barre, le capitaine du navire a varié dans ses déclarations et a soutenu qu’il n’ignorait pas qu’il transportait une marchandise dangereuse. À propos du manifeste, il a soutenu qu’il s’est détérioré lors d’une tempête.
Selon les représentants de la douane, 48 heures avant l’arrivée du navire, le capitaine doit envoyer le manifeste dans la plate-forme Gaindé. Ce que celui du ‘’MV Eolika’’ n’a pas fait. Il a précisé aussi qu’après avoir été en mer pendant deux semaines, ils ont obtenu l’autorisation d’accoster au poste 64. Dans ses conclusions, la douane a réclamé la somme de 14 milliards 66 millions 400 mille francs CFA.
Le parquet, qui a requis cinq ans d’emprisonnement, dont trois ans ferme, a demandé que la peine soit associée aux conclusions douanières.
Selon les avocats de la défense, les prévenus sont victimes manifestement de l’empressement des autorités douanières pour des choses qui ne se justifient nullement. ‘’Moins d’un mois après le déclenchement des poursuites, le ministre de la Justice a envoyé une lettre. Il a mentionné que le ministère des Affaires étrangères a reçu une note des autorités italiennes qui demandent de préserver les munitions. Venant de l’Italie, ces munitions sont destinées à la République dominicaine’’, a révélé Me Seydou Diagne.
Puis, la robe noire a invité le procureur à arrêter de parler d’armes. ‘’Dans la cargaison, il n’y a que des munitions et du fer’’, a-t-il précisé. Ses confrères et lui ont sollicité la relaxe des prévenus. Selon eux, ils ont assez souffert en prison.
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