Crise malienne
Les cinq chefs d’état de l’espace CEDEAO qui ont décidé de sauver le soldat Ibrahim Boubacar Keïta dans une ultime tentative de médiation, sont rentrés bredouilles et plein d’amertume. Les présidents Macky Sall, Alassane Dramane Ouattara, Mouhamadou Issoufou, Mouhamad Buhari et Nana Akufo-Addo qui ont tenté d’arracher un compromis au mouvement de contestation du 5 juin autour de la composition d’un gouvernement d’union, n’ont pas suivis par l’Imam Dicko leader moral du M5/RFP.
« Je préfère mourir en martyr que de mourir en traître », c’est par cette phrase devenue célèbre que l’imam Mahmoud Dicko a clôturé face aux cinq quadras de la CEDEAO venus à la rescousse de leur collègue président de la République Ibrahim Boubacar Keïta.Après ces mots pleins de convictions, les chefs d’état africains étaient restés pantois face à un tel discours qui n’offrait aucune autre possibilité que de quitter rapidement Bamako où pro IBK et pro M5/RFP s’affrontaient violemment.
En prononçant ces mots face aux négociateurs autoproclamés de l’organisation sous régionale, le leader du M5/RFP réglait deux problèmes. En premier, l’imam Dicko mettait fin aux rumeurs entretenues de trahison au sein du mouvement et, démontrait à la face du monde sa détermination à rester aux côtés du peuple malien qui traverse l’une des plus sombres crises de son histoire.
Retour sur les faits-C’est à la suite de l’échec de la première mission conduite par Goodluck Jonathan l’ancien président nigérian que les cinq chefs d’Etat (Nigeria, Ghana, Côte d’Ivoire, Sénégal, Niger) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), arrivés le 23 juillet à Bamako, ont tenté de convaincre les représentants des contestataires de former un gouvernement d’union nationale pour « apaiser le climat sociopolitique au Mali ». Une recette loin de convaincre.
Echaudée par l’inertie des gouvernements d’union nationale et la « prise de partie » des chefs d’état de la CEDEAO, la rue malienne est de moins en moins encline à accepter ce genre de compromis politique. C’est pourtant la proposition de la Cedeao pour sortir de l’impasse actuelle au Mali. L’organisation régionale a même dépêché une délégation inédite comptant pas moins de cinq chefs d’Etat à Bamako pour tenter d’amadouer les représentants des manifestants et ainsi éviter tout changement anticonstitutionnel. Pour beaucoup, cette initiative apparaît comme une volonté de sauver le président Ibrahim Boubacar Keïta que de restaurer les valeurs de démocratie, de justice et de bonne gouvernance qui ont déserté le Mali et beaucoup de pays de la CEDEAO.
Repli stratégique des chefs d’état qui convoquent un sommet extraordinaire le 27 juillet prochain. Qu’attendre de ce sommet ? Le M5/RFP dit ne pas être concerné par les prochaines conclusions de la CEDEAO.
«Rien n’a bougé pour le moment, on ne nous a rien dit que je puisse comprendre», a déclaré à la presse l’influent chef religieux, après une rencontre d’une trentaine de minutes entre les dirigeants de la contestation, dont ceux du mouvement M5-RFP, et les présidents ouest-africains réunis à Bamako depuis le matin. «Si vraiment c’est à cause de cela qu’ils se sont réunis, je pense que rien n’a été fait pour le moment», a-t-il ajouté.
Pour l’imam Dicko, « la légitimité de IBK ne saurait prévaloir sur celle du peuple malien et ce , quelque soit la volonté de la CEDEAO ». Selon toujours le guide religieux, « Où étaient ces dirigeants qui cherchent des solutions quand nous prenions contact avec leurs ambassadeurs à Bamako pour attirer leur attention sur la corruption, l’injustice, la gestion clanique érigée en règle, la perte de souveraineté sur p,us de 60% du territoire national, etc… ».
« Voler aujourd’hui n’est pas une tare, se retrouver en situation de conflit d’intérêts n’est pas plus une difficulté, une prise de participation illégale dans les marchés publics n’est pas non plus un problème, parce que l’on est assuré qu’en amont on est protégé par l’auteur du décret qui vous a nommé et qu’en aval on a le contrôle de la justice », selon L’imam Dicko .
Et de préciser , l’imam Dicko rappelait ses liens personnels avec IBK qu’il avait soutenu en 2012. « Effectivement, je l’avais soutenu sur la base d’engageants moraux et j’aurais continué à être à ses côtés s’il tenait ses engagements », mais, « Dès l’instant où IBK a abandonné la morale, l’éthique et se mettre au service du peuple, il a rompu le serment qui nous liait ».
En conclusion, « Aujourd’hui, j’ai appris que les comportements de l’humain vis-à-vis de la quête de pouvoir et les comportements de cet humain une fois investi de pouvoirs sont en rupture avec la morale publique, avec la légalité, en rupture avec la régularité. On n’a absolument aucune gêne aujourd’hui à mettre la main dans la caisse du Trésor public pour puiser dedans, à créer des marchés publics pour multiplier ses gains et financer l’action politique ou l’action publique et c’est valable partout en Afrique notamment, chez ceux qui viennent nous donner des leçons », a reconnu l’imam Dicko.
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