En Afrique aussi
En Europe, douze grands clubs avaient annoncé la création d’une Super Ligue avant qu’une vague de défections lancée par Manchester City l’enterre. En Afrique, un projet similaire a été évoqué en janvier 2020 par le Président de la FIFA, Gianni Infantino : celui d’une ligue panafricaine avec 20 à 24 équipes. Une idée qui a brièvement ressurgi en mars 2021 mais dont la réalisation demeure floue.
« À la FIFA, nous ne pouvons que désapprouver fortement la création d’une Super Ligue qui est une structure fermée, qui est une rupture avec les institutions actuelles, les ligues, les associations, de l’UEFA et de la FIFA. » Le 20 avril 2021, lors du Congrès de la confédération européenne de football (UEFA), le président de la Fédération internationale (FIFA) Gianni Infantino a critiqué la création d’une ligue privée en Europe, quelques heures avant que le projet ne commence à capoter.
Un projet mûr dans l’esprit de Gianni Infantino
Le 31 janvier 2020 à Salé au Maroc, Gianni Infantino faisait pourtant l’éloge d’une Super Ligue en Afrique censée remplacer la Ligue des champions africaine (C1). Mais c’était devant des dirigeants de la Confédération africaine de football (CAF) censés être associés à cette démarche, contrairement à ce qu’il se passe sur le Vieux continent. « Ma proposition, c’est quelque chose dont d’autres parlent depuis des décennies mais ils ne l’ont jamais fait : c’est de créer une ligue panafricaine de football des clubs, avait lancé le successeur de Sepp Blatter. Une vraie ligue africaine ! Une Super Ligue, appelez-là comme vous voulez. Mais une ligue qui couvre le continent en entier, avec 20 à 24 clubs. Peut-être avec un maximum de 2 clubs pour un pays. Une compétition qui se déroule sur l’année – avec des clubs qui continuent à jouer dans leur championnat national durant la saison – pour couronner le champion d’Afrique des clubs ».
Il ajoutait : « L’idée serait d’avoir 20 clubs fixes et 4 clubs qui peuvent monter et descendre en gagnant des championnats dans les différents pays et dans les différentes zones pour garder quand même aussi un esprit et une participation de toute l’Afrique. Mais il faut que l’élite puisse être là. Si on n’a qu’une quinzaine de pays qui y sont représentés, ce sera déjà dix pays de plus qu’en Europe où il n’y a que cinq pays qui sont représentés dans l’élite. Et on aura déjà fait beaucoup mieux. »
Le Suisse avait également déjà réfléchi aux aspects financiers et marketings. « Une Super Ligue africaine pourrait générer du jour au lendemain au moins 200 millions de revenus commerciaux par an. Avec 200 millions de revenus, cela projetterait automatiquement cette ligue dans le top 10 mondial, avait-il assuré. Bien sûr, les Salah et les Mané continueront à jouer à Liverpool, au Real Madrid, à Barcelone, au Bayern, à Dortmund, etc. Parce qu’ils vont gagner beaucoup beaucoup plus. Les meilleurs vont dans les plus grands clubs. Les deuxièmes vont dans des clubs de moitié du classement des grandes ligues. Les troisièmes vont jouer dans les ligues européennes de mi-tableau. Les quatrièmes meilleurs africains vont aller en Europe de l’Ouest (sic). Les cinquièmes vont aller en Asie. Il n’y a que le sixième ou le septième meilleur africain qui reste en Afrique. On ne peut pas développer le football africain, comme cela ».
Une idée sans suite ?
En 2019 et en 2020, cette idée a été évoquée directement auprès de différents clubs d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne susceptibles d’y participer. En revanche, il ne semble pas qu’une réflexion ait été clairement ouverte à la CAF sur le sujet. Une source bien informée estime que ce point n’a ainsi pas été débattu lors des réunions du Comité exécutif de la CAF.
Le 12 mars 2021, Patrice Motsepe a été élu à la tête du foot africain. Le principe d’une Super Ligue ne figurait pas dans son programme de campagne. Pas plus que dans ceux de ses trois ex-rivaux, Augustin Senghor, Ahmed Yahya et Jacques Anouma, devenus respectivement premier vice-président de la CAF, deuxième vice-président et conseiller spécial du président.
Lors des trois conférences de presse que le Sud-Africain a animé – une avant son élection et deux après – il n’a pas abordé cette idée, lui qui est pourtant le propriétaire des Mamelodi Sundowns, un club fortement concerné par une Super Ligue. « Nous devons accroître de manière significative le sponsoring pour la Ligue des champions », avait-il tout juste glissé.
Est-ce à dire que la crise de la Covid-19 a enterré la Super Ligue africaine et/ou qu’elle n’intéresserait pas les dirigeants du ballon rond continental ?
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