Développement des infrastructures
Infrastructures dans l’UEMOA et la CEMAC (Moody’s)
Construire les infrastructures primordiales dans les zones UEMOA et CEMAC nécessitera des capitaux longs et pas chers que les Etats ne peuvent toujours pas mobiliser. Une monnaie stable et des financements comme ceux de la Chine sont des points positifs pour y arriver.
Dans une récente analyse, l’agence américaine de notation, Moody’s, indique que le franc CFA par la stabilité qui caractérise son taux de change, et la Chine pour ses financements sont parmi des éléments essentiels qui peuvent permettre d’attirer le secteur privé sur des projets visant à développer des infrastructures au sein de la CEMAC et l’UEMOA, deux sous-régions d’Afrique, dont le français est la langue dominante.
« Les Etats membres de l’UEMOA et de la CEMAC font partie de la Zone franc, au sein de laquelle s’applique une parité fixe entre le franc CFA et l’euro. Cela les aide à réduire les vulnérabilités externes et à absorber les chocs, créés par leur forte exposition aux industries extractives, en maintenant un taux d’inflation inférieur à 3 %. La stabilité de la monnaie est également susceptible de réduire les inquiétudes des investisseurs. Dans le secteur de l’électricité, des accords d’achat d’électricité (AAE) solides, conclus dans une monnaie stable, peuvent contribuer à garantir le financement », peut-on lire dans l’analyse.
Pour ce qui est de la Chine, elle est un acteur majeur sur le terrain des infrastructures en Afrique centrale où, selon des données officielles, elle a financé 22% des projets en 2020, à égale contribution avec les institutions africaines de financement du développement, notamment la Banque africaine de développement (BAD). En Afrique de l’Ouest, cette présence chinoise est moins marquée, car les gouvernements sont les premiers financiers des projets d’infrastructures avec 33% de parts.
Ces acquis ne sont cependant pas suffisants. Aujourd’hui encore, d’un point de vue de la parité au pouvoir d’achat, aucune étude économique n’est encore parvenue à montrer que l’inflation est plus maîtrisée dans les régions CEMAC et UEMOA, et les coûts d’accès aux infrastructures y sont parfois plus élevés, notamment dans certains pays comme le Gabon, le Cameroun, la Côte d’Ivoire ou encore le Sénégal.
La contribution de la Chine est appréciée, mais elle pose deux défis. Certains observateurs critiquent des financements de projets qui poussent les pays à payer plus cher pour des infrastructures et même si les prêts chinois sont accordés à des taux bas, les conditionnalités sous-jacentes peuvent devenir complexes à gérer, comme l’a expérimenté la République du Congo, dans le cadre de son accord de prêts garantis par des productions de pétrole.
Le financement des infrastructures dans les zones UEMOA et CEMAC est primordial pour permettre à ses pays membres d’atteindre leurs objectifs d’émergence. Mais il ne peut reposer sur un secteur bancaire qui est fortement contraint par des limites. En zone CEMAC, les prêts à plus de 7ans représentaient à peine 3% de l’encours du financement bancaire à fin 2019, selon des indications de la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). En zone UEMOA, des garanties parfois deux fois supérieures au montant du prêt sont parfois exigées, rendant difficile le financement des infrastructures, qui nécessite des capitaux longs et pas chers.
Une tentative a été menée avec le développement du recours aux marchés locaux des capitaux. Les avancées sont plus notables dans la zone UEMOA, où il y a une véritable infrastructure du marché de la dette sur titres. Mais dans la zone CEMAC, le marché financier commun est encore à un stade embryonnaire, et les entités qui font office de fonds de liquidité (caisses de dépôts et de consignation, caisses de prévoyance ou de sécurité sociale) ne sont pas suffisamment structurées pour intervenir dans le secteur des infrastructures.
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