Immobilier
Promoteur de l’un des plus gros projets du Burkina Faso, Saidou Tiendrébéogo accélère la diversification de son groupe et envisage déjà son introduction à la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan.
Au début du mois de mai, à l’occasion de l’inauguration des locaux de sa filiale consacrée à l’immobilier, au centre de Ouagadougou, Saidou Tiendrébéogo, fondateur de la Compagnie générale des entreprises (CGE), 53 ans, confirmait vouloir accélérer la mise en chantier de la nouvelle ville de Yennenga.
Baptisée du nom de la princesse guerrière à l’origine du royaume mossi, qui a aussi inspiré le prestigieux prix du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), la nouvelle cité est le plus important chantier entrepris à ce jour par CGE.
Elle sera construite sur une superficie de 678 ha, à 15 km au sud de la capitale burkinabè. Douze milliards de F CFA (18,3 millions d’euros) ont déjà été mobilisés par son promoteur pour effectuer les travaux de viabilisation du site.
Dynamique et attractive
C’est l’une des premières opérations immobilières portée par un privé dans le pays, avec le projet de zone d’activités commerciales et administratives de Ouagadougou et la transformation du village de Bassinko, au nord de la capitale, censé accueillir près de 84 000 personnes.
CGE, qui est intervenu sur ce dernier projet (8 milliards de F CFA injectés dans la construction de 1 232 maisons), pourra capitaliser sur cette expérience au bilan pour le moins mitigé, notamment parce que l’État n’a pas viabilisé les terrains avant la construction des lotissements.
CGE COMPTE BÂTIR YENNENGA POUR CRÉER UNE AGGLOMÉRATION DYNAMIQUE ET ATTRACTIVE OÙ L’ON DORT, S’AMUSE ET TRAVAILLE
« CGE compte bâtir la ville de Yennenga sur dix voire quinze ans, pour créer une agglomération dynamique et attractive où l’on dort, s’amuse et travaille », explique à Jeune Afrique la direction de CGE Immobilier. Le coût de ce chantier – pas encore précisément chiffré – dépassera plusieurs centaines de milliards de F CFA, selon nos informations.
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Cette agglomération est conçue pour accueillir jusqu’à 100 000 habitants. Trois offres de logements – sociaux, économiques et haut de gamme – seront disponibles à des prix compris entre 8,5 millions et plus de 30 millions de F CFA. Sur les 20 000 parcelles prévues, 2 500 ont déjà trouvé preneur.
Alternance de zones d’habitation, de commerces et de bureaux
CGE envisage d’assurer seul la construction de la moitié d’entre elles, le reste étant destiné à l’autoconstruction ou à d’autres promoteurs. Les banques locales comme Coris Bank International et Société générale Burkina Faso ont noué des accords avec Saidou Tiendrébéogo pour accompagner les ménages qui voudront financer l’acquisition de leur logement.
D’après le plan d’urbanisme conçu par le consortium ivoiro-burkinabè 3AU-Cauri en lien avec les pouvoirs publics, le cœur de la ville, étalé sur une centaine d’hectares, est cerné par un boulevard principal qui, vu du ciel, symbolise l’œil de la princesse guerrière. Autour, le promoteur prévoit une alternance de zones d’habitation, de commerces, de bureaux, ainsi qu’un parc d’attractions de 28 ha avec à proximité un complexe hôtelier.
Déjà dans les cartons avant l’éviction du président Compaoré, le projet a démarré durant la transition politique menée par le président Michel Kafando et a, par la suite, reçu le soutien du président Kaboré. Yennenga entend pallier le déficit de logements, estimé par CGE à 200 000 unités à Ouagadougou.
« Diversification contrôlée »
Fondé en 1996 alors que Saidou Tiendrébéogo n’avait pas encore 30 ans, CGE a profité des dernières années pour accélérer sa croissance. « La progression de notre chiffre d’affaires tourne autour de 15 % à 20 % par an », confie le patron, issu d’une famille de grands commerçants et de la noblesse mossie (son père ayant servi le Palais royal de Ouaga).
Considéré comme le fleuron burkinabè du BTP, CGE entend grâce à Yennenga affirmer son leadership dans l’immobilier, où il est en concurrence avec le groupe Ebomaf, de Mahamadou Bonkoungou. « C’est une diversification contrôlée », indique le PDG.
CGE, qui affichait un chiffre d’affaires de 30 milliards de F CFA en 2017, a aussi étendu progressivement ses activités à la location de matériel lourd (Carterpillar, pelleteuses, etc.) et à la distribution de matériaux de construction. Actuellement, l’entreprise peut déjà compter sur un carnet de commandes de l’ordre de 15 milliards de F CFA.
À la différence de nombreux entrepreneurs burkinabè qui ont appris sur le tas, Saidou Tiendrébéogo est diplômé de l’École nationale des travaux publics de l’État (Lyon).
L’ingénieur, qui a fait ses armes chez Fadoul Technibois, l’un des pionniers du BTP au Burkina, à l’instar du groupe OK, du défunt Oumarou Kanazoé, est réputé pour la qualité de ses ouvrages. « Des réalisations sur lesquelles il ne fait pas de marges excessives », assure une source. Désormais présent en Côte d’Ivoire, au Niger et au Sénégal, il projette déjà de bâtir un groupe panafricain.
Introduction en Bourse
Plutôt que d’exacerber la rivalité avec Mahamadou Bonkoungou ou encore Moctar Mando, patron de Cogeb, le chef d’entreprise appelle à un rapprochement en vue d’exécuter ensemble les chantiers qui leur échappent encore. « Nous pouvons atteindre la même qualité que les multinationales », estime-t-il.
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