Madagascar
Le président Andry Rajoelina trinque avec son épouse, bouteille de décoction «Covid-Organics» à la main. Il s’agit de l’un des deux remèdes qu’il a présentés lundi 20 avril, qui guérissent, dit-il, du virus.
Le président de la République a présenté le 20 avril en grandes pompes le remède contre le coronavirus. Une décoction et une tisane bio à base d’artemisia et d’autres plantes malgaches tenues secrètes, développées par l’Institut malgache de recherches appliquées (IMRA). Ces médicaments seront distribués gratuitement aux personnes les plus vulnérables et mis en vente dès ce mercredi dans les pharmacies et supermarchés. Le président a décrété obligatoire la prise de ce médicament pour les étudiants de 3e et de terminale qui retournent à l’école dès mercredi.
Déclaration du président Malgache
« Mesdames et Messieurs, c’est avec une grande fierté que nous annonçons que les travaux de recherche de l’IMRA ont abouti. »
Devant un parterre d’invités – ministres, diplomates et scientifiques –, le président malgache présente alors les deux remèdes traditionnels améliorés. Pour des raisons de protection de la propriété intellectuelle, les ingrédients des deux médicaments restent confidentiels. Seule l’artemisia, plante d’origine chinoise introduite en 1995 à Madagascar est révélée.
« Si on regarde le profil chimique de l’artemisia, on voit bien qu’il y a des molécules connues qui stimulent le système immunitaire, explique Charles Andrianjara, chercheur dans le design moléculaire et directeur général de l’IMRA. Donc dans un premier temps, on va dire que c’est pour la prévention. »
Le chef de l’État, lui, va plus loin, et parle de remède curatif contre le Covid-19. « Aujourd’hui, il y a déjà deux cas qui ont été guéris grâce au Tambavy CVO [la tisane]. Ce que nous voulons faire, aujourd’hui, c’est de vulgariser le Tambavy CVO pour protéger notre population. Après, on a déjà eu beaucoup de demandes de partout dans le monde, au Canada, aux États-Unis, en Europe, afin qu’on puisse leur procurer nos produits. »
La population malgache « cobaye » ?
Problème : impossible de connaître le nombre de personnes sur lequel ce traitement, conçu en quelques jours, a été testé. Tout comme les ingrédients du médicament, ce chiffre n’a pas été dévoilé. Pour rassurer les plus sceptiques, l’IMRA a confirmé que des « études cliniques plus approfondies étaient en cours ». Ça ne peut pas faire de mal
La communauté scientifique qui promeut l’artemisia soutient que « le président a mis la charrette avant les zébus ». Toutefois, « efficace ou non contre le coronavirus, le remède, quoi qu’il en soit, ne peut pas faire de mal », surtout chez une population exposée à des maladies comme le paludisme ou la bilharziose. « Ça fait seize ans que l’OMS nous met des bâtons dans les roues pour que nos études sur l’artemisia soient enterrées. Oui, l’OMS est à la solde des laboratoires internationaux. Mais l’avantage, c’est que ces grands laboratoires aujourd’hui n’ont pas d’emprise sur Madagascar. »
Pour clôturer la cérémonie, le président et son épouse ont trinqué, bouteille de décoction à la main, avant d’engloutir quelques rasades de « Covid-Organics », « pour convaincre les réticents », pouvait-on lire dans le communiqué de presse.
Pour le chef de l’État, le déconfinement progressif du pays enclenché ce lundi, c’est à ces médicaments qu’on les doit. Le président assure que le remède sera fabriqué en quantité suffisante pour que les 27 millions de Malgaches puissent tous y avoir accès.
Pour l’instant, deux industries locales de la capitale produisent les remèdes avec les matières premières fournies et achetées par l’État. La décoction en bouteille est aujourd’hui fabriquée par la société Vidzar (les rhums Dzama, notamment). Quant à la tisane, c’est la société TAF (café, thé, épices et condiments, notamment) qui réalise la préparation et la mise en sachets.
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