Procès de l’IAAF
Lamine Diack a écopé d’une peine de 4 ans et 500. 000 euros d’amende. Telle est le verdict rendu par les juges. Retour sur le procés de la corruption à l’IAAF. Les nuages ont pris une teinte très sombre au-dessus du tribunal de justice de Paris, mercredi 17 juin, à l’avant-dernier jour du procès de Lamine Diack. L’âge très avancé de l’ancien président de l’IAAF (il a fêté ses 87 ans au début du mois de juin) n’ont pas retenu les procureurs. Ils ont requis une peine de prison ferme.
Lamine Diack est prévenu : la menace de passer quelques années derrière les barreaux se rapproche à grands pas. Le procureur de la 32ème chambre correctionnelle, François-Xavier Dulin, a requis à son encontre une peine de 4 ans d’emprisonnement, assortie d’une amende de 500 000 euros.
A l’évidence, la ligne de défense adoptée par Lamine Diack, souvent confuse et dénuée de la moindre trace de regret, n’a pas convaincu. Pendant son réquisitoire, le procureur a évoqué « une infraction à la probité qui a causé un préjudice mondial. »
Tout au long de la journée, mercredi, les deux procureurs sont revenus sur les accusations de corruption active et passive, blanchiment en bande organisée et abus de confiance. Ils ont décortiqué la chronologie des faits. Ils ont énuméré la litanie de mails, courriers et virements financiers découverts pendant l’instruction.
« Lamine Diack nous a dit qu’il n’était pas un homme d’argent. Mais il nage dans l’argent », a lâché l’un des deux procureurs, François-Xavier Dulin. Selon eux, Lamine Diack est bien coupable d’avoir ralenti les procédures destinées à sanctionner les athlètes russes pris pour dopage.
Malgré ses nombreux « trous de mémoire », il ne pouvait pas ne pas être au courant des pratiques frauduleuses de son fils, Papa Massata Diack, ex conseiller marketing à l’IAAF. Le procureur a évoqué un « rapport filial mais délinquant » entre les deux hommes. Il a suggéré que le père et le fils avaient profité pendant des années de l’instance internationale de l’athlétisme pour récupérer « des sommes considérables. »
Le procès doit se terminer vendredi 19 juin par les plaidoiries de la défense. Le jugement sera ensuite mis en délibéré.
Lamine Diack ira-t-il en prison ? Probable. Mais il ne serait pas le seul. Les procureurs de la 32ème chambre correctionnelle n’ont oublié personne, parmi les six prévenus du procès.
Une peine de deux ans de prison, dont un avec sursis, plus une amende de 160 000 euros, ont été requises contre Gabriel Dollé (78 ans), l’ancien patron de l’antidopage à l’IAAF. Il est accusé de corruption passive. Selon les deux procureurs, la machinerie destinée à protéger l’athlétisme russe aurait pu être évitée s’il avait fait preuve de moins de passivité.
L’avocat Habib Cissé, l’un des trois seuls prévenus présents au procès (avec Lamine Diack et Gabriel Dollé), risque de son côté trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Il pourrait également se voir interdire d’exercer la profession d’avocat. Sans grande surprise, les procureurs se sont montrés les plus offensifs avec Papa Massata Diack, resté au Sénégal où il échappe depuis près de cinq ans à la justice française. Ils ont requis cinq ans de prison, 500 000 euros d’amende et un mandat d’arrêt.
Enfin, la prison a également été requise contre les deux prévenus russes, eux aussi absents du procès. Quatre ans ferme pour Valentin Balakhnichev, l’ancien président de la Fédération russe d’athlétisme (RusAF) et trésorier de l’IAAF. Les procureurs ont demandé la confiscation de la somme de 1,83 million d’euros découverte sur son compte bancaire monégasque.
Quant à l’ex entraîneur national, Alexeï Melnikov, il risque deux ans de prison, dont un avec sursis.
Episode peu attendu de cette avant-dernière journée du procès, mercredi, l’avocat de World Athletics, Régis Bergonzi, a réclamé aux six prévenus la somme saisissante de 41,2 millions d’euros en dommages et intérêts. « Aujourd’hui, le nom de Diack est synonyme de corruption, grâce à lui et son fils, dans tous les coins de la planète », a suggéré l’avocat. Certainement. Mais il semble très peu probable que l’instance internationale puisse obtenir gain de cause.
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