Plan Européen de relance post coro navirus
Après quatre jours de négociations acharnées, les dirigeants des États européens réunis en sommet à Bruxelles ont finalement trouvé un accord ce mardi 21 juillet, sur le plan de relance post-coronavirus.
Les dirigeants des 27 pays de l’UE ont trouvé un accord ce mardi 21 juillet, au petit matin, sur un plan de relance post-coronavirus historique, au cinquième jour d’un sommet marathon à Bruxelles, a annoncé le président du Conseil européen Charles Michel sur Twitter. « Deal ! », a tweeté le Belge. « Jour historique pour l’Europe », s’est exclamé le président français Emmanuel Macron sur Twitter, quelques secondes après l’annonce de l’accord.
Initialement prévue à 16h, la séance réunissant l’ensemble des dirigeants des États membres a été maintes fois repoussée pour prendre en compte les exigences de chacun. Elle a finalement commencé un peu avant 21h30 locales.
Objet d’une bataille acharnée entre les pays « frugaux » et le couple franco-allemand, ce plan de 750 milliards d’euros crée pour la première fois une dette commune, et s’adosse à un budget pluriannuel de l’UE (2021-2027) de 1 074 milliards d’euros, soit 154 milliards d’euros par an.
« Nous avons un accord. Et un bon accord ! Avec un budget 2021-2027 de 1 074 milliards et un plan de relance de 750 milliards, jamais l’Union européenne n’avait décidé d’investir de manière aussi ambitieuse dans l’avenir », a expliqué la Première ministre belge, Sophie Wilmes. Pour Charles Michel, cet accord est la preuve que « la magie de l’Europe fonctionne ».
« Le plan de relance fondé sur cette solidarité européenne, c’est un changement historique de notre Europe et de notre zone euro. C’est la première fois que nous mettons en place cette capacité budgétaire commune, à ce niveau-là », a salué Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse en visioconférence aux côtés de la chancelière allemande, Angela Merkel.
Emmanuel Macron a également précisé qu’il n’avait « aucun esprit chagrin à propos de cet accord », alors que la France a dû faire des concessions, notamment sur le montant des subventions. « Nous avons parcouru un chemin important et l’Europe a montré qu’elle sait emprunter des voies nouvelles dans une situation exceptionnelle », a déclaré Angela Merkel.
Pour le chercheur en études européennes à l’Université du Luxembourg, Frédéric Allemand, on a véritablement quelque chose d’innovant et de tout à fait inédit dans l’histoire de la construction européenne: « Jamais, à ce jour, l’Union européenne n’avait eu une telle capacité, en dehors de ses capacités budgétaires annuelles. »
Un plan de relance revu à la baisse
Pour parvenir à un compromis, le président du Conseil européen Charles Michel, qui joue un rôle de médiateur dans ce sommet, a soumis aux dirigeants de l’UE une proposition révisée du plan de relance, moins ambitieuse que la proposition initiale néanmoins. Cette proposition « est le fruit d’un travail collectif extrêmement intense », avait affirmé l’ex-Premier ministre belge.
Selon un document obtenu par l’AFP, elle revoit à la baisse la part de subventions dans le plan de relance : 390 milliards, contre 500 milliards prévus au départ, pour une capacité d’emprunt de 750 milliards d’euros. Ce sera la dette commune à rembourser par les 27. Trois cent soixante milliards d’euros seront par ailleurs disponibles pour des prêts, remboursables par le pays demandeur.
La réduction du volume des dons est un geste en direction des pays « frugaux » – Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche – rejoints par la Finlande. Ceux-ci réclamaient que l’argent soit donné sous forme de prêts et non de subventions non remboursables. À plusieurs reprises, ils ont menacé de faire capoter ce plan massif de soutien à l’économie, qui profiterait avant tout aux pays du Sud comme l’Italie et l’Espagne, les plus touchés par l’épidémie.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le plus difficile à convaincre, avait reconnu que des progrès avaient été faits en sa direction.
L’Italie, où le Covid-19 a déjà fait plus de 35 000 morts, sera en effet le plus grand bénéficiaire du fonds européen de relance économique. De Bruxelles, Giuseppe Conte s’est adressé ce mardi matin aux Italiens pour leur faire part de sa satisfaction, rapporte notre correspondante à Rome, Anne Le Nir.
« Nous sommes satisfaits, s’est réjoui le président du Conseil italien. Nous avons adopté un plan relance ambitieux, adapté à toutes les exigences auxquelles nous devons faire face et qui nous permettra d’affronter cette crise avec force et avec efficacité. C’est un moment historique pour l’Europe. Un moment historique pour l’Italie. Notre requête, la conviction dont nous avons fait preuve au cours des ces derniers mois, l’ambition et la détermination avec lesquelles nous avons poursuivi nos objectifs, ont été récompensées. »
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