En chômage technique

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Universités, lycées et écoles fermés depuis le mois de mars, des étudiants de retour à Tambacounda ont vite fait de s’investir dans d’autres activités. Ceci pour ne pas vivre dans l’oisiveté mais également soutenir leurs parents dont certains ne peuvent plus compter sur une partie des maigres bourses que ces étudiants leur faisaient parvenir depuis Dakar, Bambey ou Ziguinchor. Ne pouvant rester les bras croisés, ces apprenants ont investi les secteurs du commerce et surtout de l’agriculture en cette période d’hivernage.

Après la fermeture des universités, ces étudiants ont dû quitter Dakar, mais aussi d’autres universités du pays, pour rallier leur ville natale. Selon eux, le coût de la vie à Dakar ne leur convenant pas, il leur fallait revenir au bercail afin de pouvoir réduire les dépenses quotidiennes. Parmi ces étudiants, si certains passent leur journée autour de la théière et à 45 degrés à l’ombre, d’autres sillonnent la ville en quête d’activités dans le but de satisfaire leurs besoins personnels et ne pas dépendre de leurs parents déjà appauvris par la crise sanitaire. La principale activité de ces étudiants, et plus généralement des jeunes de la ville, est la conduite de motos-taxis « Jakarta ».

Un travail pas facile pour eux par rapport au nombre impressionnant de motos qui circule en ville. Au centre de la capitale régionale, justement, plus précisément au niveau du lieu-dit grand-place Abdou Sissoko, se trouve un arrêt pour « Jakarta ». C’est le lieu de stationnement des motos-taxis où la bonne ambiance est toujours au rendez-vous. Masque sur le visage, assis sur sa moto, sacoche autour du torse, Thierno Seydou Sall nous explique comment il vit cette nouvelle situation, loin du campus universitaire. « J’ai dû quitter Ziguinchor depuis la fermeture des universités. C’est un peu dur, mais je suis fier de moi. J’arrive à satisfaire tous mes besoins sans solliciter mes parents. Je suis habitué à conduire des motos. Élève au lycée Mame Cheikh Mbaye (de Tambacounda, Ndlr), je conduisais déjà des motos. Et je n’aime pas rester à ne rien faire. Il est utile de se trouver une source de revenus vu qu’on est majeur maintenant » dit avec humour ce jeune étudiant en informatique.

Avec 200 francs par course, ces jeunes peuvent finir leur journée avec un revenu de 5000 francs après avoir déduit leurs charges. Notre interlocuteur pense que seule la motivation de faire de sa vie quelque chose d’ utile compte et qu’il ne veut rien attendre des autres. « On sait tous qu’il est très dur de trouver du travail dans ce pays et je crois que la situation est pire dans notre région. De ce fait, je conseille à mes camarades de tout faire pour aider nos pauvres parents », lance-t-il comme message en discutant du seuil de la pauvreté et notamment du nombre incroyable de chômeurs dans la ville.

A quelques kilomètres de la ville, El Hadj Cheikh Boy, plus connu sous le nom d’Elage, nous invite à voir son champ. Etudiant en santé et développement communautaire à l’université de Bambey, il s’est transformé en cultivateur pour l’occasion. Après avoir mobilisé plusieurs jeunes de son quartier, ce jeune étudiant se dit prêt à affronter toutes les difficultés dans l’unique but de voir son entreprise se développer. « L’idée est de mettre tous les étudiants du quartier dans le bain de l’entrepreneuriat. Nous nous sommes cotisés et, avec l’aide de certaines personnalités qui nous ont octroyé un champ de 2 hectares, on a pu planter nos graines d’arachide » explique Elage.

Selon lui, à ce niveau de pauvreté dans la région, les jeunes ne doivent rien attendre du gouvernement. « Nous sommes dans un pays où trouver du travail est un parcours sans issue surtout pour les diplômés », dit-il. Et à juste titre, il se dit motivé et engagé à mener son propre business. Un avis que partage un autre étudiant qui s’est, lui, investi dans le business.

Demba Soumaré, étudiant à la Faculté des Lettres, plus précisément au département d’histoire et de géographie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, se déploie dans le commerce. « C’est avec ma bourse que je me suis lancé. Depuis la fin de l’état d’urgence, j’envoie de l’argent à mon grand frère qui est à Dakar pour qu’il m’achète des habits à Colobane que je revends ici », fait savoir le jeune businessman qui pense que tout est une question de volonté. Une activité qui semble porter ses fruits si bien qu’il compte la poursuivre, même avec la reprise des cours prévue le 1er septembre prochain.

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