Fret maritime

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Alors que plusieurs régions du monde y compris l’Afrique subissent une hausse des coûts du fret international, les leaders du secteur passent à la caisse, avec des progressions de bénéfices records.

De nombreuses petites économies dans le monde, dont plusieurs en Afrique subsaharienne, sont négativement impactées par la hausse des prix du transport par voie maritime (fret maritime). « Si la flambée actuelle des taux de fret conteneurisé se poursuit, elle entraînera une augmentation significative des prix à l’importation et à la consommation », a prévenu la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans sa plus récente étude sur les transports maritimes.

Des hausses de prix à la consommation sont déjà ressenties par plusieurs pays africains. A côté des autres facteurs, les importateurs citent une « forte hausse des prix du fret maritime ». Au Cameroun, la plus importante organisation patronale a fait savoir au gouvernement que si aucune mesure n’est prise, ses entreprises membres qui dépendent des importations ne pourront plus fonctionner. Au Gabon, les autorités ont aussi soutenu cet argumentaire.

La progression des prix du fret maritime était pourtant prévisible. Pour les mêmes charges fixes, les armateurs qui accostent sur les côtes africaines ont évolué en 2020 dans un contexte où les importations ont reculé de 21%, et les exportations de 31%. Ainsi, pour des coûts d’exploitation restés identiques, les sociétés de transport recevaient moins de commandes. Aussi, le blocage de l’Ever Given sur le canal de Suez, en Egypte a fait grimper les prix, car la plupart des armateurs étaient contraints de passer par le Cap de Bonne Espérance au sud de l’Afrique.

Le commerce mondial a repris en 2021, mais les confinements imposés du fait de la covid-19 ont eu pour conséquence de provoquer des engorgements dans les ports de départ des marchandises. Face à une offre de transport devenue plus faible que la demande, les prix du fret qui étaient déjà élevés ont encore augmenté. L’analyse des performances des gros armateurs emmène toutefois à s’interroger sur l’ampleur de la hausse.

Le secteur semble finalement s’être livré à une spéculation, alors que plusieurs régions parmi les plus fragiles du monde sont en difficulté. Pour la période de 9 mois s’achevant à fin septembre 2021, le chiffre d’affaires d’AP Moeller Maersk (43,2 milliards $), la plus importante société de transport maritime cotée en bourse, a déjà dépassé celui de toute l’année 2020 (39,7 milliards $), soit une hausse de 42,3%, un record sur les cinq dernières années. Son bénéfice net de la période analysée (12 milliards $) est supérieur de 300% à celui de l’ensemble de l’année 2020.

On retrouve des performances analogues chez Hapag-Lloyd Aktiengesellschaft, la deuxième plus importante société cotée de transport maritime au monde, dont le bénéfice net à fin septembre 2021, était déjà en hausse de plus de 700%. CMA CGM qui est très active sur les ports africains après Maersk affiche un bénéfice consolidé de 12 milliards $ sur les 9 premiers mois de 2021, une hausse de 515% par rapport à celui de 2020.

De nombreux observateurs trouvent non légitime le fait que des entreprises, notamment de grands groupes multinationaux, profitent des perturbations provoquées par la pandémie. Dans son dernier rapport sur l’état de la justice fiscale dans le monde, Tax Justice Network a estimé que les grandes entreprises du domaine de la logistique comme Amazon devraient être lourdement taxées pour couvrir les besoins de la solidarité mondiale en matière de vaccins contre la covid-19. Une recommandation qui finalement pourrait aussi bien être valable pour les leaders mondiaux du transport maritime.

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