Sous le coup de plusieurs plaintes
Y aura-t-il bientôt un tortionnaire à la tête d’Interpol ? Accusé de torture et visé par plusieurs plaintes en France, l’Emirati Ahmed Nasser Al-Raisi est le favori du scrutin pour la présidence de l’organisation policière internationale. A quelques jours du Sommet de l’organisation policière internationale, les langues se délient sur ce général des Émirats Arabes Unis qui pourrait échapper à la justice française.
Cette hypothèse ne relève pas de la fiction. Le futur président de l’Organisation internationale de police criminelle, dont le siège est à Lyon, doit être désigné à l’occasion d’une assemblée générale prévue du 23 au 25 novembre à Istanbul (Turquie). Et le grand favori du scrutin est le très controversé général Ahmed Naser Al-Raisi, inspecteur général du ministère de l’intérieur des Émirats arabes unis, selon Le Monde. Ce dernier, qui mène campagne depuis des mois, a longtemps été le seul candidat en lice. La Tchèque Sarka Havrankova, déjà vice-présidente de la division européenne d’Interpol, s’est récemment déclarée.
Le prochain président d’Interpol, l’organisation de coopération policière internationale située à Lyon, pourrait bien être un général émirati accusé de complicité de torture dans son pays : Ahmed Nasser Al-Raisi a longtemps été le seul candidat déclaré à l’élection qui se tiendra lors de la prochaine assemblée générale, fin novembre. Son triomphe serait alors le fruit d’une campagne de lobbying lancée il y a cinq ans et dont le point d’orgue a été le versement d’une subvention de 50 millions d’euros à Interpol. Des ONG de défense des droits de l’homme et des parlementaires dénoncent une manœuvre qui s’apparenterait à l’achat de la présidence de cette institution.
Les Emirats, puissance montante du golfe Persique, ne cachent pas leur volonté de promouvoir et diffuser leur modèle, fait de libéralisme consumériste, d’activisme militaire et diplomatique et d’autoritarisme politique – les partis et syndicats y sont interdits –, mis en œuvre par un appareil étatique tout-puissant et sans aucun contre-pouvoir.
Visé par plusieurs plaintes pour tortures, certains hauts responsables d’Interpol trouvent la candidature du général Ahmed Naser Al-Rais indécente
Sous son magistère, les Emirats arabes unis sont impliqués dans de multiples scandales d’écoutes et de piratages informatiques. C’est ainsi qu’ils font partie des pays soupçonnés d’avoir piraté les téléphones de plusieurs personnalités dont celui de l’émir du Qatar, ennemi juré des dirigeants émiratis, et d’avoir créé un faux afin de justifier la mise sous blocus du Qatar par les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Egypte de juin 2017 à janvier 2021. Plus récemment, les Emirats ont été cités comme l’un des pays ayant eu le plus recours au logiciel Pegasus et d’en avoir fait profiter à des pays africains, permettant d’espionner et de prendre le contrôle des smartphones.
Mais il y a plus grave. Le général Ahmed Naser Al-Raisi est visé par plusieurs plaintes en France pour torture sur la base de la compétence universelle de la justice française. La première a été déposée en juin par l’avocat William Bourdon auprès du pôle spécialisé dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité du parquet de Paris pour le compte du Centre du Golfe pour les droits humains (GCHR). Une autre plainte sur les mêmes fondements juridiques a été déposée à Lyon par Me Gilles Devers pour le compte de AFD International.
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