France
La France poursuit le processus de restitution des oeuvres d’art à l’Afrique. Emmanuel Macron en avait fait une promesse, à Ouagadougou en 2017. Le président avait alors souhaité que d’ici cinq ans, les conditions soient réunis pour des restitutions temporaires ou définitives des oeuvres pillés à l’Afrique par l’ancienne puissance coloniale.
Le gouvernement français a présenté ce mercredi matin en Conseil des ministres un projet de loi prévoyant la restitution d’œuvres au Sénégal et au Bénin.
Jusqu’à présent, la loi n’autorisait pas ces restitutions, car les œuvres des collections publiques sont considérées comme inaliénables et imprescriptibles. Il fallait donc faire évoluer le cadre juridique. À une loi générale pour l’ensemble des demandes, le gouvernement a donc préféré une loi spécifique pour ces deux restitutions.
La première concerne le Sénégal et le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall, remis en novembre dernier par l’ancien Premier ministre français Édouard Philippe au président Macky Sall. Ce texte va acter le transfert de propriété de ce sabre, alors qu’à l’époque, il avait été restitué sous forme de prêt. Cette loi va également permettre la restitution au Bénin de 26 œuvres dérobées au roi Béhanzin durant la conquête coloniale.
Pour l’instant, d’autres restitutions à des pays africains ne semblent pas à l’ordre du jour. Il faut dire que cet engagement, pris en 2017 par Emmanuel Macron, de restituer des œuvres d’art à l’Afrique a provoqué de nombreuses résistances en France, au sein de l’administration et des musées concernés. À tel point qu’aujourd’hui, du côté des autorités françaises, le discours semble avoir un peu évolué. On parle désormais moins de restitutions que de circulation des œuvres, ce qui n’est pas la même chose.
Reste donc maintenant à faire adopter ce texte par le Parlement, peut-être d’ici la fin de l’année, puis ensuite à restituer les 26 œuvres à Cotonou. Mais ce ne sera pas avant 2021, car le musée d’Abomey qui doit les accueillir est encore en cours de construction.
« Cette étape pour moi elle est historique à plusieurs titres, a réagi Marie-Cécile Zinsou, historienne de l’art et présidente de la Fondation Zinsou. Sur la question du temps qui s’est écoulé entre la demande du Bénin en 2016 et le projet de loi qui a été présenté mercredi, il faut se rappeler que le temps des lois n’est pas le même que le temps des médias et des réseaux sociaux. »
Dans ce dossier, l’Élysée a donc une priorité : mener à son terme le processus béninois, parce que c’est celui sur lequel le président français s’est directement engagé. Et c’est aussi, précisait-on récemment au sein du palais présidentiel, « le processus le plus emblématique de ce qu’on veut faire, c’est-à-dire pas seulement restituer des objets mais aussi en faire le support d’un partenariat culturel renouvelé ».
Average Rating