Guinee Bissau
Si rien n’est fait par la communauté internationale dans les prochaines heures, il va s’en dire que le pire pourrait subvenir. Le Premier ministre Aristides Gomes sans protection depuis mars dernier, pour avoir fait de la résistance contre l’installation de Umaru Embalo sans le verdict de la Cour Suprême mais, surtout, pour avoir porté les coups les plus durs aux trafiquants de drogue, risque de disparaître de la circulation. L’Ecomib chargé de sa sécurité l’avait abandonné aux premières heures avant même la « fin officielle » de sa mission.
Aujourd’hui, le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée Bissau créé par la Résolution 1876 du Conseil de sécurité en 2009 pour promouvoir la stabilité, lieu de résidence actuel du Premier ministre Aristides Gomes, qui est en fin de mission le 11 décembre, c’est-à-dire après demain, ne pourra plus assurer la sécurité de l’homme.
Si le Premier ministre Aristides Gomes issu des accords consensuels de la CEDEAO et de la Guinée Bissau survenus après le coup d’état d’avril 2012, n’a pas encore subi les affres des geôles du nouvel homme fort de Bissau, ça n’est pas le cas pour le Ministre de l’Administration Territoriale, Odete Costa SEMEDO, agressée chez elle par les militaires et menacée d’expulsion de son logement pour sa position contre le nouveau pouvoir. Elle n’est pas la seule à subir des humiliations dans ce qui est appelé la nouvelle Guinée.
La Ministre de la Justice, Ruth MONTEIRO, est empêchée de quitter le territoire, son passeport lui est retiré pour l’empêcher de saisir la DEA américaine sur le dossier Navarra, un dossier sur le trafic transnational de drogue qui touche plusieurs sommités Bissau guinéennes et de la sous région.
Premier ministre à trois reprises, de novembre 2005 à avril 2007, d’avril 2018 à octobre 2019 et de novembre 2019 à février 2020, Aristides Gomes qui a porté les coups les plus durs aux trafiquants de drogue, est désormais l’homme à abattre.
Diplômé de Paris VIII, de Sciences Po Paris et du Centre d’Etudes Diplomatiques et Strategiques de Paris, Aristides Gomes a toujours servi des complexes à l’oligarchie militaire et politique aux affaires en Guinée Bissau. Son raffinement et sa maîtrise des rouages de l’État lui ont valu beaucoup d’inimitiés. Mais, son malheur aura été de mettre la lutte contre le trafic de drogue au cœur de sa politique. D’ailleurs, c’est pour cette raison que l’Union européenne avait accepté de financer les accords de la cedeao et du gouvernement de Guinée Bissau sur la protection des institutions et des personnalités en 2012.
Pour Carlos Ferreira, « Ces accords dont l’application exigeait la présence des troupes ont été financés et régulièrement renouvelés. Ainsi, toutes les personnalités bénéficiaient de la protection des forces de l’Ecomib pour garantir une bonne marche des administrations ». Ce qui a valu à la direction de la police judiciaire de procéder aux plus grosses saisies de drogue et la tenue pour la première fois d’un procès contre les trafiquants.
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